Cet événement est perpétué depuis des lustres notamment par la confrérie «Taybia». Un événement qui reste incontournable pour les touristes nationaux ou étrangers. Chaque Maoussem, il draine des milliers de personnes parmi les adeptes et les fidèles de ce saint patron ainsi que des visiteurs et des touristes. En fait, cette consécration commence dix jours avant le Mawlid chez les Ksouris de cette communauté et cela à la gloire de leurs saints patrons. Puis, pour se terminer en apothéose le 7e jour au sanctuaire de ce marabout par la convergence des files de représentants de chacune des tribus de la confrérie munis de leurs fanions respectifs. Cette confrontation des emblèmes s'effectue au niveau de la «Hofra», une petite dépression formée par des dunes au niveau de la zaouïa. Ainsi, le cérémonial se clôture quelques minutes qui précèdent la prière du Maghreb (coucher du soleil), avec la récitation en chœur de la «Fatiha». Cette année, l'événement du Sboû se tiendra au niveau de Massine dans la soirée du 6 décembre avec une veillée animée par les vertueuses troupes du célèbre chant Ahellil et le 7 décembre après-midi dans la zaouïa de Sidi El Hadj Belkacem. On notera que durant toute la semaine du Mawlid, la municipalité de Timimoun et l'Office du tourisme organisent des manifestations culturelles, sportives et économiques. Toutefois on rappellera que dans le passé, cet événement a longtemps été célébré dans l'anonymat total entre les autochtones et les membres de la confrérie concernés. Et puis, c'est au milieu des années 1960, après la fin de la guerre de Libération, que les premiers touristes étrangers ont commencé à affluer chez nous avec l'envie de découvrir le Sud algérien et son Sahara. A ce moment, le secteur du tourisme prenait son envol. Les premiers pionniers étrangers qui ont foulé le sol algérien étaient surtout des Allemands, des Scandinaves, des Néerlandais et des Espagnols. Ils venaient en groupes sous forme d'expédition terrestre en caravaning ou en safari en provenance de l'Europe via le détroit de Gibraltar et le Maroc. Ils traversaient la frontière algéro-marocaine par Figuig et Béni Ounif (Béchar) à destination de Tamanrasset pour la majorité et pour d'autres de l'Afrique de l'Ouest par le Mali ou la Mauritanie. Ahellil Dans leur parcours, ils longeaient la superbe vallée de la Saoura au milieu de ses belles oasis Taghit, Beni Abbès, El Ouata, Timoudi, Talmine… jusqu'à Timimoun. Cependant, ceux qui ont eu l'occasion d'assister aux festivités du Sboû du Mawlid ont été attirés par le cachet exceptionnel de cette consécration ainsi que par la prestation des troupes folkloriques, envoûtés et ensorcelés qu'ils étaient par la variété des couleurs et des lumières de la localité et de la région et la diffusion des sons, chants, danses et surtout le chant de l'Ahellil. Alors, ils étaient devenus les premiers ambassadeurs de cette magnifique et traditionnelle culture arabo-zénète en exportant des photos parlantes et des enregistrements vivants vers l'Europe. Cependant, le Sboû a fini par être classé, en 2011, par l'Unesco, patrimoine immatériel universel. Toutefois, nombreux sont les Algériens qui témoignent que nulle part ailleurs, s'agissant de notre pays, cet événement n'est célébré avec autant de foi et de ferveur et dans une ambiance grandiose que dans le Touat-Gourara-Tidikelt, ces trois régions géographiques de la wilaya d'Adrar. En effet, les autochtones ont su conserver et protéger jalousement au fil des années leurs traditions. Pour eux, le Mawlid ennabawi est plus qu'un anniversaire de la naissance du Prophète (QSSSL). En cette occasion, ils exhibent ostentatoirement leur amour et leur attachement au Prophète et aux valeurs de l'islam. Cette consécration sur le terrain est scindée en deux volets, l'un spirituel et religieux célébré en général à l'intérieur des lieux du culte, et le second socioculturel et artistique dans les espaces publics ou à l'intérieur des édifices culturels ou sportifs. Malheureusement, la majorité des gens n'ont connaissance que du Sboû à Timimoun dans le Gourara. Alors que dans la région du Touat et du Tidikelt, cet événement reste aussi majeur qu'important. Il est aussi sacralisé et célébré simultanément avec aussi des cérémonials mystiques pas très différents mais autant spectaculaires. Dans le Touat, la commémoration se perpétue chaque année, mais vingt jours avant le 12e jour du Rabïe El Aouel, la date de la naissance du Prophète Mohamed (QSSSL), pour se terminer également après le 7e jour, soit le Sboû. Cette consécration dure alors environ 40 jours. 