Les parents d'élèves ont marché hier à l'appel de leur Fédération nationale dans la ville de Béjaïa pour dénoncer «la prise en otage» de leurs enfants dans la grève illimitée du Cnapeste, qui est devenue nationale depuis hier, après avoir été menée pendant 14 jours au niveau de la wilaya. La marche d'hier a démarré de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya par une centaine de parents brandissant des banderoles et des pancartes dont certaines dénoncent «L'incompétence et la surenchère», ou se demandent «République où es-tu ?» Des messages de désarroi se lisent aussi comme celui soulignant que «Cette génération s'en souviendra» et cet autre qui dénonce une impuissance : «Silence, on tue nos enfants». Les marcheurs se sont rassemblés devant le siège de la wilaya dans une cohue où s'échangeaient des cris de colère. Des voix se sont élevées pour demander à ne pas réclamer audience auprès du représentant du wali. «C'est à lui de sortir», ont crié certains, fiévreusement. La délégation, qui a été introduite à l'intérieur du siège de la wilaya, a été contrainte de revenir sur ses pas sous la pression de quelques manifestants. Les propos du président de la Fédération, Djoudi Touazi, qui lançait au mégaphone qu'il refusait l'invitation des adjoints du président de l'APW, sortis à la rencontre des marcheurs, au motif que l'APW «soutenait le Cnapeste», ont provoqué la colère d'un vice-président de l'APW. La tension est montée pendant un moment entre les deux hommes, mais aussi entre les manifestants eux-mêmes. Reçu finalement par le secrétaire général de la wilaya, Djoudi Touazi a informé ses camarades que les autorités ont pris acte de leurs inquiétudes et qu'il est invité à une rencontre avec le ministre Bedoui, en visite dans la ville. Au moment où certains parents d'élèves ne cachaient pas leur colère contre les enseignants grévistes qu'ils ont invectivés, d'autres parmi les manifestants ont préféré prendre leurs distances par rapport à un éventuel conflit avec les enseignants. «Je ne suis ni contre le syndicat ni contre personne, je suis là pour dire aux autorités qu'elles sont responsables de la situation», s'est écrié un parent d'élève qui croit que la Fédération ménage l'administration. Cumulée avec le mouvement de novembre dernier, la grève actuelle fait que les élèves de la wilaya, notamment les lycéens et les collégiens, sont depuis plus d'un mois sans cours ou avec des cours partiels. La veille, les enseignants grévistes s'étaient rassemblés devant le siège de la direction de l'éducation avant de marcher en nombre, en passant devant le tribunal. Le coordinateur du Cnapeste de Béjaïa, Slimane Zenati, a rappelé les «atermoiements» de la tutelle et déclaré que si le ministère ne remplit pas ses engagements, il faudra s'attendre à une grève qui «ira au-delà des 36 jours», soit la durée d'une longue grève menée dans le passé. «S'ils appliquent leurs engagements, nous reprendrons aussitôt le travail», a lancé Slimane Zenati, rappelant aussi un pv cosigné en 2015. Pour contourner le jugement de la chambre administrative près la cour de Béjaïa, qui a sommé les grévistes de cesser leur mouvement, le Cnapeste a annoncé avant-hier que sa grève de wilaya a cessé le lundi et que depuis hier, les enseignants répondent au mort d'ordre de grève nationale également illimitée.