Menace de la tutelle et détermination des grévistes. La ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit, a confirmé la décision de radiation des enseignants grévistes affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). Dans un entretien diffusé mercredi par Canal Algérie, Mme Benghabrit a précisé que la décision concerne pour le moment 580 enseignants de la wilaya de Blida. «Pour les autres wilayas et à partir du moment où la grève est considérée comme illégale (par la justice), les enseignants qui sont engagés dans ce processus sont en abandon de poste. Il a été donné instruction pour que des mises en demeure puissent être envoyées, et là on appliquera totalement le canevas établi par le ministère du Travail», a annoncé la ministre qui précise que les grévistes sont «en situation de désobéissance» en acceptant de suivre l'injonction de leur syndicat de ne pas accuser réception des documents de la tutelle. Intervenant jeudi dernier à la radio Chaîne III, l'inspecteur général du ministère de l'Education, Nadjadi Messeguem, précise qu'entre 500 et 600 enseignants de la wilaya de Blida risquent la radiation. «Nous avons entamé la procédure par l'envoi des mises en demeure aux enseignants grévistes les enjoignant de reprendre les cours», a précisé M. Messeguem, constatant que «des milliers d'enseignants regagnent quotidiennement leur poste de travail». Le coordinateur national chargé de la communication au Cnapeste, Messaoud Boudiba, considère «illégale» une décision qui «n'apaise pas la situation». «C'est un acte illégal qui ne permet pas d'apaiser la situation. Il pousse, au contraire, au pourrissement. Les enseignants maintiennent la grève et les responsables du ministère ont tort de considérer qu'ils pourront les faire revenir sur leur décision par des méthodes irresponsables», s'offusque M. Boudiba, dans une déclaration à El Watan. Réglementer le droit à la grève ? Précisant que la grève est suivie à 70%, principalement dans le secondaire et le moyen, le porte-parole précise que «la solution c'est de s'asseoir autour de la table du dialogue». «Nous sommes disposés à prendre part à ce dialogue», affirme le syndicaliste qui signale que son organisation n'a pas reçu d'invitation formelle du ministère. La plateforme de revendications du Cnapeste, qui a lancé une grève illimitée depuis le 30 janvier dernier, s'articule autour de problèmes «restés en suspens» depuis 2015 : la régularisation de la situation des personnels occupant des postes en voie de disparition, la médecine du travail, l'actualisation de la prime de zone (wilayas du Sud), le logement et les promotions. Excluant l'hypothèse de l'année blanche, l'inspecteur général de l'éducation, Nadjadi Messeguem, précise que «la tutelle a fait appel aux vacataires pour dispenser des cours afin de rattraper le retard enregistré, à l'instar de la wilaya de Blida où 426 enseignants remplaçants ont été recrutés». Emboitant le pas à la ministre du secteur, M. Messeguem a déploré l'existence de plusieurs lacunes dans le texte régissant le droit de grève, et proposant sa «révision». «Le droit de grève est constitutionnel, mais nous souhaitons qu'il soit mieux réglementé parce que nous considérons que le texte régissant ce droit comporte actuellement des lacunes», constate-il, faisant remarquer que dans beaucoup de pays la grève est interdite dans le secteur de l'éducation. Organisés en coordination, des syndicats autonomes du secteur de l'éducation ont appelé à une grève nationale de deux jours, les 20 et 21 février en cours. Ces syndicats soutiennent également le mot d'ordre de grève nationale le 14 février, à laquelle a appelé l'Intersyndicale.