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Le Liban insoumis (4e partie et fin)
Publié dans El Watan le 29 - 11 - 2006

Les perspectives d'unité au Liban n'ont trouvé qu'une seule voie, celle de la guérilla contre Israël. Une grande partie chez les chrétiens maronites, les chrétiens orthodoxes et même parmi les protestants semblent suivre cette voie et sont tombés aussi d'accord contre Israël parce qu'Israël a détruit tout le Liban et ils comprennent mieux l'ampleur de cette guerre, les buts inacceptables et inhumains d'Israël.
L'état d'esprit dans le pays s'est renversé. Auparavant, une partie des chiites n'était pas tout à fait d'accord avec le Hezbollah. Mais aujourd'hui, il reste une petite partie instrumentalisée par les Américains qui est constituée de sunnites, de druzes et certains chrétiens qui déclarent vouloir un changement selon les méthodes américaines. Certains d'entre eux étaient des nationalistes arabes, représentant la force majeure, à l'époque de l'appel au nationalisme arabe et du socialisme arabe. Le Liban ne peut se passer de la Syrie, ni de ses voisins arabes, économiquement et socialement. Il n'y a pas une famille au Liban, du côté sunnite, chiite ou chrétien qui n'ait pas de lien familial en syrie. Je pense que la résistance ne sera jamais gênée par la force multinationale qui sera au Liban et c'est plutôt la force multinationale qui sera gênée parce qu'Israël ne respecte pas la force multinationale qui est avant tout une force de l'ONU. Pendant la guerre, les soldats de l'ONU ont été bombardés plusieurs fois, ils ont eu deux morts. Historiquement, pour Israël, il n'y a pas de droit international. Il applique son propre droit pour faire ce que bon lui semble. L'entrée de l'armée libanaise et la force dans le Liban-Sud est une bonne chose, mais l'armée libanaise n'a pas les moyens et la résolution de la résistance pour défendre le pays contre Israël. Par ailleurs, l'armée ne peut rien faire aussi contre le Hezbollah, parce qu'une partie de cette armée libanaise comprend des chiites, des gens nationalistes qui veulent défendre le Liban. Il y a des points communs entre soldats de l'armée et membres de la résistance. Le gouvernement libanais, en outre, ne dispose pas d'un consensus politique pour désarmer le Hezbollah et il ne pourra jamais l'avoir. Si l'on compare Lahoud avec Siniora, le plus représentatif, selon moi, est Lahoud parce qu'il était le chef de l'armée et il a toujours une grande partie de l'armée derrière lui. C'est lui qui a construit l'armée à un moment donné. Et en plus, il est toujours entouré par le parti Hezbollah et par le parti Amel, par d'autres partis politiques et même par une grande part des druzes. Il a une majorité, il est devenu très populaire pendant la guerre parce qu'il était sur le terrain, il était partout, visitant les camps des réfugiés. Il a souffert la même chose que le reste de la population. Les diplomaties occidentales ont refusé d'avoir des relations avec lui et ont préféré travailler avec Siniora. Il y a autres choses qui viennent de naître au Liban, c'est la dignité libanaise. A un moment donné, pendant la guerre libanaise, cette dignité, cette fierté du Liban, existait chez certains partis comme les phalangistes, les forces libanaises etc. Cette fierté, c'est une base pour construire un grand avenir. Le Liban va vers l'avenir d'un Etat de justice pour tous les Libanais. La livre libanaise n'a pas bougé parce qu'il y a eu un apport massif de dollars de la part de l'Arabie Saoudite, et l'argent est distribué aux victimes. Il y a eu une aide iranienne certainement plus efficace et visible. A la question de la relation du Liban au problème palestinien, Khaled Breiche dira : « Il n'y a pas de séparation. La Palestine représente le problème majeur pour tous les pays arabes. Le Liban est lié avec l'histoire de Palestine parce qu'il y a des liens géographiques, familiaux, terrestres, de voisinage, et la présence des Palestiniens au Liban autour de 300 000 personnes. Il faut se rappeler aussi que le chef de l'armée arabe en 1948 était libanais et s'appelait Faouzi Kaoudji. Il fut le chef de l'armée de salut qui était allée libérer la Palestine. Et c'était en grande partie une armée libano-syrienne avec des Egyptiens et des Irakiens, car à l'époque, les Saoudiens ne pouvaient pas envoyer d'armée ; l'Algérie, le Maroc et la Tunisie étaient colonisés. Le Liban ne pouvait pas vivre sans ses voisins, ses voisins réels, les Palestiniens et les Syriens. Dans cette histoire, il y eut des victoires et des défaites pour les musulmans. La victoire d'aujourd'hui est nette. A mon avis, l'avancée de cette histoire va s'accentuer. Elle est beaucoup plus importante que la confession religieuse des uns et des autres. Une grande partie des Libanais se sont réveillés pendant la guerre pour continuer la lutte, pour que le Liban