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L'OPA des boîtes privées
Filière gardiennage et surveillance
Publié dans El Watan le 25 - 12 - 2017

C'est dans une rude bataille, à armes inégales, que s'affrontent depuis des années les sociétés spécialisées dans le gardiennage et la surveillance : à peine trois entreprises publiques, pour ne pas dire une seule, opposées à au moins 170 autres privées, sur un marché qui pèse plus de 700 milliards de dinars, l'équivalent de près de 7 milliards de dollars.
Sur ce marché, très dynamique mais extrêmement discret, une seule entreprise publique, la Société de gardiennage et de surveillance (SGS), dont le capital est contrôlé par Ferrovial et les deux groupes publics Sider et Asmidal (20%, 60% et 20% de parts respectives), face à un bataillon de boîtes lourdement «armées».
Etre en mesure de résister face à, en quelque sorte, une autre SGS, la suprématie des gradés de la sécurité, est ce à quoi elle s'attache inlassablement.
Amnal, propriété des six banques publiques BDL, CNEP, CPA, BNA, BADR et BEA, en partenariat avec deux compagnies d'assurance (CAAR et CAAT), étant exclusivement dédiée au convoyage de fonds, et la Société de prévention et d'action en sécurité (SPAS), filiale de Sonelgaz chargée de la sécurisation des sites du groupe: «Le gardiennage et la surveillance sont un créneau fort lucratif. Plus de 170 sociétés privées s' y sont impliquées.
Aujourd'hui, 99 % du marché sont entre les mains de ces sociétés qui se livrent bataille, chacune cherchant à être la plus prompte à déployer son influence. Leur grignoter 1 % de part de marché n'a pas été chose facile, surtout pour notre entreprise», admet, avec dépit et fierté, Karim Manta, le boss de la SGS. Tel un Phénix qui renaît de ses cendres, cette dernière l'est à bien des égards.
Car c'est à une entreprise instable, très mal en point, voire moribonde, que se verra confier le jeune ingénieur en 2015. Depuis sa création en 1995, pas moins d'une dizaine de directeurs généraux s'y étaient succédé. Instabilité qui se nourrissait d'incessantes manœuvres de déstabilisation auxquelles avait recours l'ancien collège syndical, qui agissait pour des intérêts occultes.
Forte d'un puissant réseau, plusieurs unités à travers 25 wilayas du pays, 2800 agents, celle que les titans de la filière du gardiennage -anciens haut gradés de l'armée et de la Sûreté nationale, associés pour la plupart à d'ex-hommes forts des plus hautes sphères politiques du pays- voient comme un obstacle embarrassant, semble avoir galéré avant de reconquérir la confiance de ses clients traditionnels, des secteurs de l'industrie et des télécommunications, notamment.
Au plan financier, la SGS était, et les chiffres en témoignent, au bord du précipice : un passif négatif s'élevant à plus de 2 milliards de dinars en 2015, 178 millions de dinars en 2014 et 210 MDA en 2013.
SGS, l'entreprise publique qui résiste
Le plan de sauvetage, alors mis au point puis déployé par la nouvelle jeune équipe dirigeante, a permis à l'entreprise de sortir la tête l'eau. «Les 178 MDA ont été amenés) 87 MDA avec un résultat positif de 12 MDA, en 2016, nous avons réalisé un EBE (Excédent brut d'exploitation) positif de 30 MDA et 20 MDA de bénéfices.
En 2017, 50 MDA (EBE positif) et 35 MDA au titre de résultats positifs. Tout cela a pu être obtenu grâce à la mobilisation des effectifs», se réjouissent le DG et ses proches collaborateurs, rencontrés au siège de l'entreprise. A la banqueroute, évitée de justesse, une explication : «Très mal négocié au départ, le contrat liant, depuis 2003, la SGS à Algérie-Telecom (AT) -plus de 40% du chiffre d'affaires de l' entreprise- avait occasionné de lourdes pertes.
D'où sa résiliation le 22 février 2017.» C'est ce que tient à souligner M. Manta. Pis, abondent ses collègues syndicalistes, «la SGS était confrontée à des pratiques anticoncurrentielles. Nos concurrents privés facturent les prestations à raison de 180 000 à 200 000 DA/agent, alors que le salaire réellement perçu par ce même agent dépasse rarement les 30 000 DA, ces tarifs s'appliquent pour la région du Sud. Dans le Nord, 50 000 DA pour un salaire réel équivalent au Smig, si ce n'est moins. Ce qui ne se tolère jamais dans une entreprise publique comme la nôtre, où le salaire minimum oscille entre 30 000 et 40 000 DA».
Et si la SGS arrive, tant bien que mal, à tenir tête aux privés qui jouissent de solides appuis au sein des cercles décisionnels les plus influents, c'est bien grâce à quelques contrats qu'elle a réussi à leur ravir. Ses clients actuels sont : 90 % des filiales du groupe Imetal (Sider El Hadjar, groupe Sider avec tous ses points de vente, AQS Bellara, Batimetal, Anabib, l'Entreprise Portuaire de Annaba (EPAN), Mobilis (une seule région) et Algérie-Poste.
Pour les sites stratégiques de la grosse industrie publique et autres services publics, Algérie-Télecom, les trois régions Mobilis, Sonatrach avec l'ensemble des sites et plateformes pétroliers, toutes les entreprises portuaires (une dizaine), tous les ports secs auxquels il faut ajouter le long réseau bancaire, etc., la priorité étant aux privés, mais pas tous, une poignée de privilégiés.
