Cyril Ramaphosa, chef du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), «est dûment élu président de la République d'Afrique du Sud», a déclaré le président de la Cour constitutionnelle, Mogoeng Mogoeng, sous les applaudissements des députés réunis en session extraordinaire. En l'absence d'un autre candidat face à Cyril Ramaphosa, Mogoeng Mogoeng l'a déclaré président de la République sans même procéder à un vote. A l'annonce du résultat, le nouveau Président, assis au premier rang dans l'hémicycle, a fait un salut de la tête, tout sourire. Depuis son accession à la tête de l'ANC en décembre, Cyril Ramaphosa, 65 ans, tentait de se débarrasser au plus vite de Jacob Zuma, mêlé à plusieurs scandales de corruption. Son élection à la tête de l'Etat met fin à la crise politique causée par l'obstination de Jacob Zuma à ne pas quitter le pouvoir. C'est dans un communiqué, que l'ANC, qui dispose de la majorité absolue au Parlement, a confirmé qu'il présenterait la candidature de M. Ramaphosa, son chef et actuel vice-président du pays, pour diriger, à titre intérimaire, les affaires du pays, alors que la prochaine présidentielle est prévue pour 2019. Le tout nouveau président sud-africain, Cyril Ramaphosa, s'est engagé hier à faire de la lutte contre la corruption une de ses «priorités», signifiant sa volonté de se démarquer de son prédécesseur Jacob Zuma, empêtré dans plusieurs scandales. «Les problèmes de corruption, les problèmes liés à la nécessité de redresser les entreprises publiques (...) font partie de nos priorités, ce sont des problèmes auxquels nous allons nous atteler», a déclaré M. Ramaphosa devant les députés. «Je travaillerai très dur pour essayer de ne pas décevoir le peuple sud-africain», a-t-il ajouté. Cyril Ramaphosa a été syndicaliste, dauphin pressenti de Nelson Mandela puis homme d'affaires à succès. Son accession à la tête du pays sonne comme une consécration pour cet enfant de Soweto, militant de la première heure de la lutte contre l'apartheid. Et une revanche. En 1999 déjà, Cyril Ramaphosa avait cru pouvoir décrocher son Graal. Considéré comme le «fils préféré» de l'icône Mandela, il s'était déjà présenté à la présidence de l'ANC. Mais les caciques du parti lui avaient finalement préféré Thabo Mbeki. Déçu, il avait fait mine de renoncer à toute prétention présidentielle pour se consacrer aux affaires. Fortune Mais après avoir amassé une fortune de près de 378 millions d'euros, selon le classement 2015 du magazine américain Forbes, M. Ramaphosa est revenu dans l'arène politique en se faisant élire, en 2012, vice-président de l'ANC. En décembre dernier, il accède à la présidence du parti en promettant de refermer définitivement la page des scandales qui ont agité le règne de Jacob Zuma. Cette élection intervient après la démission de l'ancien président, M. Zuma. Ce dernier a annoncé mercredi soir, dans une allocution télévisée, sa démission «avec effet immédiat», mettant un terme à une crise politique de plusieurs semaines, et ce, depuis que son parti, l'ANC, lui avait demandé de démissionner. «J'ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation (l'ANC)», a-t-il déclaré. Le président démissionnaire, Zuma, était accusé d'«avoir touché, alors qu'il était vice-président, des pots-de-vin pour un contrat d'armement de 4,2 milliards d'euros signé en 1999 par l'Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes». Il avait alors été formellement inculpé, mais ces poursuites avaient été abandonnées en 2009 au motif qu'elles avaient été, selon le parquet général, motivées politiquement. Depuis 2009, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), essaie d'obtenir la réouverture du dossier. Il a enfin obtenu satisfaction en 2016, lorsqu'un tribunal de Pretoria a jugé «irrationnel» l'abandon des poursuites engagées contre M. Zuma. Le parquet général et le président ont fait appel de cette décision.