Depuis sa réouverture après un relookage qui n'est pas pour déplaire aux adeptes du 7ème art, de toute la région ouest du pays, la cinémathèque d'Oran semble vouloir remplir son honorable mission en présentant des ouvrages dignes d'intérêts, à en juger par le programme proposé cette semaine. Il a débuté, en effet, avec « Le couperet », un film français de Costa Gavras, sorti en 2005. Il est suivi de « Douar de femmes », produit en 2006 par la réalisatrice algérienne Yamina Bachir-Chouikh. Le jeune public est invité, quant à lui, à la projection d'un film d'animation franco-belge intitulé « Kirikou et la sorcière ». Les événements du 11 décembre 1960, qui ont fait date dans l'histoire de la libération de l'Algérie, seront évoqués, eux, très succinctement à travers un documentaire sur l'Emir Abdelkader, du prestigieux Mohamed Lakhdar Hamina, et un long métrage de Ghaouti Bendeddouche, intitulé « Moisson d'acier », où les cinéphiles retrouveront, très certainement avec plaisir, le regretté Hassan El Hassani. On annonce aussi « Pluie d'enfer », de l'Américain Michael Salomon, « Chock-dee », du Français Xavier Durringer, « Gardien de buffles », de Belgique, et « Blue berry », de Jan Konnen. Mais le film qui a retenu notre attention est « Machaho » (conte) du réalisateur algérien Belkacem Hadjadj. Une histoire faussement banale et universellement d'actualité. Elle pourrait se dérouler au sein de n'importe quelle société, dans n'importe quelle partie du monde et à n'importe quelle époque. Mais elle prend toute sa dimension lorsque les événements décrits se déroulent au sein d'une famille algérienne très conservatrice, où les traditions pèsent de tout leur poids et où le père tient à son honneur plus que tout au monde. « Machaho » est l'histoire simple et poignante de Arezki. Ce paysan kabyle, qui recueille un jeune homme mourant, le ramène à la vie et lui offre soins, gîte et couvert. Pendant sa convalescence, Larbi, le miraculé, se lie avec la fille du paysan, l'engrosse et fuit la maison où il a été choyé et dorloté. Le malheureux père découvre que sa fille est enceinte, il décide d'aller à la poursuite du jeune ingrat pour laver son honneur bafoué. « Bouziane El Qal'i » Larbi se ravise et finit par retourner vers la jeune femme pour assumer ses responsabilités et attend le retour du père. Après de nombreuses péripéties, vaincu par la lassitude, Arezki revient au village... « Machaho » est un scénario original écrit par Belkacem Hadjadj. Il est merveilleusement interprété par l'auteur lui-même, avec Mériem Babès et Hadjira Oul Bachir. Il est servi par une belle partition musicale du père de « Vava inouva », Idir. Belkacem Hadjadj, a fait des études supérieures en littérature, avant de rejoindre l'institut cinématographique de Bruxelles, (INSAS). Il y obtient un diplôme qui lui permet d'intégrer la radiotélévision belge. Il entre ensuite à la télévision algérienne où il réalise « La goutte », un court-métrage qui lui vaut le 1er Prix au Festival d'Amiens dans les années 80. Il a réalisé entre autres, « Le Bouchon », « Bouziane El Qal'i », « Djillali Gataa », « El Khamsa »... Après avoir un peu roulé sa bosse, notamment en Egypte où il a réalisé une dizaine de courts métrages, Belkacem Hadjadj fonde sa propre maison de production à Bruxelles, Films-Sud. Depuis, il a tourné un film musical : « Les habits neufs du gouverneur », adaptation libre d'un conte d'Andersen. « Machaho » (conte), qui n'est peut-être pas aussi innocent que son titre pourrait le laisser croire, reste un film à voir. A revoir pour les passionnés des choses bien faites.