La rareté de certains médicaments pour maladies chroniques est constatée depuis plus de six mois. Depuis quelques mois, le malade algérien fait face à un manque flagrant de médicaments. Le marché subit, depuis au moins six mois, des perturbations provoquant d'une manière constante des ruptures de stock au sein des officines. La tournée effectuée sur le terrain a confirmé ce constat déjà établi auparavant par les observateurs spécialisés et les pouvoirs publics. Timoptol 5 mg (des gouttes contre l'hypertension), Ventoline, HCG (hormone gonadotropine utilisée en gynécologie), Motilium et Maalox (contre les troubles digestifs), Colchicine (contre la goutte), Glucophage et Diamicron (contre le diabète), Parquenal (contre la maladie de Parkinson)… sont autant de médicaments qui continuent à “bouder” les pharmacies. Une représentante de l'une de ces dernières, située à la rue Didouche-Mourad, confirme cette situation. Elle avoue que ce problème a été soulevé il y a au moins six mois. “J'estime que c'est dû à une perturbation dans l'approvisionnement des grossistes chez qui nous achetons ces produits pharmaceutiques. Ils se sont confrontés à une sérieuse rupture de stock. D'où la rareté constatée au sein des pharmacies”, expliquera notre interlocutrice. “Ça touche, notamment les produits destinés aux maladies chroniques telles que l'hypertension artérielle, la psychiatrie…”, relèvera une de ses consœurs ayant une officine non loin sur la même rue. La pharmacienne de cette agence, qui dépend de l'entreprise de distribution Endimed, tire la sonnette d'alarme car ce manque risque de porter préjudice à la santé du malade. Il représente un danger permanent aux patients qui peuvent à tout moment être victime d'une rechute de leur maladie quand ils arrêtent leur traitement. Elle cite l'exemple du Lopresson (contre l'hypertension) qui est actuellement en manque. “Ce sont des médicaments qui mettent beaucoup de temps pour qu'ils soient introduits et mis sur le marché. L'explication : tout simplement, il n'y a pas eu d'importation”, arguera-t-elle. Cette spécialiste parle en fait de ruptures intermittentes de 2 ou 3 mois d'un médicament, puis le produit devient de nouveau disponible. Les diabétiques et les hypertendus touchés Une chose est certaine, il n'est pas évident, selon elle, de trouver tous les médicaments dont le patient a besoin à tout moment et dans toutes les officines. “La rupture est subie à tour de rôle par les produits à longueur de l'année”, schématise notre source. Environ une centaine de médicaments, toutes classes thérapeutiques confondues, est indisponible, soulignera-t-elle, dans diverses agences. Plus loin, à la rue Hassiba, un autre pharmacien lancera tout de go : “Il y a toujours eu pénurie de médicaments. Cela ne date pas d'aujourd'hui.” Au moment de notre discussion, un client entre dans l'agence et demande un médicament dont la dénomination a provoqué l'étonnement du vendeur. “Auriez-vous Coversil ?” demande-t-il en précisant qu'il s'agit d'un nouveau médicament contre l'hypertension. “Non, ce produit, je ne le connais pas”, répond le représentant de la pharmacie. Au moment de reprendre la discussion, un autre client arrive et tend une ordonnance à notre interlocuteur. “Désolé, nous ne disposons que de l'un des deux seulement”, s'est-il excusé. Une autre cliente demande uniquement le prix d'un médicament. “1 560 DA, madame”, dira-t-il. Interrogé sur la problématique de cette pénurie, notre source nous renvoie chez les importateurs. “Car nous dépendons d'eux”, précisera-t-il. Les officines confirment la pénurie “Ils ne sont jamais en mesure d'assurer une disponibilité de médicaments d'une manière continue”, déplore un pharmacien. “Parfois, nous assistons même à une rupture d'insuline”, affirmera-t-il. Selon lui, les importateurs mettent plusieurs mois pour renouveler leurs commandes auprès des laboratoires étrangers. Ce qui, par conséquent, crée les perturbations dans l'approvisionnement. En termes plus clairs, les responsables des officines estiment que les perturbations sont souvent enregistrées dans le marché du médicament parce que cela intervient lors de la période située entre l'épuisement du premier stock et la préparation d'une nouvelle commande passée par les opérateurs pour l'importation. Pour leur part, les importateurs avancent d'autres raisons. L'union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop) était l'une des organisations qui avait réagi à cette nouvelle donne du marché. La note du ministère de la Santé, appliquée au mois d'octobre dernier et qui impose aux importateurs de médicaments d'avoir une autorisation d'importation signée par la direction de la pharmacie du ministère, est, selon le président de l'Unop M. Ziad, l'une des raisons de la pénurie. Pour lui, cette mesure du ministère pour une régulation du marché n'a pas été sans conséquence sur les modalités d'importation. M.Ziad n'hésite pas à qualifier cette instruction de “licence d'importation”. Il avoue que le marché était libre et tout importateur exerçait ses activités suivant une planification bien établie et que l'étude du dossier d'importation durait trois mois. Or, pour cette année, l'autorisation, précisera-t-il, n'a été accordée qu'au mois de février dernier. Il fallait ensuite élaborer le programme des médicaments à importer, déposer le dossier auprès des services concernés et attendre qu'il soit traité. En revanche, durant cette période, soulignera le président de l'Unop, il y a eu rupture d'importation, et les stocks ont été épuisés. En outre, chaque importateur doit passer sa commande à son fournisseur et patienter entre 4 mois et 6 mois pour recevoir sa marchandise. Les importateurs : “Une note du ministère à l'origine de la pénurie” Un autre problème et non des moindres, freinant les importateurs dans le bon exercice de leurs activités vient d'être soulevé par le premier responsable de l'Unop. Il s'agit de la réactualisation d'une note de la banque d'Algérie, datant de 1991 et interdisant à tout opérateur d'importer des médicaments sans l'accord préalable de la banque. De son côté, le DG de l'Endimed, M. Si Ammour, évoque le problème de soudure des programmes d'importations, c'est-à-dire un manque de planification. Autrement dit, il y a une période creuse entre la réalisation d'un premier programme d'importation et le second. M. Si Ammour indiquera que les stocks chez les importateurs sont souvent épuisés B. K.