Alcatel et Lucent ont finalisé leur rapprochement. Cela donnera naissance à un leader dans les solutions de communication avec une dimension mondiale et une présence locale dans 130 pays. Le mariage est désormais scellé. L'équipementier en télécommunications français Alcatel et l'américain Lucent Technologies ont officialisé leur union jeudi 30 novembre, donnant ainsi naissance à un géant des télécommunications de 18,6 milliards d'euros de revenus annuels, capable de distancer Nokia ,Siemens, Ericsson , Marconi, Nortel ou Cisco. En Europe, le groupe Alcatel-Lucent truste la première place des solutions pour les entreprises. Alcatel comme Lucent prennent soin de souligner qu'il s'agissait d'une "fusion entre égaux". Pour faire bonne mesure, Patricia Russo, ex-dirigeante de Lucent, devient la directrice générale de la nouvelle entité. Elle sera ainsi la première femme à diriger une société du CAC 40. Serge Tchuruk, l'ex-P-DG d'Alcatel, est, quant à lui, le nouveau président du conseil d'administration. Mais dans les faits, Alcatel aura un poids supérieur à Lucent dans la nouvelle société : les actionnaires d'Alcatel détiendront 62% et ceux de Lucent 38 % du capital. Les deux sociétés fusionnées ont affiché un chiffre d'affaires combiné d'environ 21 milliards d'euros (environ 27,5 milliards de dollars) en 2005. Leur rapprochement va permettre des économies de l'ordre de 1,4 milliard d'euros (1,7 milliard de dollars) par an, en année pleine, d'ici à trois ans, assurent les dirigeants. Ces synergies porteront notamment sur les fonctions administratives, la chaîne logistique et la structure d'achat, la recherche et développement. Les deux équipementiers ont décidé de publier au même moment, le 24 octobre, leurs résultats pour le troisième trimestre 2006. Sur la période, Alcatel a enregistré un chiffre d'affaires de 3,34 milliards d'euros, en croissance de 1,4% comparé au troisième trimestre 2006. L'analyse par activité des résultats de l'entreprise montre une hausse de 6% de son chiffre d'affaires (1,36 milliards d'euros) et de 25% (121 milliards d'euros) de son résultat opérationnel dans le domaine des communications fixes. Sur le segment des communications mobiles, le trimestre s'avère décevant pour l'équipementier qui voit ses revenus chuter de 9% à 994 millions d'euros. "Un mariage et 9000 enterrements " Du côté de Lucent, le chiffre d'affaires s'établit à 2,56 milliards d'euros, en hausse de 5%. Si l'activité progresse de 17% sur le marché américain, elle chute en revanche de 14% hors du marché domestique de Lucent. Mais tout porte à croire que les affaires redémarreront. Dès l'annonce de ces résultats, l'action Alcatel était en hausse de 7,81% à une demi heure de la clôture de la séance à la bourse de Paris. Pas en reste, celle de Lucent bondissait au même moment de 7,69%. "Alcatel-Lucent sera pour nos clients un partenaire qui aura la dimension et la capacité de concevoir, construire et gérer des réseaux de plus en plus complexes qui offrent aux utilisateurs les usages et les services convergents de communications les plus avancés " a indiqué M. Serge Tchuruk dans un communiqué de presse. Si cette fusion peut rassurer les clients, elle inquiète grandement les salariés. Le groupe a en effet prévu de se séparer d'environ 9 000 personnes dans les 24 mois afin de réduire ses coûts annuels. Alors que les dirigeants se réjouissent de la naissance d'un nouvel ensemble compétitif, les salariés font grise mine. La CFDT Alcatel, dans un tract diffusé la semaine dernière, s'inquiète , selon l'agence Reuters , des conséquences en France, d'une part de la fusion avec Lucent et d'autre part du rachat des activités 3G de Nortel. L'impact pourrait donc être violent, notamment chez Alcatel CIT. Cette union fera dire aux syndicalistes de la CFDT Alcatel qu'elle aura fait " un mariage et 9000 enterrements ".