La Coface évoque des faiblesses liées au poids excessif du secteur public, aux lourdeurs bureaucratiques, à l'environnement des affaires problématique, ainsi que l'existence de «lignes de fracture entre le pouvoir et la population». Déficits publics conséquents, ralentissement de la croissance, accélération de l'inflation, chômage élevé chez les jeunes et risques accrus de tensions et de contestations sociales. Telles sont en substance les principales tendances qui devraient continuer à caractériser l'économie algérienne en 2018, selon la dernière évaluation de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface). Dans son nouveau rapport annuel sur l'évolution des risques pays, publié hier, l'organisme spécialisé dans l'assurance du commerce extérieur estime ainsi que «le ralentissement profond que traverse l'Algérie commence à avoir des répercussions sur le plan social», ce qui conduira le gouvernement, a-t-il noté, «à poursuivre sa politique généreuse de transferts sociaux au détriment de la consolidation budgétaire». Maintenant le risque Algérie dans la catégorie «C» sur une échelle de 8 niveaux, la Coface indique globalement qu'en 2018, l'économie algérienne devrait continuer à ralentir, d'autant que «la reconduite des quotas dans le cadre de l'accord OPEP devrait limiter la croissance du secteur pétrolier, déjà pénalisée par le manque d'investissement et l'arrivée à maturité de certains champs». Au même moment, souligne encore l'assureur, «l'activité hors pétrole devrait montrer des signes d'essoufflement», tandis que le maintien du soutien à la consommation en augmentant les dépenses sociales «devra se faire au détriment de l'investissement public», tout en ayant un impact tout limité sur le pouvoir d'achat des ménages en raison de la hausse de l'inflation. Dans cet ordre d'idées, la Coface estime que le recours au financement interne non conventionnel, décidé en septembre dernier par le gouvernement, «aura pour conséquence une hausse des pressions inflationnistes domestiques, alors que les barrières à l'importation tendent à accroître le prix des produits étrangers». Parallèlement, le déficit public, dont le financement sera assuré par des emprunts directs auprès de la Banque d'Algérie, devra rester conséquent, prévoit encore l'organisme d'assurance, qui ne manque pas de déplorer en ce sens l'inflexion observée dans la politique budgétaire du gouvernement, suite notamment «aux changements successifs de Premiers ministres au cours de l'année précédente». En ce sens, relève-t-il, «le plan de consolidation budgétaire adopté en 2016, devant permettre sur trois ans une baisse du déficit public basée sur une réduction des dépenses d'investissement, a été mis de côté». Aussi, même si la légère hausse du prix du baril au-dessus de 50 dollars et l'augmentation des exportations devraient favoriser une augmentation des recettes budgétaires, celles-ci, constate la Coface, «ne pourraient cependant pas compenser la politique expansionniste du gouvernement». De même, la poursuite attendue de la toute relative amélioration des exportations d'hydrocarbures ne pourra pas impacter notablement les déficits extérieurs qui demeureront abyssaux en 2018, dès lors que «le différentiel avec le besoin en importations du pays reste important», rappelle l'assureur français. Seule note positive, prévoit en définitive ce dernier, est l'accroissement attendu des investissements directs étrangers (IDE), à la faveur notamment de la mise en place prévue d'une nouvelle loi visant à accroître l'attractivité du secteur des hydrocarbures auprès des investisseurs étrangers. Une démarche dont les effets ne devraient cependant pas être visibles à court terme, observe enfin la Coface, qui évoque au demeurant la persistance des faiblesses structurelles liées au poids excessif du secteur public, aux lourdeurs bureaucratiques et à l'environnement des affaires problématique, ainsi que l'existence de «lignes de fracture entre le pouvoir et la population».