appartienne à tous les Libanais sans exception pour instaurer la justice sociale. La reconnaissance d'Israël, qui était l'objectif des Américains, est dorénavant impossible et inadmissible au Liban. » Ce tableau des opinions au sein de la société libanaise aurait été incomplet sans le point de vue du Hezbollah, promu au rôle de principal protagoniste arabe dans la lutte contre Israël au Liban. Mais à Paris, le Hezbollah est classé « organisation terroriste » (encore une faveur pour Israël) ; il était en conséquence impossible de trouver un interlocuteur pour parler au nom de ce parti. Nous nous sommes repliés vers l'interview accordée par le chef du Hezbollah au journal Es Safir. Hassan Nasrallah tire les enseignements de la victoire incontestée du Hezbollah et constate que nombre d'experts des stratégies sont unanimes à affirmer la victoire du Liban et celle de la Résistance. Parlant du Liban vainqueur, et de la responsabilité des Libanais convaincus que le Liban a vaincu, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, quelles que soient les orientations et les communautés, quels que soient les courants politiques dans lesquels ils se reconnaissent, les Libanais se doivent d'œuvrer à préserver cette victoire et à ne pas permettre qu'elle soit galvaudée dans les impasses confessionnelles, politiques et communautaires. Qualifiant cette victoire, à la fois stratégique et historique, il déclare qu'« elle aura des répercussions extrêmement importantes sur le plan des relations israélo-palestiniennes, sur celui de l'ensemble du monde arabe, et aussi dans l'ensemble de la région ». La bataille contre Israël a eu pour effet d'atteindre les fondements du projet israélien ainsi que l'entité israélienne : c'est là un constat que beaucoup d'observateurs ont fait. Cela, Shimon Pérès l'a bien compris, avec son expertise et sa longue expérience, quand il a dit qu'il s'agissait, avec cette guerre, d'une question de vie ou de mort. C'est ce dont on discute tellement aujourd'hui dans l'entité sioniste. Et si on ne parvenait pas à régler cette question, c'est-à-dire à convaincre les foules israéliennes d'une manière qui leur redonne confiance et qui les rassure, je suis persuadé que la société israélienne sera confrontée à des répercussions extrêmement dangereuses sur les plans sécuritaire, moral, économique, politique, et même démographique. Je m'explique : si le peuple de cette entité perd la confiance en son armée protectrice, qui incarne la forteresse imprenable de l'entité, beaucoup d'investissements vont quitter ce pays et de plus en plus de fissures politiques vont apparaître à l'intérieur de l'entité. Dans cette guerre, Israël a mobilisé la plus grande partie — la partie essentielle — de sa puissance militaire. Qualitativement, la seule chose qu'il n'ait pas employée, c'est l'arme nucléaire. Par conséquent, si la résistance demeure, si elle conserve ses armes, et si, donc, demeure la force qui a infligé la défaite à Israël dans cette guerre… tant que cette force existera, Israël devra réfléchir mille fois, et longuement, avant de se lancer à nouveau dans une guerre contre le Liban… Les Israéliens auront besoin de beaucoup de temps avant d'envisager une nouvelle guerre. Non seulement contre le Liban, mais y compris contre la Syrie. Le seul point faible sur lequel Israël va se concentrer et tenter non seulement de récupérer son image de marque dissuasive, mais aussi de s'opposer à l'exploitation de la victoire libanaise dans la situation palestinienne, c'est précisément la Palestine. Cette récupération de son image, Israël en sera malheureusement capable ; les Palestiniens étant assiégés et fractionnés, coupés de tout contact, leur situation est très dure, même s'ils ont une volonté de fer et un moral très élevé, et l'effort israélien portera de plus en plus sur les territoires palestiniens. Les Israéliens n'ont pas envahi ni détruit la bande de Ghaza. Ils n'ont pas fait à Ghaza ce qu'ils ont fait au Liban. De plus, il faut tenir compte du fait que l'enlèvement du soldat israélien à Ghaza était beaucoup plus humiliant pour les Israéliens, que la détention de leurs deux soldats au Liban. En tenant compte (toutes proportions gardées) des possibilités existantes chez les Palestiniens, en comparaison à celles de la résistance au Liban, les représailles à Ghaza n'ont pas été… (démesurées). Nous nous attendions à ce que la réaction israélienne soit au Liban comparable, voire totalement identique, à ce qu'elle avait été à Ghaza, ou, à la rigueur, un peu plus intense. Mais ce à quoi ont procédé les Israéliens au Liban ne fut pas une réaction, mais bien une action préméditée et arrêtée dont on a simplement avancé le déclenchement. Hassan Nasrallah a dit aussi que « la résistance a pour rôle essentiel de soutenir l'armée libanaise qui sera désormais, conformément à la résolution, présente