Phrase choc, discours haineux et volonté de faire le buzz ; depuis quelques jours, la cheffe islamiste d'un parti microscopique, Naïma Salhi, crée la polémique. La dame, élue députée de la wilaya de Boumerdès (elle est native de Constantine), a surfé sur la corde sensible de l'identité pour provoquer une partie de la population algérienne. La réponse sur les réseaux sociaux et au Parlement a été violente. Tout a commencé par une interview dans un journal arabophone. Naïma Salhi, présidente du parti L'équité et la proclamation, une formation politique islamiste fondée en 2012, a indiqué qu'elle «va interdire» à ses enfants d'étudier tamazight. Puis, quelques heures plus tard, elle récidive, et en compagnie de son mari, un militant islamiste, elle enregistre une vidéo d'une rare violence. «Si ma fille parle kabyle, je la tue !» a-t-elle déclaré. Elle a tenté, quelques jours plus tard, d'expliquer qu'elle parle des «Kabyles extrémistes, francophiles» et de la langue «kabyle concoctée dans l'académie française, sioniste». Mais le mal est fait. Sur les réseaux sociaux, les réactions se sont enchaînées. Des artistes, journalistes et simples citoyens, y compris des grand-mères au foyer ont tenu à répondre à la dirigeante islamiste. «Avant de vous exprimer, vous devriez d'abord lire des livres», a répondu sagement le militant et historien Mohand-Arezki Ferrad, un des rares à avoir accepté la confrontation avec la députée sur un plateau de télévision. D'autres ont également tenu à rappeler à Mme Salhi que la langue berbère n'est pas «un dialecte» et qu'elle existe depuis des millénaires. C'est le cas du chanteur Mohamed Allaoua et du journaliste et polémiste Hichem Abboud. Au niveau de l'APN, certains députés ont demandé la levée de l'immunité parlementaire de la députée. C'est le cas de Khaled Tazaghart, qui relève le viol de l'article 3 de la Constitution qui officialise la langue amazighe. D'autres parlementaires, pas forcément berbérophones, ont également dénoncé les propos de Mme Salhi, qualifiés d'attentatoires à l'unité nationale. Mais cela n'a pas suffi. Naïma Salhi est notamment défendue par son mari. Mohamed Salhi, un ancien dirigeant de Nahdha, s'en est même pris au chantre Lounès Matoub, assassiné il y a 20 ans. De quoi attiser le feu davantage ! Ce n'est pas la première fois que Naïma Salhi crée la polémique. Il y a deux ans, elle a fait parler d'elle en plaidant pour la généralisation de la polygamie. Plus récemment, elle a prétendu être une «cible du Mossad». Ce qui fait dire à certains hommes politiques, comme Soufiane Djilali, que la dame n'est pas en possession de ses facultés intellectuelles !