Après les produits alimentaires et les matériaux de construction, la spéculation risque de gagner le marché des médicaments et des produits pharmaceutiques. En effet, des pénuries sont de plus en plus signalées au moment où l'Etat, à travers le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, insiste sur la nécessité de généraliser l'utilisation du médicament " générique ". En fait, dans un entretien qu'il a livré au quotidien électronique " toutsurlalgerie”, le président de l'Unop (Union nationale des opérateurs en pharmacie), M. Amar Ziad, n'a pas été moins pessimiste en mettant en garde contre une éventuelle pénurie de médicaments à court terme. Dans son réquisitoire, le président de l'Unop n'incrimine que le département de Amar Tou, auquel il reproche le retard dans la signature des contrats de livraison."Le manque de certains médicaments est dû au retard pris par le ministère de la Santé dans la signature des programmes d'importation. Ces programmes ont été signés vers la mi-février au lieu de décembre, habituellement", a-t-il déclaréM. Ziad, avant d'ajouter qu'en conséquence, "cela s'est répercuté négativement sur les approvisionnements en médicaments car, il faut compter deux mois à partir de la mi-février pour l'arrivée des nouveaux quotas. D'ici là, les stocks actuels de produits pharmaceutiques risquent de s'épuiser et beaucoup de médicaments vont sans doute manquer dans les pharmacies". Contrairement au président de l'Unop, le vice-président de l'Ordre des pharmaciens algériens, M. Amir Touafek, s'est montré moins alarmiste en déclarant qu' "il n'y a pas, à ma connaissance, de pénurie de médicaments déclarée par les autorités sanitaires, même s'il est extrêmement difficile d'évaluer avec exactitude la disponibilité des produits pharmaceutiques dans les officines". Toutefois, ce dernier, reconnaît l'absence totale de tout moyen ou instrument fiable pour le contrôle du marché. De ce fait, M. Touafek estime que "le manque de certains médicaments n'est pas exclu", et, à cet effet, il citera, "trois facteurs essentiels pouvant être à l'origine de perturbations dans la disponibilité des produits pharmaceutiques importés : ruptures au niveau des chaînes de fabrication ou d'approvisionnement des fournisseurs étrangers ; problématique de distribution locale souffrant parfois de disparités régionales qui rend un médicament disponible en quantité importante dans une région et introuvable dans une autre région du pays. Le troisième facteur est l'impact possible de mesures de régulation du marché pharmaceutique initiées par le gouvernement qui répond à des orientations de politiques sanitaires publiques parfois en contradiction avec les objectifs d'entreprises pharmaceutiques qui doivent assurer la viabilité de leur modèle économique". Pour ce qui est de ce dernier facteur, le vice-président de l'Ordre des pharmaciens fait allusion, bien évidemment, à la politique de la généralisation du médicament générique sur lequel le gouvernement ne cesse d'insister. En tout cas, depuis quelques semaines, le manque de médicaments est de plus en plus signalé à travers plusieurs régions du pays et, face à cette situation, plusieurs acteurs du secteur ne cessent pas de prédire une augmentation des prix qui touchera très prochainement les produits pharmaceutiques.