Dit autrement, 99 % des 7 milliards de dollars/an générés par la filière font le bonheur de puissants hommes de la muette, à la retraite ou toujours en poste, et leurs associés du monde politique, dont d'anciens ministres et même un ex-chef de gouvernement, avons-nous appris de sources externes à l'entreprise, mais bien au fait des arcanes du marché du gardiennage et de la surveillance.
Favoritisme et pratiques clientélistes
«Il existe une seule entreprise étatique face à une armada de sociétés privées robustes. C'est en quelque sorte un duel entre une abeille et un essaim de frelons asiatiques (rires). Nous vous invitons à aller chercher qui sont les véritables propriétaires des indétrônables puissantes sociétés, présentes sur les plus grands sites de Sonatrach et ses partenaires étrangers, les grands hôtels, des grosses entreprises de téléphonie mobile, les consultas, etc. Sur le marché, il y a au moins trois généraux à la retraite issus de votre région (Est)», révèlent les mêmes sources, qui ont requis l'anonymat.
D'ailleurs, précisent-elles, «pour pouvoir bénéficier d'un agrément, habilitant à exercer dans le gardiennage et la surveillance, il faut être un ancien de l'armée, de la gendarmerie ou de la Sûreté nationale et c'est la loi qui le dit», Interrogé à ce propos, le DG de la SGS était catégorique : «Je ne peux pas m'exprimer sur l'identité de nos concurrents privés.
Cela me dépasse, ne me regarde pas. Par contre, ces sociétés privées, et cela n'est un secret pour personne, ont la mainmise sur le marché, elles le contrôlent presque entièrement.» Pour preuve «La sécurité extérieure (clôtures, entre autres) du complexe pétrochimique Fertial avec ses deux usines (Annaba/Arzew), est assurée par une société privée, alors que 20 % du capital de la SGS est détenu par le groupe Asmidal, également propriétaire de 34 % de la co-entreprise algéro-espagnole (Fertial).
N'est-ce pas là une aberration manifeste?», tonne un groupe d'agents croisés à la sortie du siège de l'entreprise Chaïba, commune de Sidi Amar. Mieux encore, «le grand site de Cital Annaba, coentreprise algéro-française spécialisée dans l'assemblage et la maintenance des tramways, est sécurisé par un privé.
Pourtant, Ferrovial, actionnaire à SGS (20%), contrôle 41 % du tour de table de Cital, le reste revenant au groupe tricolore Alstom et Entreprise métro d'Alger (EMA), 49 et 10 % de parts», poursuivent les mêmes agents,
Autre curieuse aberration : en 2002, environ une année après l'arrivée de l'ex-partenaire indien (Mittal), le contrat par lequel était liés, des années durant, la SGS et le complexe sidérurgique, avait été unilatéralement suspendu, sur décision du premier responsable de la sécurité d'El Hadjar de l'époque. Le «marché» sera par la suite conclu avec une société privée, qui finira par s'éclipser, car n'étant pas suffisamment ‘'armée'' pour couvrir une entreprise de la taille d'El Hadjar. Le groupe Sider (version années 2000), faut-il le souligner, alors contrôlant 30% des actifs du complexe, était, également, actionnaire majoritaire à la SGS (60 %).
Trois exemples frappants parmi tant d'autres qui en disent long sur l'étendue des relations clientélistes et des pratiques de favoritisme dont se distingue la filière du gardiennage et de la surveillance. C'est dire comment l'Etat s'évertue lui-même à créer les conditions nécessaires à une manipulation criante des lois du marché en faveur de groupes d'intérêts particuliers.
Y adhérer aveuglement, les ‘'facilitateurs'' en ont de bonnes raisons. Heureusement, il y a ceux, même s'ils sont très peu nombreux, qui, fort heureusement, préfèrent rester à l'écart de ces luttes d'intérêts, favorisant beaucoup l'expertise et la technicité requises par un métier aussi sensible.
Le cas, entre autres, du français CGG (Compagnie générale de géophysique), partenaire de Sonatrach. La compagnie, spécialisée dans l'exploration du sous-sol, a fait appel aux services de la SGS pour les besoins de sécurisation de son site de Debdeb, aux frontières algéro-libyennes «par ce contrat décroché au terme de laborieuses négociations, le client français, extrêmement exigeant et tatillon en termes de normes, de logistique ou de moyens matériels et humains, la porte du Grand Sud, jusqu' alors hermétiquement fermée à notre entreprise, commence à s'ouvrir petit à petit.
Surtout que ce grand client s'est dit très satisfait des prestations de SGS. Ce qui est susceptible de plaider en notre faveur pour grignoter d'autres contrats dans la région», se réjouit-on à la SGS. Autre exploit à l'actif du jeune staff dirigeant : est, en effet, en passe d'être signé un contrat, et non des moindres, avec Algérie-Poste. Y est prévu le recrutement de pas moins de 6000 nouveaux agents, a annoncé à El Watan-Economie, Karim Manta. Avec les 2800 actuels, ses troupes devraient donc totaliser, d'ici quelques mois, près de 9000 éléments, propulsant, ainsi, la SGS au rang des plus grands employeurs du pays.
Autant dire que malgré la puissance des colosses, sur-étoilés, du gardiennage et de la surveillance et les pratiques prédatrices auxquelles ont recours grand nombre d'entre eux, la SGS est résolument déterminée à ne pas ‘'baisser les armes''.


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