Les boulangers réclament une revalorisation du prix de la baguette de pain. Suite à l'augmentation des charges et des coûts de revient de leurs produits, ils se retrouvent déficitaires. Les professionnels de la wilaya d'Annaba ont tenu une grève de deux jours pour tirer la sonnette d'alarme sur leur situation. Les boulangers d'autres régions du pays posent la même problématique et risquent de se joindre à la protestation. Pour éviter l'augmentation du prix du pain, ils revendiquent, à travers leurs syndicats, l'augmentation de 20% de leur marge bénéficiaire, jugée «obsolète» actuellement, vu l'augmentation des tarifs d'électricité et des ingrédients entrant dans la panification. La revendication de l'augmentation du prix du pain constitue une des revendications principales des représentants des boulangers depuis quelques années. Si son prix est fixé par décret à 7,50 DA depuis 1996 et la baguette vendue à 10 Da, le prix de revient est, lui, entre 14 et 15 Da, selon les boulangers qui sont montés au créneau à maintes reprises pour revoir à la hausse ce tarif. Pour le représentant du syndicat des boulangers, Youcef Kalafat, il est urgent d'agir afin d'éviter la faillite aux 21 000 boulangers du pays. Plusieurs augmentations ont touché selon lui les tarifs d'électricité et les ingrédients de production du pain (levure, améliorant..). De son côté, le représentant de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens (Ancaa), Hadj Tahar Boulanouar, appelle à la révision de la politique des subventions, car la farine subventionnée pour la fabrication du pain sert aussi à la production de la viennoiserie, de gâteaux et d'autres pâtes alimentaires industrielles au détriment du Trésor public. A ce propos, il dira que plus de 30% des produits subventionnés sont détournés, notamment la farine et la poudre de lait qui sont vendus aux industriels. Devant cette situation, notre interlocuteur met l'accent sur la nécessité pour le gouvernement de changer sa politique de subvention. Il préconise l'octroi d'aides financières aux familles nécessiteuses. «Il est impératif de cibler les bénéficiaires pour éviter le gaspillage du pain et la vente à l'informel», a-t-il insisté. Ceci au moment où, selon M. Boulenouar, président de l'Anca, 4000 boulangers ont mis la clef sous le paillasson ou ont changé d'activité. «Le ministère du Commerce est aujourd'hui interpellé pour décider du sort des 14 000 boulangeries fonctionnant avec registre du commerce et 6 000 autres gérées par des artisans», souligne le représentant de l'Ancaa. Le ministère du Commerce avait promis de nouvelles mesures pour améliorer les marges bénéficiaires des boulangers sans avoir à augmenter le prix de l'unité, mais aucune mesure concrète n'a été proposée. La Fédération nationale des boulangers avait proposé une série de mesures pour améliorer leurs marges bénéficiaires. Le syndicat a évoqué, entre autres, l'emploi de la farine panifiable utilisable uniquement pour la fabrication du pain et éviter le détournement de la subvention. A ce jour, ces revendications sont restées sans suite. Les boulangers espèrent que cette question sera définitivement réglée après la venue d'un nouveau ministre à la tête du ministère du commerce suite au décès de Bakhti Belaib.