L'élection présidentielle russe du 18 mars ne sera qu'une formalité, tant le poids du président sortant, Vladimir Poutine, candidat à sa propre succession est écrasant A moins d'une semaine de la présidentielle russe, les huit candidats en course ont dévoilé pratiquement toutes leurs cartes en prévision du scrutin du 18 mars, alors que les sondages continuent de donner favori le président sortant Vladimir Poutine pour un second mandat de six ans. Entamée le 18 décembre dernier, soit trois mois avant le scrutin, la campagne électorale s'est déroulée dans une atmosphère peu emballante, même si les candidats ont effectué quelques sorties sur le terrain et participé à des débats télévisés, histoire de gagner les faveurs des électeurs. Favori en puissance, Vladimir Poutine, 65 ans, détient près de 80% des intentions de votes. Il a déjà accompli deux mandats de quatre ans entre 2000 et 2008, avant d'être Premier ministre entre 2008 et 2012. Malgré son statut de favori, Poutine prône «le respect» de ses concurrents, indiquant qu' «Il faut traiter avec respect l'opposition responsable et capable d'agir». Les sept autres candidats sont Pavel Groudinine du Parti communiste (KPRF avec à son actif 6,3% des intentions de vote), Vladimir Jirinovski du Parti libéral-démocrate (LDPR) avec 6,0%, Ksenia Sobtchak du Parti Initiative civile (0,7%), Grigori Iavlinski du Parti Iabloko (0,6%), Sergueï Babourine du parti Union populaire de Russie (0,4%), Boris Titov du parti de la Croissance (0,2%) et Maxim Souraikine candidat du parti Communistes de Russie avec 0,2% des intentions de vote. En dépit de leur volonté de convaincre l'électorat de l' «importance» de leur programme, ces prétendants au poste suprême du Kremlin auront bien du mal, selon les observateurs, à altérer le «lien fort» qui unit Vladimir Poutine au peuple russe. Une grande majorité des Russes, selon les derniers sondages parus dans la presse, approuve les actions du président de la fédération, notamment en matière de politique extérieure. En effet, au cours des dernières années, la Russie a effectué un retour remarqué sur les devants de la scène mondiale, réussissant à relever de nombreux défis, économiques et politiques. Beaucoup de Russes y voient le fruit d'une «diplomatie russe efficiente et d'une stratégie judicieuse mise en place par le Kremlin». Beaucoup de Russes, intervenant dans les débats télévisés ou dans les forums médiatiques, prônent la nécessité de préserver la stabilité actuelle de la Russie, un pays faisant face, «avec une certaine réussite jusqu'à présent» à de multiples challenges tels le conflit syrien, les sanctions économiques, la crise ukrainienne et la lutte contre le terrorisme. C'est d'ailleurs cette donne, selon les analystes, qui pousserait les électeurs russes à privilégier la continuité et la poursuite d'une politique qui, jusqu'à présent, permet à la Russie de relever les défis imposés par l'Occident et l'Europe, en raison notamment du problème ukrainien. Le scrutin du 18 mars prochain sera marqué, par ailleurs, par la non participation de l'opposant Alexeï Navalny, dont la candidature a été rejetée par la Commission électorale russe, en raison d'une condamnation en février dernier à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds dans une affaire remontant à 2009. De nombreux observateurs électoraux étrangers seront présents lors de l'élection. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) entend, à elle seule, envoyer en Russie environ 500 observateurs. Quelques dizaines de députés étrangers et de parlementaires européens, ainsi que des hommes politiques sont invités à se rendre en Russie pour y assister à la présidentielle, en tant qu'observateurs électoraux. En tout, la chambre basse du Parlement russe a adressé des invitations à plus de 300 représentants étrangers. Lors de la présidentielle-2018, la Russie envisage d'utiliser des éléments de la technologie de stockage et de transmission d'informations, appelée Blockchain, afin de réaliser les sondages auprès des votants à la sortie des bureaux de vote. Cela permettra, selon ses concepteurs, d'«exclure toute influence extérieure, de réduire l'impact des cyber-attaques, et d'assurer la transparence de la procédure de collecte et d'agrégation des données».