La pénurie de lait en sachet à 25 DA s'est installée dans la durée. Officiellement subventionné par l'Etat et destiné aux couches moyennes et modestes, le sachet de lait est souvent cédé à 50 DA. Après le manque, puis la pénurie, l'heure est actuellement à la spéculation. Dans de nombreuses communes de la capitale, des commerçants cachent leur quota et le vendent à qui ils veulent à des prix exorbitants. «Chaque vendeur étale ses arguments, qui ne tiennent bien sûr pas la route, pour justifier le non-respect du prix fixé par l'Etat», nous raconte un citoyen. Certains font croire à leurs clients qu'ils se sont approvisionnés chez le privé, omettant le fait que le prix est le même chez le public ou le privé. D'autres font croire que le lait qu'ils proposent est de meilleure qualité, ce qui est faux, alors qu'une autre catégorie propose sa marchandise sous forme de faveur et reçoit remerciements et bénédiction pour un sachet de lait qu'ils revendent illégalement avec une hausse de 100%. Hélas, les services de contrôle semblent avoir déserté le terrain. Pourtant la pratique est loin d'être un secret. Au Télémly, à Bab El Oued, à Zéralda, etc., le sachet de lait est vendu à 50 DA, «sous la table». Pour échapper aux griffes des commerçants véreux, de nombreux citoyens se lèvent à 5 heures et s'approvisionnent chez quelques commerçants qui proposent encore ce produit à son véritable prix. Mais cela ne constitue pas la meilleure solution, puisque de nombreux clients se mettent à la queue leu leu dès l'aube. Et 30 minutes plus tard, il ne reste plus rien. «A 5h20, je n'ai trouvé qu'un seul sachet de lait, il n'en restait plus. Je vais aller voir à Bab El Oued. Peut-être est-il encore disponible», raconte un chauffeur de taxi rencontré à la rue Didouche Mourad. Cette situation de pénurie doublée de spéculation encore plus grave n'est pas due uniquement à l'absence de contrôle. Dans différents quartiers, des vendeurs de lait en sachet ont baissé rideau ou ne vendent plus cette denrée. L'on cite, à titre d'exemple, un commerçant au Ruisseau, deux autres pas loin de Djamâa Rahma, à Sidi M'hamed, ou le vendeur qui s'installe à côté du marché Clauzel. Compte tenu des désagréments et de la tension causée par la grande affluence et des difficultés à gérer des centaines de personnes, certains commerçants ont préféré ne plus vendre le lait, apprend-on. Une situation qu'on aurait pu éviter si tous les commerces étaient approvisionnés régulièrement et sans rupture. Il faut rappeler que cette pénurie ne date pas d'hier et qu'elle tend à se banaliser, créant un sentiment de colère et de frustration parmi les habitants. Certains sont obligés d'acheter du lait en poudre nettement plus cher et au-dessus de leur pouvoir d'achat. Pis encore, la crise est telle que dans certaines cafétérias l'on sert du lait en poudre, auquel l'on rajoute beaucoup d'eau, afin de le rentabiliser au maximum.