Jusqu'à l'heure actuelle, je n'ai rien reçu d'officiel concernant mon limogeage ni de la SGP Somine, ni de ma tutelle qui est le ministère de l'Energie et des Mines, ni des services du Premier ministère qui m'ont nommé à ce poste en septembre 2001. Pour des obligations professionnelles, je n'ai pu assister à l'AG tenue samedi au siège de la SGP et dont on m'avait d'ailleurs fait part la veille par le biais de l'avocat de la SGP. Aussi, l'ordre du jour de cette AG était pourtant tout autre. Pour le moment, je ne peux commenter la décision. » Cette déclaration nous a été faite, hier, par Lakhdar Mébarki qui vient d'être démis de ses fonctions de PDG de Ferphos Group par la Société de gestion des participations mines (SGP Somine), lorsque nous l'avons rencontré dans son bureau, au nouveau siège de son entreprise. Selon des sources proches du ministère de l'Energie et des Mines qui semble lui non plus n'avoir rien reçu à propos du limogeage de M. Mébarki, un nouveau PDG a déjà été désigné pour le remplacer. Il s'agirait de M. Benhadji, qui a déjà eu à occuper un poste de responsabilité au sein de l'une des filiales de la même entreprise à Tébessa. Pourtant, « la désignation au poste de PDG dans les grands groupes industriels doit préalablement passer par différentes étapes. En cas de changement ou de mouvement, les SGP sont habilitées à choisir trois candidats au poste de PDG. Les trois candidatures doivent par la suite être soumises au ministère de tutelle lequel, après approbation, doit les soumettre à son tour aux services du Premier ministère qui valident la meilleure candidature et autorisent la tenue d'une assemblée générale », explique Maître M. Mamine, avocate au barreau de Annaba. Ces étapes ont-elles été respectées par la SGP Somine ? Une question qui demeure pour l'instant sans réponse puisque nos multiples tentatives de joindre, tout au long de la journée d'hier, les responsables de cette dernière sont restées vaines. Par ailleurs, nous avons appris auprès du syndicat qu'un mouvement de soutien au PDG démis commence déjà à prendre forme. « Nous avons appris cette triste information par le biais des médias. Nous attendons l'officialisation de la décision de limogeage de notre PDG pour agir. Nous sommes pleinement solidaires avec lui. Notre soutien est et restera indéfectible. Pour nous, ce limogeage est inexpliqué, voire arbitraire », ont affirmé des syndicalistes et des travailleurs rencontrés hier matin au siège de l'entreprise. Ils étaient venus en masse pour s'enquérir de la véracité de la décision en question. S'il venait à être confirmé par le ministère de tutelle, considèrent-ils, ce limogeage serait arbitraire d'autant qu'il intervient au moment où des projets de grande envergure ont laborieusement pu être mis sur les rails grâce au dévouement des travailleurs et du staff dirigeant. Parmi ces projets, énumèrent-ils, il y a celui relatif au méga-complexe d'engrais phosphatés de Bouchegouf (Guelma) dont la phase de réalisation sera effective dans quelques mois. Outre son impact positif à l'échelle locale et de par son ampleur financière (des investissements d'un milliard d'euros étalés sur trois ans), son envergure (le plus important IDE après celui du complexe d'aluminium de Béni Saf) et son gigantisme (trois à quatre fois plus grand que le complexe d'Asmidal), le complexe de Bouchegouf sera la force de frappe de la filière engrais phosphatés de l'Algérie. A partir de 2012, date d'entrée en production de l'ensemble des lignes à installer, notre pays pourra placer plus de 2 millions de tonnes d'engrais sur le marché extérieur. Ce projet, né de l'association de Ferphos et Sonatrach avec le groupe pakistanais Engro, va également concourir à la diversification des exportations algériennes hors hydrocarbures et à une sécurisation des besoins de l'agriculture nationale en engrais phosphatés. Actuellement estimés à 300 000 tonnes/an, ceux-ci nécessitent des dépenses annuelles de 200 à 300 millions de dollars. Ce complexe sera doté de capacités de transformation de 4 millions de tonnes de phosphates à partir desquels devrait être obtenu un million de tonnes d'engrais. Ce limogeage, ajoutent les syndicalistes, intervient également au moment où l'ouverture de la nouvelle grande mine de Bled El Hadba à Bir Atter (Tébessa) où seront puisés 4 millions de tonnes de phosphate à l'horizon 2011, vient tout juste d'être concrétisée avec le lancement simultané des travaux de construction du nouveau complexe de traitement des phosphates. Un autre projet, non sans moindre importance, est en cours de lancement. En effet, Ferphos Group et son partenaire Sonatrach viennent de finaliser les négociations, avec une société australienne relatives à la réalisation d'un complexe de production de super simple phosphate (SSP) à Bab El Aassa, dans la wilaya de Tlemcen. Un complexe pour lequel des investissements de plus de 100 millions de dollars seront consentis et qui entrera en production dans deux ans aussi.