Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a saisi l'opportunité de la visite, aujourd'hui en Algérie, du président Emmanuel Macron pour adresser quelques messages à la France, pays accusé par le Front Polisario de bloquer la marche du peuple sahraoui vers la liberté. Lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger et destinée à faire le point sur la participation de son gouvernement au Sommet Afrique-Europe d'Abidjan, le chef de la diplomatie sahraouie a une nouvelle fois dénoncé avec véhémence le soutien de la France à l'entreprise coloniale du Maroc au Sahara occidental. Mohamed Salem Ould Salek a soutenu que «le Maroc n'aurait pas pu se permettre de fouler aux pieds la légalité internationale et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU relatives au conflit du Sahara occidental sans la complicité active de la France». Pour lui, «le discours de la France sur la paix et sa volonté de participer à la stabilité du Maghreb n'ont pas de sens dans la mesure où en appuyant la colonisation du Sahara occidental, l'Etat français participe de facto à une déstabilisation de la région». «Et l'attitude hostile de la France à l'égard du peuple sahraoui n'a malheureusement à ce jour pas changé», a indiqué Mohamed Salem Ould Salek, tout en disant espérer néanmoins que le successeur de François Hollande à l'Elysée fera opérer à son pays un changement de cap concernant le dossier du Sahara occidental. La direction du Front Polisario, a fait savoir en outre Mohamed Salem Ould Salek, considère que par le fait qu'il appartienne à une génération éprise de liberté et respectueuse des valeurs républicaines, Emmanuel Macron est le premier président français à être réellement qualifié pour mettre fin à la tragédie que vit le peuple sahraoui depuis 32 ans. Pour le ministre sahraoui des Affaires étrangères, la question du Sahara occidental sera même un véritable test qui permettra de juger le degré de sincérité du discours novateur tenu par le nouveau président français sur la colonisation, la paix et les relations entre la France et l'Afrique. Selon lui, Emmanuel Macron a le pouvoir et l'occasion historique de contribuer à mettre fin à l'agression du Maroc contre les Sahraouis, un peuple qui n'a jamais constitué une menace pour la France et les Français. S'agissant du 5e Sommet Union africaine – Union européenne, qui s'est déroulé les 29 et 30 novembre dernier dans la capitale ivoirienne, Mohamed Salem Ould Salek a qualifié de «victoire de la cause sahraouie» la participation de la RASD à l'événement. Selon lui, ce sommet, auquel ont pris part tous les Etats africains membres de l'UA, a démontré que «l'Etat sahraoui est une réalité irréversible». «La France et le Maroc ont eu tout le loisir de constater, lors de ce rendez-vous, que l'on ne pouvait pas ignorer la RASD, membre fondateur de l'Union africaine», a martelé le ministre sahraoui des Affaires étrangères. M. Ould Salek a rappelé, à ce propos, que la RASD a pris part à ce rendez-vous malgré les fortes pressions de lobbies qui ont tout tenté pour obliger la Côte d'Ivoire à ne pas inviter la RASD. «La participation de la RASD au 5e Sommet UA-UE confirme l'échec cuisant des plans et manœuvres incessants du Maroc visant à porter atteinte à la qualité de membre et aux droits d'un Etat africain, membre de l'UA, une attitude rejetée en bloc et à l'unanimité par les pays africains qui ont exprimé leur attachement à l'unité et à la cohésion de l'UA», a-t-il précisé, ajoutant que «Rabat ne pourra changer l'UA ni de l'intérieur ni de l'extérieur».