Le 9 novembre - célébration des manifestations qui ont débuté à Témouchent pour culminer à Alger le 11 décembre 1960 - a coïncidé avec la clôture des premières journées régionales dédiées aux instruments à vent en général et à la trompette en particulier, l'instrument qui a révolutionné la musique raï en donnant un son unique. Les autorités locales ont intégré cette clôture dans le programme de la célébration, et Ababou, l'ex-ministre des Moudjahidine et secrétaire général de l'ONM, n'y a pas vu d'inconvénient, ce qui, pour d'aucuns, est un formidable contre-pied à la controverse constantinoise le 1er novembre dernier, clouant au pilori un raïman en raison d'un rigorisme de mauvais aloi. Cette première édition est un pied à l'étrier à une manifestation qui ambitionne de ne plus être circonscrite à un simple concours entre trompettistes pour intégrer d'autres activités en rapport à la musique. Autre différence avec les sept précédentes éditions dénommées «concours de la trompette», ces journées sont prises en charge par une association et non plus par l'administration. Il s'agit d'une association qui s'attache à la promotion de l'instrument à vent de la famille des cuivres, dont les membres ont fondé une clique musicale depuis deux années. Par ailleurs, et pour plus de visibilité de la manifestation, malgré un très modeste budget, les organisateurs ont fait appel pour leur jury à des artistes de notoriété nationale : Bellemou, Gana El Maghnaoui et deux enseignants du l'Institut régional de musique d'Oran dont l'un est un fameux saxophoniste, Fethi Kahil. Enfin en guest-star, l'invité d'honneur était Farid Rocker, ancien animateur dans Bled Music. Sept wilayas y ont participé avec chacune deux instrumentistes. Au final, les deux premiers ex aequo sont de Témouchent : Lemou Miloud, un habitué de la première place, et Ahmed Boulenouar. Il y a eu également deux ex aequo, avec Chenou Mustapha de Relizane et BenMokrane Ishak de Béni Saf. Enfin, deux autres ex aequo à la troisième place : Benabri Brahim de Témouchent et Bekaï Mohamed Fouzi de Tlemcen. On indique du côté des organisateurs que la différence s'est jouée dans l'interprétation d'un chant patriotique à laquelle la plupart des concurrents n'étaient pas exercés, sauf ceux qui activent au sein de cliques. Gana Maghnaoui juge qu'il y a du potentiel chez les concurrents : «La différence est que certains n'ont pas suffisamment de pratique de l'instrument, pas d'expérience. Sur les 14 concourants, six étaient les meilleurs, nous les avons retenus tous.» Mimi T'mouchenti, un membre de l'aventure artistique de Bellemou, note : «Il y a une bonne relève. Les recalés ont fait preuve d'un moindre doigté dans le jeu ou de puissance de souffle. Pour ce qui est des moins méritants, leur prestation manquait d'âme.» A la clôture, cela a été le tour de deux membres du jury de donner à entendre du haut niveau. Ainsi, Fethi Kahil a entonné un solo au saxo sur l'air de Youma lali, lali, de Zoulikha, du chaoui mâtiné de jazz, alors que Bellemou, bien que pas au meilleur de sa forme, a entonné la nostalgique El bareh, de Guerrouabi. Enfin, Bentata, chanteur du groupe Bellemou, un des rares raïmen dont l'interprétation monte des tripes parce non formaté, a mis de l'émotion dans la salle avec le poignant Dablouni ya sahbi larsam..