au long des frontières du pays. Mais, d'une manière générale, c'est l'armée qui est chargée de s'opposer aux violations, par sa présence sur les frontières. La résistance devient dès lors une force auxiliaire de soutien, pour l'armée. La décision, émanant du Conseil des ministres, est une décision claire qui définit la mission de l'armée libanaise dans le Liban-Sud. Or le désarmement de la résistance ne fait pas partie de cette mission impartie à cette armée, de même que sa mission ne comporte pas l'espionnage de la Résistance, ni de fouilles à la recherche de ses dépôts d'armes. Il n'y a donc aucune raison pour qu'il y ait un quelconque problème : l'état-major de l'armée est engagé vis-à-vis de cette décision, tant en ce qui concerne son niveau idéologique que sa discipline en tant qu'institution officielle. La
mission de l'armée, dans le Sud, c'est de défendre la patrie et de protéger les citoyens, leurs biens, leurs moyens de subsistance et leur sécurité. Il n'existe donc pas de points de frottement (avec nous, qui seraient) susceptibles de créer des problèmes. La Finul renforcée, d'après ce qu'a déclaré le secrétaire général de l'ONU — sauf nouvelle résolution — n'a pas pour mission de désarmer le Hezbollah. Sa mission consiste à épauler l'Etat libanais, à l'aider à étendre sa souveraineté et à soutenir l'armée libanaise. Dès lors que l'Etat veut bien assumer ses responsabilités, la résistance doit le soutenir ; mais si l'Etat veut en revanche se débarrasser de cette responsabilité, il devient de la responsabilité de la résistance de s'atteler à la résolution de ce problème. Parmi les aspects positifs de ce qui s'est passé durant cette guerre, il y a le fait que les contacts avec les autres forces et les autres courants politiques ont débordé des cadres officiels et des états-majors des partis, par la force des choses, et non plus d'une manière planifiée par qui que ce soit. Quand les réfugiés sont partis se mettre à l'abri dans d'autres régions du Liban que la leur, il s'est produit, dans un contexte sécuritaire et humain extraordinaire, un surcroît d'interaction avec d'autres citoyens libanais : avec des sunnites, dans les régions sunnites ; avec les chrétiens, dans les régions chrétiennes ou encore avec les druzes, dans les régions druzes. Et on a pu parfois faire état — à de rares exceptions près — des impressions positives que les réfugiés ont rapportées, une fois retournés chez eux, qui étaient des impressions positives et parfois excellentes. Et même si on a pu qualifier parfois cette solidarité de solidarité (purement) humaine, et non de solidarité politique, c'est une des réalisations, une des bénédictions les plus importantes de cette guerre, car, à ma connaissance, le Liban n'avait plus connu, depuis des lustres, une telle solidarité humaine, en particulier quand on se souvient des convulsions intérieures et de la guerre civile qu'a connue le Liban, ainsi que ce qui l'a précédée, et la période qui lui a succédée. Sans doute, d'aucuns, en qualifiant cette solidarité libanaise d'humaine et de non-politique, ont voulu en diminuer l'importance et la valeur. Mais, en ce qui nous concerne, nous ne minimisons pas la valeur de cette solidarité, car nous voyons dans cette solidarité humaine une grande valeur, non moins importante que celle de la solidarité politique. Et puis il y a aussi un autre aspect : ceci (cette minimisation) s'est produit au lendemain de propos tenus tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Liban, selon lesquels le Liban aurait été au bord de la dissension interconfessionnelle, voire de la guerre civile. Même quand nous allons dans les institutions dépendant du patriarcat, c'est-à-dire dans les monastères et dans les écoles, je peux dire, d'une manière générale, qu'aujourd'hui, l'élan, la confiance et la conviction du Hezbollah, c'est qu'il faut ouvrir et interconnecter nos relations et les renforcer avec les milieux chrétiens — qu'il s'agisse d'amitiés anciennes, ou de celles apparues au cours de la période difficile que nous venons de traverser, ou encore de la recherche de nouvelles relations et de nouvelles amitiés. Je vous affirme que cette conviction (chez nous) est encore plus forte, après cette guerre. De même, dans le milieu sunnite, même si notre attachement à nos relations dans ce milieu est ancien et plonge ses racines dans les spécificités du Liban et dans celle du monde musulman, ainsi que dans les répercussions qu'a cette spécificité (locale) sur les relations chiito-sunnites où que ce soit dans le monde. Même chose en ce qui concerne les druzes, tant ceux qui étaient dans le même camp que nous durant cette guerre qu'une partie de ceux qui ont des désaccords politiques ou avec lesquels nous sommes en opposition sur le plan politique - les druzes se sont montrés solidaires sur le plan humain, et c'est là quelque chose