En s'organisant en coopératives, les artisans pourront améliorer la qualité de leurs produits pour les proposer à l'exportation. La perspective de créer une coopérative artisanale dans le but d'aller vers l'exportation des produits du terroir a réuni la semaine dernière à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou de nombreux artisans. L'initiative est celle de l'association de wilaya Espace promotion des investissements (EPI) qui a étudié à l'occasion de la même manifestation les modalités notamment juridiques de mettre en place ce genre d'organisation. L'association compte commencer par réunir dans un cadre réglementé toutes les artisanes créatrices d'habits traditionnels de la wilaya avant de procéder au même travail avec les autres catégories d'artisans. «Nous allons d'abord commencer par les femmes qui fabriquent la robe kabyle, mais l'organisation de toutes les filières de l'artisanat est indispensable», a soutenu le président de l'association EPI Rachid Guerbas, invitant les artisans à s'y intéresser. Des invités spécialistes de la question de l'artisanat, du développement économique, des représentants des organismes publics comme les impôts ou les dispositifs d'aide à la création d'entreprises et autres universitaires se sont succédé à la tribune afin de faire le tour de la question devant l'assistance nombreuse composée notamment de couturières et créatrices de robes kabyles venues des quatre coins de la wilaya. Il en ressort ainsi qu'en s'organisant en coopératives ou autres regroupements, cela permettra d'assurer la commercialisation des différents produits tout en proposant les quantités et la qualité demandées et qui sont des critères essentiels pour l'exportation. C'est d'ailleurs ce qu'a tenu à souligner la représentante de l'Agence nationale de la promotion du commerce extérieur Algex. Elle a aussi assuré que le produit artisanal de la wilaya est très demandé au niveau du marché extérieur, encourageant les artisans à prendre part aux différentes foires et salons organisés à l'étranger. Le représentant des services des impôts a par ailleurs exposé les différents avantages fiscaux encourageant les opérations d'exportations. La création d'une organisation regroupant les artisanes permettra aussi d'assurer l'apport en matière première nécessaire à leur travail. L'association EPI s'est engagée dans ce sens à accompagner les couturières auprès des fournisseurs en textiles. L'initiative d'organiser les métiers de l'artisanat semble positive, facilitant la promotion des produits du terroir et leur commercialisation au niveau du marché mondial. Il reste maintenant à mettre en place le cadre juridique adéquat. L'expérience de la coopérative des producteurs de lait a été présentée à l'occasion. Le président de l'interprofessionnelle du lait a estimé que la survie des coopératives demande de grands sacrifices de la part de ses membres, appelant à la création d'un fonds spécial dédié à soutenir ce genre d'organisations professionnelles. Les artisanes en habits traditionnelles ont pour leur part profité de la rencontre afin de soulever les difficultés qui menacent leur activité. Elles ont déploré le manque de matière première de qualité les obligeant à se rabattre sur des matières «qui ôtent tout son charme à la robe kabyle», estime l'une d'elles. La cherté des produits, le manque de main d'œuvre qualifiée ou encore la concurrence déloyale exercée par les industriels et les revendeurs sont tout autant de problèmes rencontrés. Elles ont exprimé leur souhait pour la mise en place de grands salons dans lesquels les produits des artisans seront mis en vente.