Propos recueillis Nadir Iddir Des boulangers ont décidé d'augmenter le prix de la baguette de pain à 15 DA, soit plus de 50% de son prix subventionné. Comment cette décision a-t-elle été prise ? L'Association nationale des commerçants algériens (ANCA) est-elle partie prenante de ce mouvement ? La décision d'augmenter le prix de la baguette a été suivie dans seulement cinq wilayas (Oran, Béchar, Tipasa, Tizi Ouzou et Béjaïa). L'action est intervenue suite à deux réunions : une des boulangers affiliés à notre association, l'ANCA, et une autre de l'UGCAA. Si ces cinq wilayas ont suivi le mot d'ordre décidé localement, toutes les autres wilayas nous ont affirmé attendre une décision globale. Nous, à l'ANCA, nous comprenons parfaitement la colère des boulangers, mais nous leur avons dit que cette décision est illégale, puisque le produit vendu est subventionné et son prix est fixé par l'Etat et n'obéit donc pas à la règle de l'offre et de la demande. La situation de la profession n'est guère facile, puisque la farine subventionnée, distribuée par les minoteries, est vendue plus chère que le prix fixé par la réglementation : le prix de cession de la farine est de 2300 DA/quintal, alors que le décret (96-132) le fixe à 2000 DA. Il y a lieu aussi de préciser que les boulangers supportent d'importantes charges liés à la main-d'œuvre, à l'énergie, aux intrants... L'Etat doit intervenir et prendre en charge les revendications de cette profession. Justement, votre association, qui accueille un club des artisans boulangers, a proposé à l'Etat de mettre en place une commission regroupant plusieurs intervenants pour revoir à la hausse le prix officiel de la baguette, inchangé depuis 1996… Lors de cette rencontre, nous avons demandé effectivement au gouvernement de mettre en place une commission comprenant des représentants des ministères du Commerce, des Finances et de l'Energie, des représentants de notre association ANCA et de la section boulangers ainsi que des experts. L'objectif de la commission sera de déterminer le coût réel de la baguette de pain. Nous nous soumettrons à toute décision de revoir à la baisse ou d'augmenter les prix. A défaut, l'ANCA propose au gouvernement de maintenir le prix actuel, tout en apportant une batterie d'aides à travers des exonérations fiscales, des facilités pour l'achat des équipements (fours ou autres) et un allégement des différentes charges (énergie, eau, etc.). Les gens doivent savoir que l'Etat ne subventionne que la farine, mais pour faire fonctionner une boulangerie, les coûts de la production sont importants. Les prix des équipements, des intrants, de l'énergie sont toujours plus chers, etc.
Les pouvoirs publics ont-ils répondu favorablement à votre demande ? Il y a une semaine, nous avons adressé une correspondance, dans laquelle nous demandons une audience au ministre du Commerce. Nous n'avons pas eu de réponse à ce jour, ceci est peut-être lié aux élections. Nous ne désespérons pas. Nous appelons les autorités au dialogue. Nous demandons aux boulangers d'attendre les résultats de ce dialogue qui doit être engagé avec les différentes parties. Nous voulons préserver la marge bénéficiaire des boulangers sans toucher au pouvoir d'achat du consommateur.