L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'inquiète de la hausse de l'offre américaine, alors que les prix ont reculé la semaine dernière. Dans son rapport mensuel rendu public hier, l'organisation a revu à la hausse la croissance de l'offre non OPEP pour 2018, croissance qui devrait atteindre 1,40 million de barils par jour (mbj), contre une croissance de 1,15 mbj attendue le mois dernier, pour atteindre une offre totale moyenne de 59,26 mbj. Les Etats-Unis ont majoritairement contribué à cette révision avec +0,16 mbj. «La hausse de la production aux Etats-Unis demeure préoccupante», a-t-elle souligné dans son rapport. Fin 2016, l'OPEP et ses dix partenaires, dont la Russie, ont scellé un accord de réduction de leur production, afin de rééquilibrer l'offre et la demande mondiales et faire remonter les prix. Cet accord, qui a été renouvelé jusqu'à fin 2018, ainsi que des perturbations involontaires de la production, notamment au Venezuela, ont fait grimper les prix du pétrole. Mais les producteurs américains ont largement profité de cet accord et de la hausse des prix qui a suivi pour relancer de plus belle le pétrole de schiste redevenu rentable. La production de l'OPEP a diminué en janvier de 8000 bpj à 32,302 millions de bpj, est-il écrit dans son rapport mensuel. Ses membres ont ainsi respecté à 137% leurs objectifs de production, selon un calcul de Reuters, contre 129% en décembre. La baisse de la production s'explique par la chute des extractions vénézuéliennes (-47 300 b/j) provoquée par la crise économique et politique qui secoue le pays, et dans une moindre mesure par une production moins élevée en Angola. Par contre, elle a augmenté chez les deux plus gros producteurs de l'organisation, l'Arabie Saoudite et l'Irak, ainsi qu'en Libye. La dynamique d'une hausse des prix a été brisée la semaine dernière, alors qu'ils étaient «au plus haut en plus de trois ans» fin janvier, selon le rapport de l'OPEP qui se félicitait des «efforts de rééquilibrage» et de «la croissance économique soutenue». En effet, le baril de light sweet crude et celui du brent de la mer du Nord ont perdu respectivement 9,55% et 8,59% sur la semaine, retrouvant leurs niveaux de fin et mi-décembre. Le pétrole coté à Londres et à New York a ainsi connu sur la semaine sa plus forte chute hebdomadaire en deux ans, pénalisé par la volatilité à Wall Street et la hausse de la production américaine. L'OPEP a par ailleurs légèrement relevé sa prévision de croissance mondiale à 3,8% en 2018 (+0,1 point), entraînant une révision à la hausse de la demande de pétrole, estimée à 98,60 mbj, soit une croissance de 1,59 mbj sur l'année. Autre sujet d'inquiétude, l'annonce faite par les Etats-Unis de vendre 100 millions de barils de pétrole de leurs réserves stratégiques d'ici à 2027 pour parer au déficit du Trésor. Certains analystes jugent que la décision des Etats-Unis de recourir au pétrole provenant de leurs réserves n'est pas suffisamment motivée par la nécessité de stabiliser le budget, mais a pour but de déclencher une guerre sur le marché visant à affaiblir les grands producteurs, comme la Russie et l'Iran.