Autant les établissements scolaires implantés dans les agglomérations urbaines croulent littéralement sous le poids des effectifs, autant ceux situés en milieu rural et en zones éparses se vident graduellement de leurs élèves. Le CEM du village El Djemaâ, dans la commune d'Ouzellaguen, illustre de manière désarmante cette saignée inexorable de nos écoles de campagne. Pour l'année scolaire 2017/2018, apprend-on, le collège ne compte plus que quatre divisions pédagogiques, pour un effectif total de 29 élèves, soit une moyenne de sept élèves par classe et par niveau. «Chaque année, nous enregistrons une baisse du nombre de nouveaux inscrits en 1re année moyenne, par rapport à ceux qui arrivent en fin de cycle. En l'espace de deux années seulement, l'effectif a baissé de plus de moitié», atteste un membre du staff pédagogique du CEM. D'autres éducateurs, qui ont eu à officier au sein de ce collège, rappellent qu'à son ouverture, en 1989, les statistiques flirtaient avec les 200 apprenants. Les écoles primaires pourvoyeuses d'élèves se désemplissaient progressivement de leurs contingents, avant de mettre la clef sous le paillasson. «Les écoles primaires des villages d'Ighil Oudlès, Ighvane et Hebane ont toutes fermé les unes après les autres, faute d'enfants à scolariser. Depuis plusieurs années, tous les scolarisés du CEM viennent exclusivement du primaire d'El Djemaâ, qui voit lui aussi ses effectifs reculer», rapporte un enseignant, estimant que les années du collège d'El Djemaâ sont désormais comptées. Un scénario d'autant plus plausible et réaliste, suppute-t-on, que les causes qui ont scellé le sort de toutes les écoles primaires de cette zone montagneuse sont toujours de mise. «L'exode vers les villes est d'une telle ampleur que dans un avenir proche on ne trouvera plus d'enfants à scolariser dans toutes ces contrées déshéritées», subodore un villageois.