La Banque d'Algérie vient de lever l'obligation faite au secteur pharmaceutique de provisionner chaque facture de médicament importé d'un montant minimal de 120% du montant de l'opération considérée comme une entrave à la disponibilité des médicaments par de nombreux opérateurs. Une décision applaudie par le Syndicat national des pharmaciens d'officine et l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP) qui souligne dans un communiqué rendu public que «ces restrictions à la domiciliation, outre qu'elles auraient contribué à générer des surcoûts insupportables pour les entreprises de la filière pharmaceutique, assimilaient implicitement le médicament à un produit de luxe dont l'importation devait ainsi être découragée. L'application de ces restrictions aurait eu comme conséquence de graves perturbations dans la disponibilité des produits pharmaceutiques.» Mais, le problème de l'indisponibilité demeure encore posé puisque la direction de la pharmacie au ministère de la Santé tarde encore à signer les programmes d'importations pour l'année 2018 déposées il y a déjà trois mois. Ce qui complique davantage la situation, puisqu'actuellement le marché du médicament connaît de véritables perturbations résultant des blocages enregistrés l'année dernière pour la signature des programmes, ce qui induit un effet boule de neige. «La mesure de la Banque d'Algérie s'est ajoutée à tous les facteurs générant les ruptures de médicaments. Ils ont créé un problème pour le résoudre par la suite et c'est tant mieux. Il aurait suffi d'ouvrir une concertation avec les professionnels pour éviter de mettre en œuvre ce type de mesure et finir pour l'abandonner. Mais les facteurs engendrant les ruptures persistent encore. D'ailleurs, les programmes à l'importation pour cette année ne sont pas encore signés surtout pour ce qui est des dispositifs médicaux et certaines matières premières», a souligné Nabil Melah, directeur général des laboratoires Mérinal et membre de l'unop et d'ajouter : «Les opérateurs ne peuvent même plus anticiper sur la production sachant que les retards enregistrés pour la signature des programmes peuvent impacter sur la durée de vie des produits fabriqués. Nous sommes au mois de février ; est-il normal que les programmes ne soient pas encore remis aux opérateurs pour ce qui est des produits finis ?» s'interroge-t-il. D'autres opérateurs producteurs et importateurs affirment que près 30% des programmes seulement ont été signés jusque-là. Ce qui sera encore une fois un facteur déclenchant une véritable tension sur certains produits dont la rupture date déjà de plusieurs mois. «L'installation de la commission de veille dans le cadre du comité de concertation sur les ruptures tel que cela été décidé ne semble pas identifier les vrais problèmes», relève un opérateur. Ainsi, de nombreux médicaments essentiels sont actuellement en rupture dans les pharmacies, confirme le président du syndicat des pharmaciens d'officine, Messaoud Belambri, qui se félicite de l'annulation de la décision de la Banque d'Algérie pour le secteur pharmaceutique. «Nous avons bien alerté les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Santé, dès l'annonce, en 2017, de la décision de la Banque d'Algérie sur ce que cela peut engendrer comme conséquences lourdes sur le marché du médicament. Nous avons déjà été, par le passé, pénalisés par l'instauration du crédit documentaire», a-t-il déclaré. Il déplore au passage que les ruptures touchent plusieurs médicaments dont les corticoïdes injectables, la ventoline par exemple. «Nous sommes en train d'écouler les dernières boîtes des derniers lots. Il nous est très difficile de reconstituer les stocks puisque même les grossistes vivent une situation similaire. Lorsqu'un produit tombe en rupture, le déséquilibre persiste sur plusieurs mois et il est difficile de reconstituer des stocks», a-t-il indiqué.