Le ministère de l'Intérieur a été de nouveau désavoué par ses services. Les deux décès à l'origine des émeutes de novembre 2005 qui ont embrasé toute la France n'ont pas eu lieu comme l'ont relaté les services de la police. Il y a bien eu une course poursuite. Un rapport de l'Inspection générale des services (IGS, la police des polices) met en cause le comportement de policiers dans l'enquête sur la mort par électrocution de deux adolescents en 2005 à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à l'origine des émeutes de banlieues. Trois adolescents, Zyed Benna, Bouna Traoré et Muhittin Altun, s'étaient réfugiés dans le transformateur après avoir été, selon certains récits, poursuivis par des policiers, ce que contestaient ces derniers. Les deux premiers adolescents sont morts. Le troisième a été grièvement blessé. Le rapport de l'IGS, remis au juge de Bobigny, Olivier Géron, conclut qu'il y a eu une poursuite, ses auteurs estiment que les policiers ont fait preuve d'une « légèreté et d'une distraction surprenantes ». Pour maître Jean-Pierre Mignard, avocat des familles des victimes, « les policiers savaient que les adolescents avaient pénétré dans le site EDF et leur seule attitude a été l'indifférence ». Pour l'IGS, « l'étude de la chronologie des faits met en évidence le fait que si EDF (Electricité de France, ndlr) avait été avisée au moment où le gardien G. constatait que les deux jeunes étaient susceptibles d'entrer dans la centrale, les agents EDF seraient intervenus un quart d'heure avant que ne se produise l'accident ». Une enquête pour non-assistance à personne en danger a été ouverte depuis le 3 novembre 2005. Le cinq policiers intervenus bénéficient depuis le 13 novembre du statut de « témoin assisté ». Ils ne sont donc ni mis en examen ni suspendus de leurs fonctions, le juge ayant estimé que les éléments constitutifs du délit n'étaient pas réunis. Ce que conteste l'avocat des familles des victimes, qui estime que le statut de témoin assisté accordé aux policiers est une « mise en examen habillée en dimanche ».