«Détruire la concurrence c'est tuer l'intelligence» F. Bastiat (1801-1850) Introduction Au cours de ces dernières années et plus particulièrement depuis la chute du prix de pétrole, l'investissement est présenté par les pouvoirs publics et le patronat comme la panacée en vue de construire une économie diversifiée, non dépendante des hydrocarbures. Au-delà de ce réveil tardif et pathétique, c'est l'ineptie du discours toujours tourné vers les seuls flux financiers (difficiles quand même de renverser leur sens) Qui Dérange. Cette obsession de l'enveloppe financière exclut toute imagination et esprit d'initiatives. La réactivation du Conseil de la concurrence en janvier 2013 devait être suivie de la réalisation d'un audit de la réglementation algérienne en matière de concurrence par des experts de la Cnuced en mai 2014. En dépit de ces initiatives et d'après le classement établi par l'organisme canadien Economic Freedom of the world pour l'année 2017, l'Algérie pointe à la 156e place sur le libre-échange et la liberté d'entreprise, et plus précisément à la 149e place mondiale en matière de réglementation des marchés du travail, du crédit et des biens et services L'idée importante avancée dans ce papier consiste à prendre le contre-pied de la citation ci-dessus, autrement dit à avancer la proposition selon laquelle la promotion de la concurrence sur les marchés locaux contribuerait certainement de manière déterminante et positive à la dynamique du système productif et partant à la croissance économique du pays. La concurrence représente un instrument essentiel de la régulation de l'économie de marché. De nombreuses recherches universitaires ainsi que des études d'organismes, tels que l'OCDE, ont indiqué que le manque de concurrence a une incidence négative sur le taux de croissance économique; l'action des pouvoirs publics en faveur d'un environnement plus concurrentiel aurait donc un impact certain sur la croissance. Il ne s'agit pas de plaider en faveur d'un état désirable de la concurrence, mais plutôt de revendiquer une dynamique sur les différents marchés visant à combattre tous les obstacles et les pratiques qui entravent la transparence des transactions et des opérations commerciales. Cette action de salubrité de l'environnement des entreprises (et le marché représente l'environnement immédiat de l'entreprise sans parler de l'environnement plus large (institutionnel) participe de façon concrète à la réhabilitation, aux performances et à la promotion de l'entreprise. Ce plaidoyer en faveur de la concurrence n'exclut pas les autres propositions et initiatives en faveur de l'investissement et de la croissance comme celle émanant de J. Stiglitz (2002) qui a avancé la cohésion sociale comme condition nécessaire pour créer un climat favorable à l'investissement et donc à la croissance. La littérature distingue différents types de concurrences : pure et parfaite (c'est une hypothèse du modèle néo-classique), monopolistique (Chamberlain), oligopolistique ; dans les milieux d'affaires, certains opérateurs la qualifient de déloyale, de féroce ; ces nombreux qualificatifs attestent que la concurrence n'est pas une notion simple pour les économistes ni une évidence pour les acteurs sociaux. 1. MARCHé ET ECONOMIE DE MARCHé 1.1. Le marché n'est pas qu'un lieu de rencontre offre -demande Sous une apparente familiarité, la notion de marché cache une complexité certaine. Pour Coriat B. & Weinstein O. (2004, p. 50), «il y a marché dans la mesure où un ensemble de transactions sont soumises à un même système de règles et contraintes institutionnelles qui structurent les interactions entre les acteurs individuels et collectifs (y compris publics).» Pour Fligstein S. (2001), représentant de l'école socio-économique, le marché se définit par la coexistence de quatre ensembles d'institutions : - Les droits de propriété et leur distribution - Les structures de gouvernance (les formes de concurrence, les règles possibles de coopération entre les firmes et les formes d'organisation des firmes) - Les règles de l'échange (qui a le droit de faire une transaction, avec qui, les conditions de la transaction) - Les conceptions de contrôle Selon Tordjman H. (2004), la question du marché renferme trois aspects : - La nature du bien échangé - L'identité des participants au marché - Le processus d'échange L'auteure ajoute «qu'à chacun de ces niveaux, on voit à l'œuvre les mains visibles de diverses institutions qui à travers des règles formelles (lois, Constitution) et informelles) (normes, conventions, règles, traditions) influencent valeurs et comportements des acteurs. Il ne s'agit donc pas d'un ordre spontané mais d'un ordre à organiser de façon dynamique sous la pression de ces mêmes acteurs. Les approches marketing et ou stratégique parlent de couple produit-marché ; autrement dit le marché correspond à un produit qui répond à une fonction sociale déterminée. Le marché principal (ex peinture) peut comporter plusieurs segments de marchés (peinture de bâtiment, peinture automobile, peinture métallique…), les conditions concurrentielles variant d'un segment à un autre. La fonction de marketing centrée sur les quatre P (Product, Promotion, Price, Place)a évolué (dans une économie comme la nôtre peut-être faut-il ajouter un cinquième P (pénurie): la conception des produits n'est plus du seul ressort des responsables marketing ; les canaux de distribution ne sont plus exclusifs ; la promotion n'appartient plus entièrement aux seules entreprises. Le marché est donc pluriel ; à un moment donné, la situation d'un marché à un autre diffère ; les acteurs se trouvent tous interpellés pour jouer le jeu.
