Le réseau «Awal (la parole)» des écrivains et chercheurs en Tamazight dans les Aurès plaide pour l'adoption du caractère universel, le latin, pour la transcription de la langue amazighe. Dans une déclaration rendue publique, dimanche dernier, ils affirment que «la prétendue préférence du caractère arabe dans la région chaouie n'est qu'une diversion visant à isoler les Aurès des autres régions berbérophones du pays». «En réalité ce choix n'a jamais été évoqué. Au contraire, l'ensemble de la production intellectuelle et littéraire dans les Aurès s'est fait en latin. L'enseignement de la langue aussi se fait en latin», lit-on dans cette déclaration, mettant en garde contre une «tentative d'écarter la région des Aurès de l'effort du développement et de la promotion de la langue amazighe». Les auteurs de cette déclaration précisent aussi que le caractère tifinagh « est le symbole de notre identité et la fierté de notre langue amazighe». «Mais l'absence d'une base unifiée pour son utilisation officielle risque de geler tout travail innovant jusqu'à nouvel ordre. Cela nous coûtera beaucoup de temps et d'efforts, au moment où nous avons besoin d'aller plus vite pour rattraper le retard», rappellent-ils. Afin d'éviter la confrontation qui influera négativement sur la promotion de Tamazight, le réseau Awal estime que «l'unification du caractère est plus qu'une nécessité». «Le caractère universel unifié (le latin) est considéré comme une solution pour préserver toutes les variantes de la langue. Il faut une décision courageuse et rationnelle, pour fermer définitivement le dossier du caractère suscité par les opposants éternels de la langue amazighe», précisent-ils, appelant, au passage, à un travail scientifique sérieux pour la promotion et l'unification du tifinagh. Abordant la question de la généralisation de l'enseignement de Tamazight, le réseau dénonce les contraintes administratives qui entravent cette opération dans les Aurès, notamment «l'exigence d'une demande sociale» pour l'ouverture des postes budgétaires. «Le réseau Awal exige l'accélération des procédures concernant l'obligation de l'enseignement de cette langue au niveau de tous les établissements scolaires, notamment la promulgation d'une loi d'orientation de l'éducation nationale conforme à la Constitution», ajoutent les auteurs de la déclaration. S'agissant de la création de l'académie de la langue amazighe, le réseau Awal relève l'existence de craintes de remake des échecs des expériences du passé, notamment celle du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA). «Le débat et les polémiques autour de l'académie de la langue amazighe sont une conséquence du flou entretenu sur les missions de cette instance». Dans ce sens, le réseau Awal appelle à «la création d'annexes de l'académie au niveau des universités pour étudier toutes les variantes en se rapprochant de leurs sources».