La décision du président sud-africain Jacob Zuma de limoger son ministre des Finances et rival Pravin Gordhan a viré à la guerre ouverte au sein du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui apparaît plus divisé que jamais. La décision du président sud-africain Jacob Zuma de limoger son ministre des Finances et rival Pravin Gordhan a viré à la guerre ouverte au sein du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui apparaît plus divisé que jamais. Quelques heures à peine après l'annonce du vaste remaniement gouvernemental qui a coûté son poste au ministre, deux poids lourds du parti sont montés au créneau pour critiquer publiquement son départ forcé. Lui-même candidat à la succession de M. Zuma à la tête de l'ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa l'a jugé «inacceptable». «Un certain nombre d'autres collègues et camarades ne sont pas satisfaits de cette situation, particulièrement du renvoi du ministre des Finances qui servait le pays avec honneur et excellence», a-t-il déclaré à la presse. Le chef de l'Etat a annoncé dans la nuit un remaniement de grande ampleur, marqué par la nomination de dix ministres et autant de vice-ministres, pour la plupart considérés comme des fidèles. Le secrétaire général de l'ANC, Gwede Mantashe, a dénoncé ni plus ni moins qu'un coup de force du Président. Pravin Gordhan a été la principale victime du remaniement. Champion de la lutte contre la corruption, il était depuis des mois en conflit ouvert avec Zuma, englué dans une longue liste de scandales politico-financiers. Il a profité de sa conférence de presse d'adieu pour adresser plusieurs piques à son ex-patron : «J'espère que de plus en plus de Sud-Africains sont déterminés à dire que notre pays n'est pas à vendre.» Le président Zuma est mis en cause dans plusieurs scandales de corruption qui impliquent notamment la sulfureuse famille Gupta. Le renvoi de Pravin Gordhan a une nouvelle fois illustré les profondes fractures politiques qui déchirent l'ANC, au pouvoir depuis l'élection de Nelson Mandela en 1994. En nette perte de vitesse depuis son revers aux élections locales de l'an dernier, le parti est écartelé entre les soutiens de Zuma, partisan d'une «transformation radicale» de l'économie en faveur de la majorité noire, et une aile plus modérée incarnée par MM. Gordhan et Cyril Ramaphosa. Ces divergences sont exacerbées par la course pour la succession de M. Zuma, qui doit quitter la présidence de l'ANC en décembre dans la perspective des élections générales de 2019. Le chef de l'Etat soutient son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma face à l'autre favori, Cyril Ramaphosa. Le renvoi de Pravin Gordhan a provoqué la colère de l'opposition, qui y voit la volonté du Président de renforcer son contrôle sur les finances du pays. Le portefeuille des Finances a été attribué à un proche, le ministre de l'Intérieur Malusi Gigaba. L'Alliance démocratique (DA, opposition) a annoncé le dépôt au Parlement d'une énième motion de défiance contre M. Zuma.