Les 1400 travailleurs de la société des mines de phosphate du groupe Ferphos Annaba sont heureux puisque, à quelques jours de l'Aïd El Adha, leur président-directeur général a décidé de verser à chacun d'eux une prime d'encouragement. En fait, il s'agirait d'une prime d'encouragement pour, selon le PDG, les efforts consentis pour la production et l'exportation de 1,5 million de tonnes en 2006. Pour la même quantité produite en acier, l'employeur indien Mittal Steel du complexe d'El Hadjar a accordé à quelque 11 000 de ses salariés (Annaba/Tébessa) une avance sur salaire pour l'achat du mouton de l'Aïd. Outre la performance jamais égalée d'atteindre les 40 coulées/jour d'acier liquide, le complexe d'El Hadjar a dépassé le cap de 1,2 million de tonnes planifiées pour 2006. Les travailleurs ont, en effet, dépassé le cap du 1,5 million de tonnes au 11 décembre 2006. Apparemment, Il n'y a que les travailleurs de ces deux sociétés qui ont l'œil « bienfaiteur » de leur employeur. Ce qui n'est pas le cas du côté des Espagnols de Fertibéria et les Ecossais de Kimial à la plateforme du complexe d'engrais phosphaté Asmidal. Dans d'autres entreprises publiques, le versement mensuel des salaires est sérieusement hypothéqué. Le secteur de la production et de la commercialisation de l'électroménager, celui de l'habillement, du bâtiment, de la métallurgie et de la pharmacie… figurent dans le lot des activités où les travailleurs font grise mine. Les agriculteurs producteurs de tomate fraîche ou de pomme de terre de semence, de tabac, les travailleurs du secteur de la transformation ne sont pas épargnés. La crise est vécue avec plus d'acuité par les 80 pères et mères de famille. Employés par la Coopérative agricole (Carsci) Lalaymia Annaba, ils n'ont pas perçu leur salaire depuis bientôt une année. Ils survivent grâce aux aides de leurs proches et amis et n'ont toujours pas trouvé oreille attentive à leurs problèmes. Ces travailleurs ne savent plus qui de la Carsci (leur employeur traditionnel) ou de la direction des Domaines (devenue propriétaire des lieux) devrait leur verser leur dû. Il y a ceux qui bénéficiaient de l'allocation chômage. Ils n'ont plus cette chance au terme de la période des trois années. Sans travail, ils n'ont pas pu bénéficier du contrat CNAC pour la création de leur propre entreprise. Certains se sont mis à faire la manche. D'autres se sont endettés ou comme les mères de famille qui ont survécu en mettant au clou leurs objets de valeur. Les navettes des camions chargés de moutons se multiplient de plus en plus aux alentours de la commune, chef-lieu de wilaya de Annaba. Les achats ont déjà commencé. Pour les mères et pères de famille qui n'ont ni emploi ni salaire, c'est le temps de se mettre en colère pour éviter d'avoir à répondre à leurs enfants à cette question « Dis papa ! Quand vas-tu acheter le mouton que nous espérons mieux que l'année passée ? ».