La Coface juge les perspectives économiques et financières très incertaines, le contexte politique pouvant être instable et l'environnement des affaires comportant d'importantes lacunes. La Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface) a présenté, hier à Paris, son panorama mondial du "risque pays", à la faveur de son traditionnel colloque. L'Algérie est classée à la catégorie C, avec un risque élevé. En d'autres termes, la Coface juge les perspectives économiques et financières très incertaines. Le contexte politique peut être instable. L'environnement des affaires comportent d'importantes lacunes. La probabilité moyenne de défaut des entreprises est élevée. Pour rappel, la note de l'Algérie a été dégradée en juin 2016 par l'assureur-crédit français qui octroie également la note B à notre pays concernant l'environnement des affaires. Dans son appréciation du risque, la Coface relève que la croissance algérienne n'a que faiblement ralenti en 2016. Selon l'assureur-crédit français, en dépit de la baisse du produit intérieur brut pétrolier nominal, le secteur pétrolier a montré des performances positives comparativement à 2015 en maintenant un taux de croissance supérieur à zéro. L'économie hors pétrole a, certes, présenté des signes de ralentissement, mais ils concernent principalement le secteur manufacturier et le secteur public. Les services et les secteurs liés à la consommation sont, quant à eux, restés dynamiques. Les dépenses des ménages sont restées soutenues en partie grâce au maintien des subventions hors énergie. "Face à un risque de ralentissement prolongé suite à une baisse des investissements en capital, les autorités algériennes avaient en outre maintenu les dépenses sociales et une réforme de la fiscalité des entreprises du secteur privé", souligne l'assureur-crédit français. Les mesures d'austérité annoncées en 2017, estime la Coface, devraient, cependant, conduire à une nette décélération de l'activité, signalant que le gouvernement prévoit dans le même temps de lancer un plan de diversification économique sur la période 2016-2019. "Le programme quinquennal 2016-2019 aura pour objectif de favoriser 18 filières industrielles et d'amorcer la relance et l'intégration des industries, ainsi que la création d'emplois. Un plan de recapitalisation des banques publiques et de refinancement du système bancaire devrait permettre de dégager des liquidités supplémentaires et de stimuler le crédit. Le gouvernement entend ainsi substituer progressivement l'investissement privé à l'investissement public", souligne l'assureur français. Cependant, estime-t-il, la réponse du secteur privé pourrait être moins importante que prévue. La Coface prévoit une croissance du PIB de 2,7% en 2017 en Algérie, contre 3,2% l'année dernière. Pour la Coface, "la légère augmentation du prix du pétrole attendue en 2017 ne suffirait pas à faire baisser la pression sur les finances publiques et les exportations et continuerait de peser sur l'environnement macroéconomique national. La hausse des taxes et l'inflation élevée contraindraient la consommation des ménages. Toute comme en 2016, la confiance des entreprises et des ménages devrait rester marquée par la morosité". L'assureur français note une baisse du déficit public en 2016. "La diminution des recettes pétrolières n'a cependant pas été compensée par les mesures entreprises en 2016 qui incluent la hausse des prix des produits énergétiques et la réduction des budgets de certains ministères", souligne la Coface, estimant que le rééquilibrage du marché pétrolier attendu en 2017 et la hausse des cours qui en découlerait devraient favoriser une augmentation des recettes pétrolières soulageant la pression sur les finances publiques. "Le déficit du solde public devrait de ce fait diminuer alors que les autorités poursuivraient des mesures d'austérité : parmi elles, une hausse de la TVA de deux points, une meilleure collection de l'impôt et la majoration des prix du pétrole à la pompe", prévoit la Coface. La dette publique s'accroîtrait également, mais elle restera principalement domestique. M. R.