En 2017, 82% des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux 1% les plus riches, alors que la situation n'a pas évolué pour les 50% les plus pauvres. C'est encore l'heure de Davos, le Forum économique mondial, que Oxfam — ONG britannique soupçonnée d'alimenter les luttes de classes — a choisie pour démentir les prophètes de l'ordre cannibale mondial et la pertinence de leurs recettes néolibérales. Dans son rapport/étude dédié aux inégalités dans le monde, Oxfam a reconnu tous les bienfaits et mérites de l'économie globalisée pour l'humanité. Plutôt aux 1% les plus riches à qui profitent 82% de la croissance des richesses créées dans le monde l'année dernière, alors que la situation n'a pas évolué pour les 50% les plus pauvres. Le nombre de milliardaires a connu l'année dernière sa plus forte hausse de l'histoire, note l'étude : avec un nouveau milliardaire tous les deux jours. On dénombre actuellement 2043 milliardaires en dollars dans le monde. Neuf sur dix sont des hommes. «Partout dans le monde, notre économie au service des 1% est construite à la sueur de travailleuses et de travailleurs faiblement rémunérés, souvent des femmes qui reçoivent des salaires de misère et voient leurs droits fondamentaux bafoués», souligne l'ONG pour qui «il est temps de partager la richesse avec celles et ceux qui la créent». En 12 mois, les richesses de ce groupe d'élite (de milliardaires) ont augmenté de 762 milliards de dollars, soit plus de sept fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde. Au cours des dix dernières années, les travailleurs et travailleuses ordinaires ont vu leurs revenus augmenter de 2% en moyenne par an, tandis que la fortune des milliardaires a elle augmenté de 13% par an, presque six fois plus vite. Oxfam démantèle quel-ques idées reçues et certains préconçus : «La justification économique la plus répandue pour les inégalités est qu'elles inciteraient à l'innovation et à l'investissement. Les milliardaires seraient l'illustration ultime des fruits du talent, du travail acharné et de l'innovation, et cela profiterait à toutes et tous. Il apparaît toutefois clairement que les niveaux actuels d'inégalités extrêmes dépassent de loin ce que le talent, le travail et la prise de risque peuvent justifier.» Les grandes fortunes sont bien plus souvent le «produit d'un héritage, d'un monopole ou de relations de connivence avec les gouvernements». Environ un tiers de la fortune des milliardaires provient d'héritages. Au cours des 20 prochaines années, 500 personnes parmi les plus riches au monde transmettront plus de 2400 milliards de dollars à leurs héritiers, soit plus que le PIB de l'Inde avec 1,3 milliard d'habitants.