Devant un parterre de producteurs américains acquis à l'option du schiste, Abdelmoumen Ould Kaddour a parlé de la gestion de Sonatrach et du potentiel des ressources non conventionnelles en Algérie. A Houston, dans l'Etat du Texas, le PDG de Sonatrach a tenté de capter l'investissement américain dans les hydrocarbures de schiste en Algérie. C'est lors d'un forum algéro-américain sur l'énergie que le patron de la compagnie publique des hydrocarbures a fait valoir l'option du schiste, y voyant une pièce maîtresse constituant le puzzle de la sécurité énergétique. Le dirigeant de Sonatrach a parlé aux producteurs américains de la somme de 56 milliards de dollars que la compagnie algérienne entend investir dans les cinq prochaines années. Mais pas seulement. Devant un parterre acquis à l'option du schiste, Abdelmoumen Ould Kaddour a également parlé de la gestion de Sonatrach et du potentiel des ressources non conventionnelles en Algérie. Abdelmoumen Ould Kaddour a ainsi expliqué que la nouvelle stratégie de Sonatrach consiste à diversifier les sources d'énergie du groupe en allant vers des activités nouvelles dans l'offshore et le gaz de schiste. C'est une option qui se précise plus clairement désormais. Le patron de Sonatrach y va sur un terrain plutôt déminé, puisque l'option du schiste est prise en charge par le document portant politique générale du gouvernement, validé, faut-il le rappeler, par les deux Chambres du Parlement, courant 2017. Dans le plan d'action du gouvernement Ouyahia, il est écrit en effet en crayon-feutre que l'Exécutif «encouragera les prospections destinées à mieux connaître le potentiel national en hydrocarbures schisteux. C'est là un impératif pour préserver à moyen et long termes l'indépendance du pays en hydrocarbures. La prospection des hydrocarbures schisteux, qui nécessitera plusieurs années de recherche et d'évaluation, sera menée dans le strict respect de l'environnement et de la santé de la population. Elle sera également accompagnée d'un effort particulier d'explications et de vulgarisation en direction de l'opinion publique». La volonté d'aller vers l'exploitation des hydrocarbures de schiste est ainsi bien vivace, réaffirmée hier plus clairement par le patron de Sonatrach, dans un appel on ne peut plus franc à l'adresse des producteurs américains. Succédant au patron de Sonatrach à la tribune, la vice-secrétaire d'Etat adjoint, Sandra Oudkirk, a tenté d'acquiescer aux vœux des Algériens, laissant entendre que les Etats-Unis s'intéressaient au développement des énergies non conventionnelles en Algérie, relevant au passage leur impact positif sur la sécurité énergétique des pays. Le lobby des «fossiles» à la manœuvre Pour argumenter son propos, Sandra Oudkirk a cité le cas de son pays, les Etats-Unis, devenu en l'espace de 15 années un exportateur net de gaz grâce à l'exploitation de ses ressources non conventionnelles. Le développement de ces projets a «permis de changer le paysage énergétique des Etats-Unis», a-t-elle dit. La diplomate américaine a précisé que le département d'Etat était prêt à accompagner les pays qui veulent se lancer dans cette industrie maîtrisée par les compagnies pétrolières américaines qui détiennent des techniques novatrices en matière de forage et de production. Le plaidoyer prononcé par Abdelmoumen Ould Kaddour en faveur du schiste dénote une certaine volonté du gouvernement d'accélérer l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. L'évolution à vive allure de la consommation interne inquiète le gouvernement. Le déclin de la production des hydrocarbures conventionnels aussi. Devant de tels signaux d'alerte, l'Exécutif aurait cédé face aux pressions menées par le lobby des «fossiles», d'où son revirement dans le dossier des énergies renouvelables qui serait décidément déclassé par celui des hydrocarbures de schiste. Contre un projet initial de produire 4000 MW d'origine solaire à l'horizon 2030, soit environ 27% du mix énergétique national, dont les appels d'offres devaient être lancés en avril 2017, le gouvernement modère ses ardeurs depuis peu, ne parlant désormais que d'un parc photovoltaïque de 500 MW. La capacité actuellement installée ne serait que de 350 MW. Entre-temps, le gouvernement a fait validé par sa majorité parlementaire un document de politique générale qui fait la part belle aux énergies fossiles non conventionnelles. Cette option avait provoqué par le passé les foudres des populations du Sud, ce qui a poussé le gouvernement Sellal à différer la démarche en mettant en veilleuse nombre de forages expérimentaux. L'Algérie dispose de 4940 trillions de pieds cubes (TCF) de réserves de gaz de schiste, dont 740 TCF sont récupérables sur la base d'un taux de récupération (TR) de 15%, à en croire les résultats d'un premier travail de recherche effectué par Sonatrach en association avec des firmes internationales. Ces réserves récupérables ont été calculées pour les zones d'Ahnet, Timimoun, Mouydir, Illizi et Berkine. Avec un taux de récupération de 15%, l'Algérie occupe la 4e position mondiale en termes de ressources techniquement récupérables, juste après les Etats-Unis (dont le taux de récupération varie entre 20 et 50% selon les gisements), la Chine et l'Argentine, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie sur le gaz de schiste réalisé en 2013.