Les résidents, qui ont recours aux services d'avocats, énumèrent les points de dysfonction qui entachent la décision du tribunal. Les syndicats ont décidé de poursuivre leurs actions de protestation malgré des décisions de justice ayant décrété l'illégalité de ces grèves. Le Collectif autonome des médecins résidents (Camra), qui encadre la grève des médecins résidents depuis le mois de novembre, organise des sit-in et appelle au maintien du boycott des examens, qualifiant d'ailleurs de «politique» la décision du tribunal ayant décrété mercredi dernier que la grève des résidents était illégale. Pour le porte-parole du Camra, le Dr Taileb, les résidents sont «surpris» par cette décision «qui ne respecte pas tous les aspects juridiques et techniques d'une décision de justice». Les résidents, qui ont recours aux services d'avocats, énumèrent les points de dysfonction qui entachent la décision du tribunal. «La décision qui stipule l'arrêt de la grève et l'évacuation des lieux de protestation ne comporte pas les détails rudimentaires obligatoires dans une décision officielle, tels que les noms des destinataires de la décision, ni l'endroit ciblé par la décision. Aussi, le tribunal n'a ni convoqué ni écouté la partie concernée, ce qui rend la décision, du point de vue juridique et administratif, nulle et inapplicable», précise le Dr Taileb. Les résidents «ne reconnaissent pas la décision du tribunal» et ont donc décidé de poursuivre la grève jusqu'à l'aboutissement de la plateforme des revendications, ajoute le délégué du Camra. Pour les résidents, «le recours à la justice pour prendre une décision politique est loin d'intimider les 15 000 résidents, décidés à poursuivre leur combat pour l'amélioration des conditions dans lesquelles ils évoluent». Le Camra, pour rappel, exprime des revendications liées notamment à la suppression du service civil dans sa formule actuelle et la levée de la mesure «discriminatoire» qui exclut les plus de 30 ans de la dispense du service national. Le Syndicat algérien des paramédicaux (Sap) a été contraint de trouver un autre moyen pour poursuivre son débrayage «tout en se conformant à la justice». Après avoir vu sa grève jugée illégale par le tribunal, le Sap a annoncé, samedi, la suspension de la grève enclenchée le 8 janvier dernier pour des revendications socioprofessionnelles. Le conseil national qui s'est réuni a décidé de lancer un autre préavis de grève illimitée à partir du 5 février prochain, sachant pertinemment que la justice la déclarera «illégale». Pour le président du Sap, Lounes Ghachi, qui dénonce le recours à la justice par le ministère, «le syndicat poursuivra son action de protestation, sans piétiner la loi». Pour lui, «le recours à la justice pour déclarer la grève des paramédicaux illégale prouve que les portes du dialogue sont fermées». Le Sap considère que le ministère se livre au «chantage, en refusant d'un côté de reconnaître la légitimité des revendications et d'ouvrir un dialogue pour trouver une solution, et d'un autre, prétendre que la grève porte atteinte aux intérêts des malades. C'est du pur chantage qui ne sert les intérêts de personne», souligne M. Ghachi.