L'union sacrée des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, bat de l'aile depuis les tractations en vue de composer des majorités chargées de la gestion des Assemblées populaires de wilaya. Remise sur les rails par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, la fameuse Alliance présidentielle subit déjà de graves fissures. Son caractère factice se révèle au grand jour, au lendemain des élections locales du 23 novembre dernier. Loin des projecteurs de la télévision, les deux partis au pouvoir, le RND et le FLN, affichent plus leurs désaccords que leur union. Ce constat se confirme depuis le début des tractations en vue de constituer des majorités chargées de la gestion des Assemblées populaires de wilaya. Et c'est le RND d'Ahmed Ouyahia qui accuse le FLN de Djamel Ould Abbès d'avoir poignardé dans le dos «l'alliance sacrée». Contrarié par le choix de l'ex-parti unique, le RND s'est payé des placards publicitaires dans des journaux pour dénoncer «cette trahison». Avec, certainement, l'accord de la direction du parti, le bureau du RND dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj dénonce l'existence d'un deal entre le patron du FLN, Djamel Ould Abbès, et le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, portant sur la constitution d'alliances dans plusieurs APW au niveau national. «Nous avons appris, avec surprise, le déplacement dans notre wilaya de membres du bureau politique du FLN, en l'occurrence Ahmed Boumehdi et Djamel Madhi, qui ont annoncé à la base de leur parti que le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, et le président du Front El Moustakbal ont décidé de sceller des alliances dans plusieurs wilayas, dont Bordj Bou Arréridj», dénonce le bureau du RND, qualifiant cette alliance d'«irraisonnable». Selon les auteurs de ce communiqué, le RND «avait pourtant décidé, dès le début, de ne contracter des alliances qu'avec le FLN». «Mais ce dernier a choisi ce parti, dont le président a tenu des propos blessants pour le chef de l'Etat et attentatoires aux symboles du pays et à la souveraineté nationale. Nous dégageons toute responsabilité des conséquences de cette alliance irraisonnable, car il s'agit d'une entente basée sur des intérêts étroits», ajoute-t-on dans le même document. Contacté par nos soins, le chargé de communication du FLN, Sadek Bouguetaya, ne nie pas le déplacement des membres du bureau politique du parti à Bordj Bou Arréridj. «Nous avons eu des informations que notre groupe sur place n'était pas homogène et nous avons envoyé les deux membres du BP pour leur transmettre des instructions. Mais il n'y a aucune décision du secrétaire général concernant les alliances au niveau local. Le choix est laissé à nos militants, qui décident de constituer des majorités en fonction de leurs relations avec ceux des autres partis», dit-il. Pour sa part, le chargé de communication du Front El Moustakbal, M. Raouf, nie aussi l'existence d'accord avec le FLN. «Il n'y a aucun deal entre nous et le FLN. Les alliances sont décidées par les élus au niveau local. Par exemple, dans la wilaya de Chlef, nous avons fait alliance avec le RND», explique-t-il. L'Alliance présidentielle voulue par Ahmed Ouyahia est-elle sacrifiée ? Visiblement, c'est le cas. Au niveau local, le divorce entre le FLN et le RND est consommé. Ayant en ligne de mire les prochaines élections de renouvellement des membres du Conseil de la nation, ces deux formations cherchent des relations en dehors de la majorité gouvernementale, comme c'est le cas à Bouira où le RND a choisi de s'allier avec le FFS et TAJ pour évincer le FLN qui a obtenu la majorité des sièges lors du dernier scrutin.