La politique d'apaisement n'est apparemment pas au menu du gouvernement. Après trois jours de débrayage, qualifié par ses initiateurs de grand succès et d'une totale réussite puisque le taux de suivi a été estimé à 95%, les protestataires espéraient un signe positif de la part des pouvoirs publics. Contre toute attente, le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière décide de poursuivre en justice le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP). Cette décision vient confirmer les doutes des syndicalistes, suspectant le gouvernement de vouloir envenimer la situation et de pousser au pourrissement à la place de la négociation. Hier matin, le directeur des ressources humaines au département de M. Tou a saisi le syndicat pour l'informer de la prise en charge de ses revendications concernant le statut particulier et le point portant sur le LMD. Toutefois, en un temps record, le même responsable recontacte les concernés pour leur annoncer leur traduction devant la justice pour non-respect de la décision rendue la veille par la chambre administrative relative à l'arrêt du débrayage. « Nous ne comprenons plus la politique du ministre et encore moins ses multiples contradictions. Nous disons à M. Tou que nous n'avons peur ni de ses intimidations, ni de son harcèlement en recourant à la justice, ni des ponctions sur salaire. Un salaire aussi dérisoire on n'en veut pas », a déclaré M. Ghachi lors d'un point de presse animé hier au siège du syndicat pour évaluer le mouvement de grève de trois jours dont le taux a dépassé les 90%. Le SAP est persuadé que le choix du ministère ne fera qu'attiser la flamme des protestataires, convaincus de la légitimité de leurs revendications. Selon le conférencier, le personnel paramédical est pour une radicalisation du mouvement de protestation tout en n'écartant pas l'option d'une grève illimitée pour les prochains jours. « Si la base vote pour une action ouverte, nous applaudirons. Nous allons nous concerter et nous envisageons de frapper fort pour prouver à ceux qui continuent à mépriser les fonctionnaires que nous sommes mobilisés pour faire face à toutes les entraves et nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout pour arracher nos droits », a observé M. Ghachi qui invite le gouvernement à réviser sa stratégie et sa politique envers les paramédicaux et le personnel de la santé de manière générale. « Est-il correct de parler d'augmentation conséquente allant de 3000 ou 4000 DA pour un fonctionnaire qui touche un salaire de 12 000 DA ? Le gouvernement, à notre avis, ignore carrément la réalité du terrain. Le fonctionnaire algérien mérite un peu plus d'égards », a déploré l'orateur. Enumérant la liste revendicative des paramédicaux, M. Ghachi a relevé le problème de la formation, de la classification, du salaire et des conditions de travail défavorisées. « Nous pensons que le ministre a donné un avis favorable à travers le procès-verbal signé entre le SAP et les représentants de la tutelle pour un enseignement supérieur pour les paramédicaux, mais jusqu'à l'heure rien n'a été fait », a souligné le SG du SAP, en précisant que « le système LMD, qui est adaptable à la formation paramédicale, permettra aux paramédicaux d'évoluer dans leur carrière suite à des formations qualifiantes. Si on opte pour ce système, la profession sera valorisée, ce qui permettra donc aux futurs bacheliers algériens d'opter pour le paramédical et pour une profession valorisante », a soutenu M. Ghachi, en indiquant que seul le système LMD est en mesure de permettre aux futurs bacheliers d'opter pour cette profession noble. Le SAP, à l'instar des autres syndicats, n'a jamais refusé la négociation et a décrié le statut particulier qui ne reflète pas leur travail. « Ce nouveau statut n'a rien à voir avec l'avant-projet que nous avons élaboré après des séances de travail qui ont duré 6 mois et qui est le fruit de 14 années de réflexion », a rappelé M. Ghachi. Le corps des paramédicaux vit un problème profond. Ils sont 92 000 à l'échelle nationale, soit 50% des effectifs de la santé qui souffrent d'abord d'un problème de reconnaissance. Ils ont pratiquement tous le bac et ont tous suivi une formation de trois ans à l'école des paramédicaux mais leur statut ne leur permet pas d'évoluer.