Il va sans dire que la manche est, dans la plupart des cas, la résultante directe de l'indigence qui frappe de larges pans de la société. Il n'est pas faux de relever, cependant, que cette pratique est dans bien des cas motivée par la seule quête d'argent. Argent facile s'entend. La ville de Tazmalt n'échappe malheureusement pas à ce phénomène, qui connaît une hausse importante, eu égard au nombre de mendiants qui écument artères et venelles de la cité. Vêtus souvent de haillons, ils implorent dès la pointe du jour, la compassion et la générosité des passants pour une hypothétique thune. «Pourtant, dispose un habitant de Tazmalt, la majorité, pour ne pas dire tous ces supposés mendiants, ont une situation sociale des plus enviables. En tous cas, d'après les échos qui nous parviennent, ils ne sont pas plus pauvres que vous et moi». Pour notre interlocuteur, tendre la sébile est devenue pour ces loqueteux une espèce d'addiction, au même temps qu'un filon générateur d'argent facile. Il en veut pour preuve, cette mendicité sélective qui n'agrée que la monnaie sonnante et trébuchante. «Je refuse catégoriquement de donner la pièce, sauf si la pauvreté ou l'impotence du mendiant crèvent les yeux», dira un autre citoyen de Tazmalt, qui parle de «marché de dupes». Un bébé sur les bras, une ordonnance médicale défraîchie épinglée sur le giron, une dame mal nippée tente d'apitoyer les passants à l'entrée du marché hebdomadaire. «Ils n'arrêtent pas d'innover dans les méthodes et les stratagèmes pour soutirer de l'argent à la plèbe. Le tout étant de se remplir la musette en fin de journée», estime un quadragénaire, résident au quartier ex Merlot de Tazmalt. Non loin de là, une fille d'âge nubile fulmine contre son sort et jure qu'elle a été acculée à la mendicité. «Mes parents m'ont initiée à cette pratique dès l'âge de 10 ans. On m'a évincée des bancs de l'école et mon papa m'a alors ordonné de faire la manche pour contribuer à nourrir la famille», clame-t-elle, les yeux embués de larmes. Le cas de cette jeune fille est loin d'être unique. Bien au contraire, des jeunes pas encore pubères, sont sans cesse plus nombreux à investir l'espace public pour s'y adonner à la mendicité.