«Malheureusement, l'Algérien fait face à plein de contraintes et d'embûches ; il ne faut pas se mentir, il faut savoir les contourner, il faut faire fi de tout cela et aller de l'avant», lance d'emblée Mehdi Bouzid, cofondateur de Ouedkniss.com, premier site algérien avec 20 millions de visiteurs et un million d'annonces par mois, face aux membres du gouvernement présents lors de l'inauguration, samedi dernier, à l'hôtel El Aurassi, de «Algiers Startup Conférence», co-organisée par le Sylabs, incubateur privé de Startup et la wilaya d'Alger. L'événement a connu un engouement sans précédent et une participation record. Ils étaient plus de 1600 jeunes porteurs de projets et étudiants à venir échanger leurs expériences et projets et discuter de l'avenir du numérique en Algérie. «Il faudrait que les autorités comprennent que nous sommes des entrepreneurs à part entière, pas simplement des jeunes sur lesquels on exerce une sorte de paternalisme et d'assistanat», plaide un jeune entrepreneur tech. Et c'est justement ce message que les participants sont venus défendre ce jour-là, notamment devant les membres du gouvernement. Prié de prendre la parole pour lancer le coup d'envoi de la rencontre, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, en costume de Premier ministre, a mis de côté le discours qui lui avait été préparé et s'est livré à l'exercice de l'improvisation, l'occasion ne pouvait s'accommoder de langue de bois. Noureddine Bedoui a promis de faire tout le nécessaire pour que les jeunes entrepreneurs tech puissent faire aboutir leurs projets d'entreprises. «Je voudrais vous assurer qu'au gouvernement nous croyons en ce que vous faites, en vos projets. Cette vision participative de ce qu'est l'entrepreneuriat dans le cadre d'un partenariat entre les collectivités locales et les jeunes porteurs de projets et nous sommes prêts à accompagner tous ces projets et apporter tout le soutien nécessaire afin que ce genre d'initiative réussie soit généralisée à toutes les wilayas du pays», a déclaré le ministre de l'Intérieur devant l'assistance et a promis «de donner des instructions aux autorités concernées pour encourager et accompagner les projets». Entre success story et entrepreneurs tech en devenir, tous les intervenants ont insisté sur les perspectives qu'offre le numérique pour la création de start-up et pour cela les autorités en charge des télécoms doivent être à la hauteur du défi et laisser de côté «les arguments farfelus» utilisés par la ministre de la Poste et des Télécommunication et du Numérique, Houda Imane Feraoun, pour justifier la faiblesse du débit internet, la médiocrité des services d'Algérie Télécom et ses tergiversations concernant le lancement du e-commerce et le paiement en ligne. Cloud algérien «Nous risquons de rater le virage du numérique si la ministre des Télécoms continue avec cette politique de l'échec. L'argument évoqué par la ministre, en l'occurrence la souveraineté nationale, pour annihiler toute chance de développer le numérique en Algérie ne tient pas debout et elle devra s'inscrire (la ministre) dans son époque», confie un startuppeur qui a eu maille à partir avec le département de Houda Feraoun, présente ce jour-là. Et c'est justement cette théorie de «souveraineté numérique et sécurisation des données» que la guest-star de l'événement, le Phd Riad Hartani, consultant technologie auprès de la wilaya d'Alger et ingénieur en chef de «Alger Smart City», a démolie ingénieusement. Après un long plaidoyer concernant les enjeux de «Alger Smart City», la méthodologie utilisée et le processus suivi pour ce faire, Riad Hartani a procédé aux côtés d'ingénieurs et étudiants du CDTA (Centre des technologies avancées de Baba Hassen) à une démonstration en temps réel du Cloud (centre de stockage virtuel) 100% algérien et sécurisé, sans lequel le projet «Alger Smart City» ne peut être réalisé, développé au CDTA et fonctionnel est ouvert depuis peu aux entreprises algériennes. Une nouvelle qui a ravi les présents et promet des perspectives prometteuses pour le développement du web algérien et des star-up tech algériennes.