294 ksour Au cours de cet intervalle de temps, toute la vallée du Touat est en fête de Tsabit au nord d'Adrar jusqu'à Aoulef au sud-est en passant par Ouled Ahmed, Ouled Brahim, Tamentit, Fenoughil, Tamest, Zaoueit Kounta, Inzegmir, Sali et enfin Reggane. Dans chacune de ces localités, les habitants s'organisent pour manifester à leur manière leur joie en cette occasion. Mais on remarquera que les autochtones de cette partie de la wilaya disposent d'un degré d'hospitalité, d'amabilité et de convivialité qui n'existent nulle part ailleurs particulièrement lors des fêtes religieuses, Ramadhan… et aux périodes des Ziarate. La solidarité intercommunautaire entre les 294 ksour de la région prend un nouveau souffle en ces circonstances où ni démunis, ni veuves, ni orphelins ne sont oubliés. Les portes des maisons restent ouvertes à tous ceux qui désirent partager un repas. Durant ces jours, l'hébergement est assuré. tout le monde est convié : passants, visiteurs, touristes sans exception… le couscous, les plats traditionnels tels que khoubz el Golla, ou la bechna (lentille locale)…, dattes, lait, thé sont les menus du jour. Tous les ksour font leur toilette, les sites religieux, les mosquées, les mausolées, les zaouïas et leurs alentours sont pavoisés et éclairés par des guirlandes électriques. La joie et la gaieté planent dans toutes les maisons dont la majorité est en pisé. En ce mois exceptionnellement, les autochtones oublient complètement leurs problèmes et tracasseries de l'année pour se fondre dans l'ambiance culturelle et religieuse avec la pensée unique, celle de la glorification du Prophète (QSSSL).
Mosquée Cependant, pour ne commenter que la manifestation du jour du Mawlid ennabaoui au niveau du ksar d'Ouled Brahim et celle du 7e jour à Zaouiet Kounta : là aussi convergent des milliers de personnes venues des quatre points cardinaux du pays et même du Sahel pour partager l'événement. La foule est très nombreuse et très dense on s'y perdrait n'étaient les repères des minarets des mosquées. Des dizaines et des dizaines de troupes folkloriques affluent sur les principales places pour exhiber leur talent au public. L'enthousiasme est très grand, alimenté par l'esprit de compétition entre les différents participants des troupes du baroud, du karkabou, sara, tbal, zemmar et la fantasia. En marge de ces manifestations, les APC initient des quinzaines économiques et commerciales. Cependant, la veille du Mawlid, un nombre très important de personnes parmi les fidèles, les personnalités, les anonymes et surtout les jeunes et les enfants rejoignent les mosquées ou les zaouïas pour prendre part à la grande veillée, celle-ci s'étale jusqu'à l'aube, soit après la prière du Fedjr. Le programme de la soirée est meublé par des prières surérogatoires, la lecture du Saint Coran, des chants panégyriques comme la Borda et El Hamazia à la gloire du Prophète, des hadiths, madaïh, poésie, etc. Dès l'aube, à l'heure de la naissance du Prophète (QSSSL), c'est au tour des fusils et la détonation. Le baroud prend le relais. Tout le monde est habillé en kamis et turbans blancs. Femmes et enfants, tous participent à la fête, personne ne reste à la maison, et ce, pour s'adonner au rituel échange de vœux du Mawlid. Par ailleurs, en réponse à certains salafistes qui estiment que la célébration du Mawlid est une bidaâ, donc un péché, un vieux cheikh de la zaouïa de Sidi Cheikh Mohamed Belekbir, nous a dit : «C'est par cette célébration du Mawlid que l'on se rapproche à Dieu le Miséricordieux. Le Mawlid ennabaoui a autant de valeur dans notre medheb (dogme) El Maliki que les deux autres fêtes musulmanes, celles de l'Aïd El Fitr et d'El Adha, car il ne faut pas oublier que le Bon Dieu a toujours associé son Nom et à celui de son Prophète. Comme dans la Chahada (La Ilah Illa Allah, Mohamed Rassoul Allah)… Alors, ce n'est pas demain que l'on cessera de Le glorifier à travers le Mawlid ennabi écharif.» n