C'est l'histoire d'un mec qui part faire des études de mathématiques en France, et qui reviendra son master en cryptographie en poche, avec des spectacles joyeux, sensibles et corrosifs. Réda Seddiki, silhouette longiligne et coiffure broussailleuse, est l'une des figures qui détonnent sur la nouvelle scène humoristique. Sur scène, il raconte son histoire, celle d'un jeune étudiant, rêvant d'aller de l'autre côté de la Méditerranée, mais qui une fois arrivé, et bien que séduit, y nourrit quelques déceptions. A travers des textes finement écrits, il prend le pari de rire de sa situation, déconstruisant les clichés, et portant un regard décalé sur les relations entre les deux pays, livrant un constat poétique et sans concession. «En arrivant en France, dit-il, j'ai découvert que l'Algérien était considérée comme un voleur. Alors qu'entre l'Algérie et la France, qui a volé chez l'autre ? » Natif de Tlemcen, Réda Seddiki décrit l'Algérie comme «une aventurière inopinée». «Il faut, déclame-t-il, avoir le sens aiguisé pour percer son mystère (…) L'Algérie est une rebelle. C'est cette folle qui te sort du quotidien.» Dans cet entretien, il répond avec beaucoup d'humour et d'esprit à un questionnaire de Proust remanié par El Watan Magazine.
Vous êtes président de la République, quelle est votre première décision ? On ne votera plus pour un président mais pour des idées. Puis, on désigne une équipe pour réaliser, par exemple, les 20 premières idées qui ont eu le plus de suffrages. Au même moment, je crée l'institution de la «Comédie algérienne», dont le siège sera à l'APN. Si vous deviez effacer les figures d'animaux sur les billets de banque, par quoi les remplaceriez-vous ? Je mettrais des citations comme si les billets parlaient. Un truc du genre : «Je suis un billet, je passe de main en main, je sais que je suis sale. Ce n'est pas une bonne raison pour essayer de me blanchir.» Une tradition algérienne que vous appréciez ? J'aime beaucoup «El Gaâda» par terre en cercle, et ça peut partir très vite, soit en chant, en musique ou en blagues qui se succèdent avec une surenchère de qui sera le plus drôle. Celle que vous appréciez moins ? Je n'aime pas l'extravagance des mariages. D'ailleurs, j'ai dit à ma mère aujourd'hui le mariage coûte tellement cher, que le jour où je me marierai ça sera payant. Faut bien que je rentabilise ! Les mots ou les phrases que vous utilisez le plus souvent... J'utilise souvent les mots «exceptionnel», «fabuleux» ; quand j'aime les choses, je l'exprime ! Je dis souvent aussi «Moustawa 3ali». Votre principal défaut... La dictature de la vanne, de la blague, je cherche tout le temps le calembour. Votre principale qualité... La remise en question permanente. Votre plus grande peur... J'ai peur de la certitude. Votre héros de fiction préféré... Harry Potter. Votre héros d'histoire préféré... Antonio Gramsci, fondateur du parti communiste italien. Quelle personne vivante admirez-vous le plus ? Maman. A qui aimeriez-vous ressembler dans 10 ans ? Hadj Abderrahmane alias Inspecteur Tahar. De quoi pourriez-vous vous passer en cas de «taqachuf» ? Tout ce qui est téléphone, tablette, ordinateur, télé, tout le digital. De quoi ne pourriez-vous pas vous passer ? Le pain, la baguette ! Votre poste préféré dans une équipe de football... Le poste de sentinelle au milieu de terrain. Que feriez-vous avec un million de dinars ? J'organise une gaâda géante avec 40 millions d'Algériens, ça sera l'occasion de faire connaissance. Au menu, karantika à volonté, ça devrait suffire 1 million de dinars non ? Qui vous a donné l'envie de faire le métier que vous exercez aujourd'hui ? Cheikh Chamsedine. Où aimeriez-vous être maintenant ? Là, tout de suite vraiment, à cet instant précis, j'ai envie d'un café bien serré à Alger. Votre rêve de bonheur... De ne plus penser au bonheur.