Plus prompte à descendre dans la rue qu'à s'élever dans l'échelle de la réussite et de la performance, l'école algérienne continue de revendiquer son titre d'institution sinistrée. Elle s'engage dans la spirale de l'échec avec perte et fracas. A présent, on fait grève pour reporter les examens en raison des retards accumulés lors des grèves précédentes. Les syndicats du secteur synchronisent les arrêts de travail prolongés dans plusieurs régions et pour différentes raisons. Déserter l'école pour mieux réussir, cela ne se passe qu'en Algérie. L'exemple vient d'ailleurs d'être donné par des figures politiques dirigeantes confondues dans une retentissante affaire de fausses notes à l'université. A quelques jours des vacances scolaires d'hiver, le bilan du premier trimestre est plus calamiteux que mitigé, notamment dans les wilayas du Centre qui avaient acquis la renommée de détenir l'improbable trophée de l'excellence dans les examens de fin d'année. On voudrait précipiter ces régions du haut de ce supposé podium de la performance que l'on ne s'y prendrait pas autrement. On formait les générations pour les combats futurs, à présent on les projette dans le combat avant même de les former. En plus de porter les luttes politiques qui devaient être celles des adultes, les collégiens sont livrés à l'engrenage des grèves croisées à l'initiative des syndicats. Parfois, ce sont les mêmes syndicalistes qui nous expliquent le pourquoi de l'échec scolaire et des très mauvais classements de notre pays dans les enquêtes sur le niveau des systèmes éducatifs dans le monde. La charte de stabilité initiée par le ministère de l'Education nationale en direction des syndicats s'est transformée, au bout de deux années, en un gouffre de mésentente. Le troisième partenaire dans cette démarche de stabilisation du secteur, à savoir les parents d'élèves, n'avait pas été mis en situation de jouer son rôle, en raison vraisemblablement de la méfiance traditionnelle des pouvoirs publics à l'égard de la société civile. Dans un système de gouvernance qui a du mal à remonter la pente de l'échec, il était vain d'attendre quelque succès dans le département de l'Education, qui détermine pourtant celui de tous les autres secteurs. Les annonces émanant de ce ministère relèvent le plus souvent de reculs sur des esquisses de réaménagement pédagogique, à l'image de la révision des coefficients des matières dans l'optique de rehausser les programmes considérés comme essentiels. La lutte pour reconquérir les mathématiques, où nous nous sommes méthodiquement déclassés, s'avère problématique dans un contexte national où la question de la formule religieuse dans les manuels scolaires n'est toujours pas réglée. Les dernières perturbations sur lesquelles la ministre s'était prononcée étaient liées aux intempéries du début du mois et leur incidence sur le calendrier des examens. Si le déni de la réalité affecte l'institution éducative, les chances du sursaut national seront fortement amoindries.