A l'issue de la réunion de son conseil national, tenu lundi dernier à Alger, le SNTMA (Syndicat national des travailleurs de la maintenance aérienne) d'Air Algérie a souligné une situation des plus inquiétantes, tout en interpellant les autorités sur les conséquences que celle-ci pourrait avoir sur la sécurité aérienne. Dans un communiqué signé par son président, Ahmed Boutoumi, le SNTMA a d'abord informé «l'ensemble des mécaniciens et ingénieurs aéronautiques» de cette réunion et de son ordre du jour consacré exclusivement à l'examen de la situation de la maintenance avion au sein d'Air Algérie et de la revendication salariale, pendante depuis des mois. «A l'issue d'un débat franc et responsable et en se basant sur les derniers événements vécu par le personnel de la maintenance, le conseil national a été forcé de constater qu'un ensemble de manœuvres occultes ont été entreprises depuis un certain temps visant la déstabilisation de la maintenance dans un but qui reste à ce jour suspicieux, suivi d'un retournement de situation dont est victime la maintenance avions, alors que juste après une période de hadj et une saison estivale réussie, la direction générale avait même adressé une lettre de remerciement à tout le personnel d'Air Algérie, particulièrement au personnel de la maintenance, qui a fourni un effort immense dans ce sens», écrit le syndicat. Pour plus de précision, ce dernier explique : «Cela a débuté par le gel volontaire des promotions et des évolutions de carrière sanctionnant ainsi le personnel méritant. S'en sont suivies les ponctions illégales effectuées sur les salaires des travailleurs de la maintenance après chaque congé ou par le retrait des primes d'habilitation d'une manière non justifiée. Il est à préciser aussi que suite à une note de la direction générale, une majorité de mécaniciens et d'ingénieurs avions ont été sommés de partir en congé forcé, ce qui a conduit à une forte réduction de l'effectif ne pouvant pas absorber toute la charge de travail. Un autre cas et non pas des moindres, la rupture de contrats, orchestrée par la direction générale, touchant nos collègues exerçant au sein de la compagnie depuis un à trois ans et dont les contrats ont été reconduits pour des durées très courtes (6 mois) et tout cela dans un cadre non légal par rapport au code du travail.» Le SNTMA va plus loin et précise que le communiqué et les diverses déclarations du PDG concernant l'état financier de la compagnie «ont semé le doute et la suspicion dans l'esprit de nos partenaires commerciaux internationaux, engendrant ainsi le blocage de presque tous les approvisionnements en fournitures et pièces de rechange nécessaires à l'entretien de nos aéronefs». Revenant sur le point relatif aux revendications salariales, le SNTMA évoque «la confirmation de la mauvaise foi de l'employeur par son retournement de veste» après expiration du délai de l'accord signé avec le syndicat «en déclarant la non-légitimité de la revendication, et pis encore la non-reconnaissance de la convention collective. Il reste à souligner que le SNTMA et l'ensemble de la corporation sont déterminés et s'engagent à aller de l'avant jusqu'à l'aboutissement de cette revendication et le retour à l'équilibre salarial instauré par la convention collective. Nous sommes des jusqu'au-boutistes et que chacun assume ses responsabilités». Tous ces points «néfastes», ajoute le syndicat, «ont créé un climat malsain, entraînant des perturbations dans la productivité de la maintenance sans pour autant oublier la pression et le stress vécus quotidiennement par les mécaniciens et les ingénieurs de la maintenance avions». De ce fait, «le SNTMA et l'ensemble de la corporation tirent la sonnette d'alarme et déclinent toute responsabilité quant à cette situation instaurée par la mauvaise gestion et les agissements non responsables de l'employeur, et qui peuvent toucher la sécurité de nos aéronefs». A signaler que ce n'est pas la première fois que le SNTMA sort de sa réserve pour faire état des problèmes auxquels est confronté le personnel de la maintenance à Air Algérie et mettre sur la table des revendications socioprofessionnelles, notamment salariales, à travers des débrayages cycliques, paralysant subitement la flotte de la compagnie et pénalisant de fait sa clientèle.