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6 raisons pour écouter l'album «Lemma»
Souad Asla...
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2018

La chanteuse algérienne Souad Asla a enfin réalisé son rêve. Lemma, son nouvel album, sortira, demain en Algérie, aux éditions Ostowana. Un concert aura lieu dimanche 4 février à la salle Ibn Zeydoun, à l'office Riadh El Feth, à Alger, à 19h. Voici les six raisons pour acheter, écouter, réécouter, partager et apprécier cet album qui semble être l'expression d'un défi pour faire entendre les voix des femmes du Sahara algérien.
1 - L'album est le fruit de beaucoup de travail et de détermination de Souad Asla et de 11 chanteuses de la région de Béchar, dont la blueswoman ou la rockeuse, ça dépend, Hasna El Bacharia et la doyenne Hadja Zaza ((Zahra Kherabi). Il a fallu que Souad Asla, l'une des plus belle voix du Sud algérien, rassemble les femmes, habituées aux cérémonies familiales intimes, assiste à des tours de chants à Taghit, à 90 km au sud-est de Béchar, et discute avec les pères, les frères et les époux pour les convaincre de l'utilité du projet culturel.
En plus de Hasna et de Hadja Zaza, il y a aussi Aziza Tahri, Rabéa Boughazi, Fatma Abbi, Khadidja Anebi, Zahoua Boulali, Mabrouka Brik et les sœurs Cheddad, Sabrina et Ismahane.
2 - «Je veux rassembler tout le monde», a confié Souad Asla, mercredi dernier à Alger, après la conférence de presse d'annonce de la sortie de son album. Elle était accompagnée de Rabéa Boughazi, président de l'Association de sauvegarde du patrimoine de Béchar, et d'El Moustach, l'artiste qui a conçu la pochette de l'album.
«Mes amies artistes se sont rassemblées pour collecter des chansons de notre patrimoine pour qu'il ne se perd pas», a précisé Souad Asla. Lemma est donc fait dans un esprit fédérateur. Elle a rassemblé les femmes pendant plusieurs jours à Taghit dans des résidences de chant et de recherche pour sélectionner les morceaux à interpréter et à mettre dans l'album.
Une cinquantaine ont été finalement choisis. «Mais, nous n'avons enregistré en studio que 26 morceaux. Il faut souligner que ces chansons populaires n'ont jamais été enregistrées. Le choix s'est fait après discussion avec tout le groupe. C'est un travail collectif», a souligné Souad Asla. Il s'agit d'un précieux travail de documentation aussi. Le projet est d'ailleurs soutenu par le Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) que dirige Slimane Hachi
3 - Riche de 16 chansons, Lemma est une invitation à la découverte du patrimoine musical et poétique de la région de la Saouara. Il y a, bien entendu, le diwane, l'héritage gnawi que l'Algérie partage avec le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Soudan, le Mali et le Niger. Il y a aussi le Zefani, genre musical n'existant que dans la région de Béchar, El Haydous, qui rassemble le chant et la danse.
El Haydous est présent également dans le Maroc oriental, sous une forme similaire. Le genre Es-Saf, de la région de Tlemcen et de Sidi Bel Abbès, tire une partie de sa sève d'El Haydous surtout dans la pratique du chant. La couleur festive d'El Haydous est plus intense que celle du Melhoun, présent également dans l'album de Souad Asla.
Le Melhoun, qui s'appuie sur des instruments tels que l'oud ou le violon, tire sa puissance expressive des paroles. Souad Asla, qui a introduit quelques arrangements, a ajouté une petite touche de douceur. «Je voulais surtout garder les chants dans leur authenticité pour permettre au public de mieux les découvrir», a confié Souad Asla, qui a conçu tout le projet Lemma. Dans l'album, il y aussi El Hadra, la musique de transe, et El Ferda, habituellement interprété par les hommes.
Le style El Ferda, avec la célèbre caisse de percussion, a été introduit dans l'album par Souad Asla et son ensemble. Autant parler d'un tabou cassé puisque El Ferda féminin se joue sans cet instrument et entre femmes uniquement. A découvrir aussi, le Zefani qui fait «parler» le bendir !
