On les voit de plus en plus ces derniers temps déambuler à travers les rues de la capitale, quémandant l'obole. On les rencontre en haillons à chaque coin de rue, au seuil d'une mosquée ou éparpillés pêle-mêle sur le trottoir. On les croise mal fichus, entassés par grappes à l'entrée des immeubles, dans les marchés, ou devant des magasins assis à même le sol sur des couvertures mal foutues. On les voit flanqués de leur marmaille souffreteuse, improviser des campements dans les gares routières et ferroviaires et sur certains axes à forte affluence. Ce sont ces Subsahariens dont on nous dit qu'ils sont pris en charge dans des camps d'accueil. Ce sont ces migrants sahéliens : Maliens, Nigériens, Tchadiens et autres, que le CRA dit avoir rapatriés dans des conditions humanitaires dans leurs pays d'origine qu'ils ont fuis depuis des années, à cause de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire. On les retrouve squatter derechef le dédale de nos cités, ajoutant au décor du lot des mendiants ‘'sédentaires'', bien de chez nous. Il n'y a pas de doute que la détresse de ces migrants qui ont choisi d'atterrir sous le ciel cléent d'Algérie, ne laisse pas insensible le commun des citoyens. Dure et amère réalité. Chaque jour que Dieu fait, on voit leur nombre croître un peu plus. Mais interrogeons-nous tout haut sur ce que d'aucuns pensent tout bas : notre regard attendri envers ces gens loqueteux, qui grossissent la frange des mendigots SDF faisant la manche depuis des lustres sous les arcades des avenues, les rues et ruelles de la capitale, serait-il la panacée à même de soulager leur mouise qu'ils traînent à longueur de journée dans les quartiers de la médina, surtout en ce mois béni de Sidna ramadhan ? Serait-il judicieux de donner à ces traîne-misère juste quelques becquées de nourriture au pied d'un immeuble et remplir de quelques picaillons la sébile que tend leur progéniture devant la procession de voitures pour voir notre esprit apaisé et le devoir accompli ? Serait-il inconvenant pour les pouvoirs publics de ranger – pour ne pas dire parquer – ces migrants errants dans des espaces aménagés en leur offrant le gîte et le couvert avant de décider de leur sort : les rapatrier une fois pour toutes ou réglementer leur présence en les installant pour de bon sur le sol Algérie ? On n'en disconvient pas que toute attitude xénophobe est à bannir, mais faut-il en convenir que la scénographie que nous renvoie présentement la rue est loin de nous plaire, à défaut de donner et le haut-le-coeur et le haut-le-corps.