Hier encore, les étudiants de l'ENS de Constantine ont investi le centre-ville, devenu depuis plusieurs semaines le théâtre de leur mouvement de protestation. La place de la pyramide a été envahie par des centaines d'étudiants en colère, brandissant des pancartes et scandant des slogans hostiles à la ministre de l'Education. Vers 11h, les lieux étaient noirs de monde, dont beaucoup de curieux qui se sont interrogés sur l'efficacité de cette action causant des désagréments aux passants, mais surtout aux automobilistes. La circulation a été bloquée sur plusieurs axes. L'avenue JFK, prolongement de la pyramide qui abrite le cabinet du wali et la station du métro, a été tout simplement interdite aux piétons. Un dispositif sécuritaire drastique a été déployé le long du parcours du tramway afin d'empêcher un rassemblement identique à celui de lundi dernier. Ce jour-là, les normaliens avaient afflué vers la station Emir Abdelkader et bloqué la circulation des rames durant toute une matinée. Hier, le point de ralliement s'est orienté vers la place de la pyramide qui fait jonction avec les principales artères de la ville. Cette marée d'étudiants assez impressionnante ne désarme pas et campe sur sa position, tout en espérant voir se profiler à l'horizon un dénouement favorable à son débrayage, entamé il y a trois mois. A rappeler que dans la plateforme revendicative, il est question de ne pas toucher à l'article 4 du contrat d'accès à l'ENS, qui stipule le recrutement de l'étudiant dès la fin de son cursus, et ce, selon l'adresse mentionnée dans ledit contrat et, par conséquent, ne pas avoir à s'inscrire sur la base numérique du recrutement national, avoir accès au master et au doctorat et être prioritaires lors des recrutements. «Je réaffirme encore une fois que la priorité dans le recrutement au niveau local est accordée aux diplômés des ENS dès la fin de leur formation, et ce, en fonction des postes et spécialités demandés dans leurs régions. Pour ceux dont la spécialité n'est pas disponible, ils seront recrutés dans les wilayas limitrophes», a tenu à rassurer la ministre de l'Education à partir de Ghardaïa, en marge de la conférence nationale portant sur les alternatives pédagogiques et didactiques pour la compréhension de l'écrit, tenue du 29 janvier au 1er février en cours. Les déclarations de Nouria Benghabrit n'ont pas opéré l'effet escompté pour éviter l'année blanche. Aucun revirement dans le camp des normaliens, qui exigent la concrétisation par écrit de ces promesses. Et cette protesta a été rejointe géographiquement par les étudiants de l'Institut des sciences et technologies de l'éducation physique et sportive (Steps) de l'université Constantine 2. Ces derniers ont, pour leur part, battu le pavé, à quelques mètres du siège de la direction de l'éducation nationale, sise à El Coudia. Ils revendiquent le droit d'exercer aussi leur profession dans le palier primaire. Ce à quoi la tutelle a opposé une fin de non-recevoir.