C'est l'éternel recommencement pour les migrants subsahariens. En effet, une dizaine de jours seulement après leur rapatriement, ils sont de retour à Akbou. De gros baluchons sur la tête, des bébés sur le dos, des processions de femmes traînent leurs guêtres le long de la RN26. Du côté de Bouzeroual, à la périphérie ouest de la ville, un groupe de migrants trouve refuge sous un pont. Des familles entières prennent leurs quartiers dans un lit d'oued. D'aucuns s'activent déjà à dresser un baraquement fait de bric et de broc, pendant que d'autres s'affairent à débiter du bois sec. Se blottir au coin du feu est un réflexe de survie, pour passer les longues et glaciales nuits d'hiver. Au centre-ville, de jeunes migrants, plus dépenaillés que jamais, errent dans les différents quartiers et pénètrent dans les commerces pour solliciter l'obole. En groupe ou en solo, des femmes mal nippées écument les rues passantes. Flanquées de toute leur smala, elles tendent la sébile, en quête d'une hypothétique piécette. Brisés par la précarité et les aléas du destin, ces infortunés migrants sombrent dans une détresse sans remède.