que nous ne saurions nier ou oublier. Nous affirmons aujourd'hui que tous les Libanais ont besoin de sérénité, de tranquillité. Tout le monde, au Liban, a besoin d'être rassuré ; cela est dû au fait que le Liban était — et qu'il se trouve encore aujourd'hui, bien entendu — sur la faille sismique locale, régionale et mondiale. C'est le résultat des immixtions étrangères dans nos affaires, en particulier des immixtions états-uniennes et israéliennes. Pour les pays arabes qui ont annoncé qu'ils envoyaient ou enverraient des secours au Liban, ce qui a été annoncé n'est pas à la hauteur de la (légendaire) générosité arabe, et cela ne couvre pas les besoins du Liban, qui sont immenses, en matière de reconstruction. Le Hezbollah jouit aujourd'hui d'un grand respect dans les mondes arabe et musulman, ainsi que d'une grande confiance et d'une grande crédibilité. C'est là le fruit de notre tenace résistance, de notre victoire, de nos réalisations, et cela tient également au fait que nous affrontions l'ennemi commun de tous les Arabes et de tous les musulmans : Israël. Pour ce qui est de l'avenir du Liban, si vous voulez mettre sérieusement en application les accords de Taëf, alors commençons par considérer le premier point qui stipule la formation d'un gouvernement d'union nationale… c'est un préalable naturel. Le Liban doit s'apprêter aujourd'hui à faire face à de grands défis, à des défis redoutables, lourds de danger. Si nous entreprenons d'augmenter la force de notre pays et son inviolabilité, en procédant à la formation d'un gouvernement d'union nationale, nous sommes gagnants, en faisant participer (au gouvernement) ceux qui en avaient été exclus à un moment donné. » Voilà l'état de l'opinion libanaise vue de Paris, avec les moyens d'investigation qui étaient les nôtres. Au terme de notre enquête, nous sommes parvenus à la conclusion que l'image qui ressort de ces interviews, éclairées par des données historiques, est fidèle à la réalité sur place. Nous avons vu les buts à long terme et les buts tactiques des Américains et d'Israël dans cette partie du monde. Qu'en est-il sorti ? Le résultat escompté par les forces prédatrices ne fut pas atteint.
Israël n'a pas été vaincu au sens de l'affrontement de deux armées au long d'une ligne de front. Mais Israël a été vaincu militairement dans le cadre d'une bataille du faible contre le fort, comme la France en Algérie ou comme les USA au Vietnam : il a subi des pertes humaines et matérielles intolérables pour lui ; en une trentaine de jours, une cinquantaine de chars « invincibles », deux unités de la marine, quatre hélicoptères, plus de cent victimes. De plus, quand son état-major a voulu engager la troupe pour déloger les maquisards, les pertes sont montées en flèche.
Israël a aussi subi une perte considérable d'image. Les bombardements de sites civils et d'infrastructures ont entraîné une condamnation officielle par l'ONU et par des organisations non gouvernementales.
Israël n'a pas atteint ses objectifs politiques : la destruction du Hezbollah et des velléités de résistance, la reconnaissance de jurer de l'existence d'Israël par le Liban.
Israël n'a pas atteint ses objectifs économiques. L'Arabie Saoudite a fait un apport financier qui a conforté la livre libanaise qui n'a pratiquement pas bougé. La reconstruction du pays est déjà repartie. Les puissances néocoloniales après avoir retardé l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour le cessez-le feu ont dû voler au secours d'Israël et se résoudre à le promulguer :
Le cessez-le-feu tardif sans que les soldats israéliens emprisonnés soient libérés comme cela fut proclamé au départ.
Echec des tentatives d'imposer une résolution de l'ONU qui aurait fait désarmer le Hezbollah par des forces internationales. Les Libanais, en particulier les résistants très bien armés et très bien entraînés du Hezbollah, sont sur place et observent attentivement la suite des événements. Plus loin, d'un point de vue stratégique, cette guerre aura confirmé les constats qui s'imposaient dès avant la guerre du Liban (les 8 points énumérés précédemment) : Israël n'a pas de légitimité. Malgré sa puissance militaire actuelle, Israël n'a pas d'avenir. Déjà les idéologues les plus sionistes ont abandonné l'idée du Grand Israël ; ils s'accommoderaient d'un Israël limité, nettoyé ethniquement, mais leur garantissant à l'intérieur de ce périmètre une majorité démographique sur une plus longue durée. Mais, même un Israël ethniquement « pur », entouré de pays hostiles n'est viable sur une longue durée historique. Il suffit aux Palestiniens et aux Arabes de rester fermes sur les principes, de continuer à faire des enfants et de ne pas cesser de préparer l'avenir intellectuellement, économiquement, industriellement, etc.
Abdellah Ouahhabi, Farid Daoudi


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