Malgré son implication historique dans le processus de spoliation du peuple palestinien, l'ONU est toujours apparue comme un ultime recours, une force morale, en fait, et rien d'autre parce qu'à chaque fois, il fallait tenir compte du rapport de force. Mais en ce qui concerne Israël, ce caractère strictement symbolique est dénié à l'organisation internationale entraînée à son corps défendant dans des violations répétées de sa doctrine. Et c'est ce qui est arrivé mardi lorsque les Etats-Unis en plein débat électoral, fait aussi de manifestations de soutien à Israël, conséquents avec eux-mêmes, ont opposé leur véto à une résolution demandant à Israël d'arrêter de tuer les Palestiniens. Rien de plus que le respect du droit à la vie. C'est ce refus qui a amené le représentant de l'Algérie à soulever la question du traitement à la carte ou au cas par cas, comme le prouve le fonctionnement actuel du Conseil de sécurité, en soulignant avec force que cet organe « renforce l'impression qu'il n'est efficace que lorsqu'il s'occupe de pays arabes (...) et confirme que quand il s'agit d'Israël, il est incapable d'agir ». Après le Soudan, c'est en effet la Syrie qui a été l'objet de ce fameux consensus frappant de toutes les incapacités cette honorable institution, comme le fait qu'il y a toujours une présence israélienne au Liban que la magie des mots tente d'occulter. Quant à la question palestinienne, elle a subi un grave dommage lexical qui l'extrait de son cadre naturel qui est celui de l'occupation israélienne et du droit des Palestiniens à recourir à tous les moyens pour arracher leurs droits nationaux, conformément bien entendu à ce que dit depuis des décennies le droit international au nom duquel, par ailleurs, des souverainetés ont été transgressées et des pays agressés, occupés et morcelés. Sauf à croire que ce droit a cessé d'exister et c'est alors la porte ouverte à l'aventure la plus totale. Il reste donc à craindre que ce constat soit tel qu'il ne permettra pas l'existence d'une autre ONU, celle qui se conformera à sa doctrine et à rien d'autre.