Maâlem Medjbar a captivé les présents par sa prestation de haute facture. Le «maitre» a harmonisé le diwan avec d'autres genres musicaux comme le malhoun et le chaâbi. Et il sera longuement ovationné En diapason avec la spiritualité des soirées ramadanesques du mois sacrée, l'Office national de la culture et de l'information (Onci) a organisé jeudi dernier à la salle El Mouggar, une soirée spéciale dédiée aux chants mystiques avec Souad Asla et la «Laâma El Becharia» et la haute prestation de Maâlem Medjbar. Dans une ambiance d'authentique diwan de la région de la Saoura, plus d'une dizaine de musiciens et interprètes femmes ont envoûté les présents par leur maîtrise de l'art de jouer du goumbri, bendir, tbel, karkabou et d'el Ferda autour du duo de choc Souad Asla en maître de cérémonie et la grande dame du gnawi algérien Hasna El Bacharia. Dès le début, le public a apprécié la remarquable prestation de Lemma Becharia, l'ensemble féminin qui sublime l'héritage ancestral avec la fougue de l'insoumission pour faire éclore le talent féminin. Créée il y a plus d'une une année, par la talentueuse Souad Asla, la troupe féminine, vêtue de «Lizar», une tenue traditionnelle propre à la région de Bechar, interprète dans leurs répertoires, les quatre styles musicaux du patrimoine de la Saoura en l'occurrence : el Ferda au féminin, Djebariates, Zefani, Hadra. Ainsi le diwan et le medh était également à l'honneur avec notamment les incontournables et désormais cultes «Dada yemma», «Allah ya Moulana» et «Baba mimoune». Ainsi, les mélomanes présents ont pu découvrir ou apprécier la «el Ferda» féminine, le diwan mais aussi des chants traditionnels des «Zeffanates» et «Djebbaryates » (troupes musicales locales) chantés lors des fêtes familiales ou populaires. Ce spectacle est le fruit d'une résidence de création organisée il ya prés de deux ans à Taghit dans le but de rassembler les chants et musiques traditionnels, transmis oralement et qui sont menacés de disparition, dans un spectacle complet. Souad Asla qui se considère comme la fille spirituelle de Hasna El Bcharia aspire à promouvoir cet art tout en organisant une second résidence afin d'enregistrer ce legs dans un album et trouver des financements pour créer une école de musique pour les jeunes filles de la région. Le spectacle n'est que la récolte d'un travail clandestin et anonyme de longue haleine par celle qui le porte aujourd'hui à la grande famille de la culture. «Laâma Becharia» est un spectacle d'art vivant, une comédie musicale, un voyage au féminin au cœur du patrimoine culturel de Bechar et de sa région. Ainsi dans la présentation du spectacle, il est souligné que Laâma Becharia est «une rencontre, une invitation à faire revivre et partager un patrimoine oral transmis de mère en fille depuis des décennies. Le spectacle propose de mettre en scène trois disciplines à travers douze artistes intergénérationnels de la région, par leurs musiques, chants, danses, rythmes… qui émergent dans un univers multi- sensoriel.» Dès lors, «à travers cette création artistique, Souad Asla invite le public à découvrir les saveurs cachées de ces femmes artistes de la Saoura et à goutter aux fruits de sa rencontre avec elles, travail de sauvegarde et de mise en lien de ce qui tend à disparaître, ce spectacle se veut le témoin de ce qui unit et au delà du temps et de l'espace.» Dans la deuxième partie de la soirée, maâlem Medjbar, qui a captivé les présents par sa prestation de hautes factures et son talent d'harmoniser le diwan avec d'autres univers musicaux à l'instar du malhoun et du chaâbi. Le célèbre maître du diwan a été longuement ovationné, pour telle une offrande à son spectacle exceptionnel ou le diwan, dans son expression rituelle, gumbri, le karkabou, le ganga, le chanteur «le kouyou bango» et les choristes, «les gnadiz», ont été respectés tout en offrant un souffle rafraîchissant. S. B.