Le président français estime que «la modernisation du cadre des affaires en Algérie encouragera les investissements français et étrangers dans le pays». Au bout de quelques heures de discussions avec les responsables algériens et des acteurs de la société civile, le président français, Emmanuel Macron, a voulu rester fidèle à l'image d'un Président «nouveau» qui veut insuffler un regard «nouveau» sur les relations algéro-françaises. Apparemment touché par l'accueil qui lui a été réservé par les autorités algériennes, le président Macron, qui s'est montré extrêmement détendu face à des journalistes algériens et étrangers devant lesquels il s'est exprimé en début de soirée à l'hôtel El Aurassi d'Alger, a planté le décor. «Je suis venu en ami», a-t-il tenu à préciser d'emblée avant d'entrer dans le vif du sujet. Sur toutes les questions qui peuvent constituer des obstacles, le chef de l'Etat français a préféré «nommer» les choses. La preuve en est qu'à la visite «personnelle» effectuée au Maroc, il a mené une visite «plus officielle» en Algérie. Plus concret, il a annoncé que les crânes des résistants algériens, retenus dans le Musée de l'Homme à Paris, vont être «restitués» à l'Algérie. Il veut en faire un signe de bonne volonté de «dépassionner» cette question de la mémoire. Pour cela, il annonce également la création d'un groupe de spécialistes et d'historiens qui vont travailler sur les questions mémorielles. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que le chef de l'Etat français s'est fait accompagner par l'historien Benjamin Stora, un grand spécialiste de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Mais comme pour les autres domaines de coopération, Emmanuel Macron a proposé une sorte de deal à l'Algérie : au lieu d'une repentance, comme c'est devenu une revendication dans les milieux algériens notamment, il propose à l'Algérie une «réconciliation des mémoires», où chacun fera un effort sur soi. En contrepartie de la reconnaissance de la France des crimes commis durant la colonisation, notre pays devra «permettre aux Français, nés en Algérie, de revenir ici indépendamment de leurs positions durant la colonisation». Une allusion claire aux harkis et aux pieds-noirs, deux catégories dont le débat reste tabou en Algérie. Ce travail en commun ne concerne pas que les questions de mémoire. Emmanuel Macron a proposé également à l'Algérie des «efforts» dans le domaine de la législation économique. Interrogé par un journaliste sur la règle des 51/49% imposée aux investisseurs étrangers, le président français estime que «la modernisation du cadre des affaires en Algérie encouragera les investissements français et étrangers dans le pays». Il dit souhaiter «que le gouvernement algérien porte cette volonté de réforme du cadre législatif» relatif aux investissements étrangers. Le président français estime que cela fait partie de sa «franchise habituelle» et qu'il a porté ces préoccupations aux autorités algériennes, tout en précisant que la décision des Algériens est «souveraine». L'autre sujet qui fait l'actualité est la circulation des personnes : le chef de l'Etat n'a visiblement pas oublié les sollicitations des jeunes Algériens qui, lors de ses déambulations dans les rues d'Alger, lui ont demandé des visas. «Le visa n'est pas un projet de vie», a-t-il répondu. Ce qui ne l'empêche pas de plaider pour une «souplesse» dans les attributions des visas de circulation des deux côtés de la Méditerranée. Il a spécifié les intellectuels, étudiants, artistes et autres citoyens. Mais il a demandé une «lutte commune contre la migration clandestine». «Les jeunes sont une chance pour nos deux pays», a-t-il répété à plusieurs reprises. Une affirmation qui l'a poussé à annoncer la création d'une école du numérique en Algérie. Le chef de l'Etat français ne semble pas tout régler avec ses vis-à-vis algériens. Il a annoncé une visite d'Etat, en 2018. Une occasion d'aborder tous les sujets en profondeur.