Des poids lourds de l'automobile et des transports sollicitent la technologie de l'opérateur algérien à travers des contrats de sous-traitance. Au lendemain de la suspension de l'importation des téléphones cellulaires, nombre d'opérateurs cherchent de nouvelles solutions pour aller de l'avant, dans une industrie d'assemblage qui a vu le jour il y a si peu. Pour Bomare Company, la liste des 852 biens et consommables suspendus à l'importation renforce la vision du développement de l'entreprise. L'abandon de l'importation des smartphones permet de porter un autre regard sur l'avenir de l'industrie électronique, selon Ali Boumediene, patron de Bomare Company, rencontré dans les locaux de son entreprise. Inquiet ? Non ! rétorque Ali Boumediene, convaincu que cette mesure pourrait être un déclic pour nombre d'opérateurs qui croient en leurs capacités de passer à une autre étape, «celle de la création de vraies entreprises». D'autant qu'après des années d'importations, il était temps d'investir dans l'usinage et l'intégration. «Pour peu que le ministère de l'Industrie et des Mines y contribue avec la confection d'un cahier des charges imposant aux opérateurs activant dans l'assemblage des smartphones à évoluer dans le métier et dans les taux d'intégration.» «Nous plaidons pour qu'il y ait un cahier des charges pour l'émergence d'une vraie industrie du smartphone. Pour ce faire, il faut passer à l'interdiction carrément d'importer certains composants pour aider à l'émergence d'une production locale», indique Ali Boumediene, directeur exécutif de Bomare Company, une entreprise qui a blanchi sous le harnais dans le domaine de l'assemblage. Après avoir investi dans l'importation des produits électroniques et électroménagers de 1992 à la fin des années 1990, Bomare Company change son fusil d'épaule et décide de passer à l'usinage. Le début des années 2000 était une étape charnière qui a été marquée par l'investissement dans la fabrication locale et l'amélioration des scores en matière d'intégration. Une première unité de fabrication de cartes électroniques a été acquise par Bomare Company. Ce partenariat avec l'américain Universal aura tenu toutes ses promesses parce qu'il allait propulser Bomare Company au rang de premier fabricant de cartes électroniques en Algérie. Dans ce métier surtout, l'entreprise de Ali Boumediene veut devenir incontournable. Bomare Company va d'ailleurs se lancer courant 2018 dans la sous-traitance automobile à travers la fourniture de cartes électroniques. «Nous avons déjà acquis l'équipement et nous sommes en cours d'homologation», nous a indiqué le patron de l'entreprise. C'est ainsi que l'opérateur entend apporter sa pierre à l'énorme édifice de la sous-traitance automobile auquel s'adonnent le gouvernement et nombre de concessionnaires. Les investissements de Bomare Company dans l'usinage des cartes électroniques ont amené d'autres poids lourds des transports à solliciter sa technologie. L'entreprise de Ali Boumediene va également équiper des rames en cartes électroniques. Elle est d'ores et déjà certifiée pour sous-traiter la fabrication de la carte électronique qui doit équiper les rames destinées au marché algérien. Les marchés extérieurs dans le viseur C'est ainsi que Bomare Company veut accélérer dans sa transformation, en s'investissant davantage dans l'intégration. Mais pas seulement. Les prochaines années seront marquées par un retour franc à l'exportation, par le positionnement des produits de la marque sur les marchés internationaux, ainsi que par une amélioration nette des scores en matière d'intégration et de production. Les produits de Bomare Company seront commercialisés en France et en Allemagne courant 2018. Voilà quelques mois déjà que l'entreprise travaille sur ce projet en association avec deux distributeurs, et non des moindres, Leclerc pour le marché français et MediaMarkt pour l'allemand. L'entreprise place déjà ses produits en Espagne et au Portugal, mais ces deux marchés risquent de lui filer entre les doigts pour cause d'une réglementation contraignante. La première expérience de Bomare Company à l'export s'est soldée par un arrêt «accidentel» ; les procédures bancaires et douanières y étaient pour beaucoup, regrette Ali Boumediene. En 2007, il y a dix ans déjà, son entreprise exportait des cartes électroniques vers l'Europe. Une belle épopée étouffée dans l'œuf par une administration économique handicapante. Pour Ali Boumediene, l'heure est à l'export, quand bien même les contraintes seraient légion. Convaincu que les choses allaient évoluer dans le bon sens, il met pleins gaz vers les marchés extérieurs. Les marques commercialisées par son entreprise, LG et Stream en l'occurrence, seront placées dès 2018 sur les marchés maghrébin et africain. La priorité sera donnée aux téléviseurs et smarthphones LG fabriqués localement ; une stratégie qui devrait se solder par le placement un peu plus aisément des produits Stream sur les mêmes marchés. L'opérateur algérien, qui affiche des résultats financiers solides à l'issue de l'exercice 2017 avec, au tableau, une hausse de 20% de son chiffre d'affaires, dont 4% à l'export, veut faire vrombir davantage ses appareils pour pouvoir porter la production à ses meilleurs records. L'objectif est de produire 1,5 million de téléviseurs à l'horizon 2020-2021 et 3 millions de smartphones à la même échéance, contre respectivement 350 000 et 700 000 unités aujourd'hui. La seconde ambition de l'opérateur consiste à faire évoluer le taux d'intégration à 75% pour les téléviseurs et 54% pour les téléphones cellulaires à l'horizon 2020-2021. Pour ce faire, Bomare Company a décidé d'investir davantage dans le facteur humain. L'entreprise vient de doter l'université de Blida d'une ligne d'insertion de 1,5 million de dollars, destinée à former les ingénieurs en électronique, lesquels seront coachés par Bomare Company en vue de futurs accords de sous-traitance. L'opérateur, qui veut accélérer aussi dès cette année dans l'export, entend acheminer 60% de sa production à l'international vers 2020.