Quelle belle leçon de libéralisme que vient de donner le président Donald Trump en décidant de taxer les importations américaines d'acier et d'aluminium de 25 et 10% ! Devant la surprise et la consternation des autres partenaires étrangers, européens et asiatiques notamment, il n'a rien trouvé de mieux à dire pour justifier la mesure par un tweet éloquent que «les batailles commerciales sont les plus faciles à gagner». Inutile de préciser qu'il n'en fallait pas plus pour remuer la planète jusqu'au Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), inquiets de voir la première puissance industrielle mondiale instaurer une telle mesure aussi protectionniste. Un tollé général qui est, apparemment, loin de faire revenir Trump sur sa promesse électorale d'appliquer la préférence américaine. Avant lui, en 2002, George W. Bush avait remis au goût du jour une disposition d'une loi, votée par le Sénat, en pleine guerre froide, dans un souci d'éviter la dépendance à l'égard de l'étranger pour des produits stratégiques nécessaires au fonctionnement du Complexe militaro-industriel, comme l'avait si bien mis en évidence le président Eisenhower. C'est là une question de sécurité nationale pour les partisans de l'«America First», «l'Amérique d'abord», sans que personne ou presque n'y trouve à redire. Tandis que chez nous, le retour du régime de licences d'importation a été mal accueilli, décrié et accusé d'être un repli sur soi stérile. Il est vrai que jusqu'à un passé récent, il a permis la création de rentes de situation, souvent à l'origine de malversations, d'une corruption généralisée et dévastatrice, faute d'une véritable régulation de la part de la puissance publique. Faut-il pour autant «jeter le bébé avec l'eau du bain» et succomber aux tenants d'un ultralibéralisme pour qui la moindre barrière de protection, la moindre préférence à la production nationale, qu'il convient d'encourager et de promouvoir, signifie un retour en arrière, un stérile repli sur soi au détriment d'une ouverture sur l'international. Une telle attitude est le socle sur lequel s'appuient tous ceux qui vivent et encouragent «l'import-import» sans la moindre retenue, la moindre substitution par un quelconque effort de production nationale. Une politique, ou plutôt une pratique de la gouvernance à courte vue et aux effets destructeurs sur l'économie nationale ou de ce qu'il en reste. La valse-hésitation du régime ou des gouvernements successifs, vis-à-vis des réformes économiques et sociales en rupture avec les pratiques du passé, n'a en filigrane que le souci de sauvegarder à tout prix la paix sociale, et ce, au nom de la «préservation d'acquis fondamentaux». Il en est ainsi de la politique de subvention des produits de première nécessité et des produits énergétiques. Autour desquels on a pu voir combien le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et son ministre des Finances, M. Raouia, pouvaient avoir des approches divergentes. Le premier ayant tenu à rappeler, depuis Biskra, à l'occasion de l'anniversaire du RND, qu'il n'était pas à l'ordre du jour de toucher au système de soutien des prix. Tandis que le second devant les sénateurs n'en a pas moins insisté sur la nécessité de revoir l'octroi des subventions en les ciblant vers les catégories qui en ont le plus besoin. Ce à quoi s'attellerait actuellement son département ministériel. On nage en plein paradoxe !