4 - Les ensembles féminins de la Saoura mais également de la région d'El Bayadh, les Djebbariat, apparaissent au grand jour dans l'album Lemma, pour la première fois. D'où l'originalité et la valeur de l'album. Les Djebbariat, qui ressemblent dans la composition et le mode d'interprétation au Mesam'aa d'Alger, de Blida et de Koléa ou les Fkeirat de Annaba, n'interviennent que dans les espaces fermés dans les fêtes de mariage ou de circoncision.
Dans le bécharois, les Djebbariat sont les reines des soirées familiales sous les étoiles du Sud. Au fil du temps, elles ont développé un chant particulier puisant les paroles dans la profonde tradition orale du Sud-Ouest algérien, transmise de mère en fille depuis des siècles. Un chant, souvent choral, construit sur les percussions.
5 - La présence de Hasna El Bacharia, la femme qui a cassé tous les codes avec courage et sagesse à Béchar, donne une force morale à cet album, perçu, dès le départ, comme un défi. La maâlma, qui a osé toucher au gumbri au milieu de la réprobation masculine, joue également du banjo surtout dans la chanson Ya Allah, a Baba Mimoun, donnant à l'opus un délicieux parfum.
Le banjo est soutenu par le karkabou. C'est nouveau, mais ça vaut le coup. Avec Asla, on ose ! «Il était primordial que Hasna El Bacharia soit dans le groupe. Hasna connaît toutes les autres chanteuses.
Elle a déjà travaillé avec elles depuis déjà des années», a expliqué Souad Asla. Dans les clips tournés par Badi Sahraoui, dans la Saoura, Hasna El Bacharia, 68 ans, est toujours assise au milieu en tenue traditionnelle blanche avec un instrument en main. Hasna n'a pas besoin de couronne pour être reine !
6 - Lemma est en fait l'aboutissement d'une action artistique menée avec courage, intelligence et patience par Souad Asla depuis plus de deux ans. Dans un souci de préservation du patrimoine musical porté par les femmes de la région de Béchar, elle a monté un spectacle vivant au nom de Lemma.
Elle était inquiète par le désintérêt manifeste des jeunes filles de Taghit pour les séances hebdomadaires de la Hadra (qui ressemble beaucoup aux rituels des Aissaoua). «C'était une alerte pour moi. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose pour éviter la perte de ce patrimoine national. J'ai donc décidé de monter le groupe Lemma, aidée par Rabéa Boughazi, une amie de longue date, qui dirige une association à Béchar. J'ai eu beaucoup de difficultés pour avoir le financement pour produire cet album.
J'ai suivi mon intuition, mais je n'ai pas réalisé ce que cela représentait comme effort pour faire sortir un album. Il fallait de l'argent pour les voyages, les résidences et autres. Maya (la manager) m'a beaucoup aidé. Heureusement que ce genre de personnes existent en Algérie. C'est grâce à elle si on est là aujourd'hui. L'ONDA (l'Office national des droits d'auteur) m'a également soutenu.
Pour moi, cet album représente un rêve qui se réalise», a confié Souad Asla. Elle souhaite faire une tournée en Algérie pour «mieux faire découvrir l'héritage culturel immatériel de Béchar». La capitale de la Saoura est déjà une grande place musicale dans le Sahara algérien avec l'irremplaçable Alla et son Foundou, puisé dans la beauté apaisée des espaces du Grand Erg occidental, avec El Ferda et les chants spirituel de Kenadsa, Es-Sed et, bien entendu, Gâada Diwan Béchar qui a invité la voix du Gourara, l'unique Aïcha Lebgâa, à se joindre au groupe.
Gourara, Saoura, Touat ou Tassili N'ajjer, des régions intensément riches sur le plan culturel. Il y a encore plein de trésors à découvrir. Souad Asla a montré le chemin. Un effort qui exige aussi le soutien de l'Etat. Il s'agit d'une richesse nationale à préserver. Pour l'Etat, c'est un devoir.


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