1.2. De la concurrence : percevoir le phénomène comme processus (dynamique) et non comme un état (figé) La littérature distingue différents types de concurrences : pure et parfaite (c'est une hypothèse du modèle néo-classique), monopolistique (Chamberlain), oligopolistique ; dans les milieux d'affaires, certains opérateurs la qualifient de déloyale, de féroce ; ces nombreux qualificatifs montrent à l'évidence que la concurrence n'est pas une notion simple pour les économistes ni une évidence pour les acteurs sociaux. La concurrence ne saurait correspondre à un état figé donné défini par la structure de l'offre du marché, autrement dit le nombre de firmes présentes sur un marché donné et donc par les parts de marchés relatives. Une telle approche s'avère peu féconde en ce sens qu'on s'intéresse à une photographie du marché. Cette situation ponctuelle est le résultat de toutes les actions et réactions, de toutes les manœuvres des acteurs aux stratégies divergentes et de convergentes dont il importe d'apprécier la légalité et la moralité. La concurrence doit se concevoir comme un processus dynamique en observant les manœuvres stratégiques des acteurs ; en somme, les pratiques concurrentielles des acteurs peuvent se comparer à un match de football : les acteurs dénoncent les actes d'irrégularité de l'adversaire tout en ne se privant pas d'en commettre éventuellement ; à la charge de l'arbitre de faire respecter les lois du jeu et éventuellement de sanctionner. 1.3. Les hypothèses de la concurrence pure et parfaite et réalités contemporaines des marchés Le marché fonctionne mais pas de façon optimale, comme le soutiennent les théoriciens néoclassiques, avec notamment L. Walras ; pour ces derniers, la situation dite «de concurrence pure et parfaite» correspond à un prix d'équilibre qui résulte d'une offre déterminée par les coûts et d'une demande déterminée par les préférences des consommateurs. C'est de la pure fiction dans la mesure où elle s'appuie sur un ensemble d'hypothèses (homogénéité du produit, atomicité de l'offre et de la demande, libre information sur les prix et les quantités, entrée et sortie libres des acteurs sur le marché. Dans la réalité, les produits sont souvent différenciés (non homogènes) grâce à des stratégies de différenciation et il existe des barrières de toutes natures (technologiques, administratives et autres à l'entrée et/ou à la sortie du marché ainsi qu'une certaine asymétrie de l'information entre les acteurs. Les acteurs de taille différente ont un impact relatif sur le marché. La réalité contemporaine des affaires présente des traits très éloignés de la situation idyllique du modèle néoclassique ; en effet, - les firmes coopèrent bien plus qu'elles ne se concurrencent - Les situations oligopolistiques représentent la caractéristique prédominante prévalant sur les différents marchés ; autrement dit, un petit nombre de grandes firmes prédominent le marché d'un bien quelconque aux côtés d'un grand nombre de petites firmes. En réalité, le fonctionnement du marché met en jeu des phénomènes variés de rente, de distorsions, de connivences, de rapports de force, d'effets externes, d'asymétries de l'information et de conflits d'intérêt dont l'effet commun constitue une entrave à la concurrence. Il appartient principalement à l'Etat de veiller à les corriger ou à les effacer par des taxes ou subventions pour les effets externes, de les sanctionner en s'appuyant sur un organe de régulation effectivement indépendant. 2. CONCURRENCE ET DYNAMIQUE PRODUCTIVE 2.1. Concurrence, innovation, dynamique du système productif et entrepreunariat La théorie économique néoclassique considère que l'accentuation de la concurrence entraîne une baisse de l'incitation à innover, parce qu'elle induit une baisse des profits des entreprises (Schumpeter). Cette position se trouve contredite par les nombreux travaux récents sur la question ; ces derniers insistent sur l'effet positif qu'exerce la concurrence entre les entreprises sur leurs efforts d'innovation (voir Griffith, 2006). Du reste, on retrouve cette idée dans le classement établi par l'organisme «Global Entreprneurship And Development Institute» qui classe l'Algérie à la 73e place mondiale pour ce qui est de l'entrepreunariat. Parmi les nombreux critères utilisés (14) pour évaluer le processus entrepreneurial dans son ampleur et dans sa qualité, les auteurs mettent en avant les trois maillons faibles que sont les créations de start-ups, les processus d'innovation et la concurrence. Il y a un lien évident direct entre la situation concurrentielle, la dynamique d'innovation des entreprises et le phénomène entrepreneurial dans ses dimensions intensive et extensive et par conséquent sur la croissance. Il est clair que l'absence de transparence d'un marché donné rend difficile toute étude préalable à un projet entrepreneurial viable et fiable accroissant d'autant le degré de risque attaché au projet. Au cours des deux dernières décennies, de nombreux projets d'investissement productifs locaux n'ont-ils pas été torpillés par les importateurs locaux aux moyens financiers autrement plus solides? D'autre part le délai moyen de maturation des projets d'investissement s'en trouve exagérément allongé en raison d'un environnement bureaucratique particulièrement tatillon et corrompu ; ceci accentue inévitablement le risque d'échec du projet. 2.2. Politique de la concurrence et politique industrielle : des liens antinomiques? La politique industrielle représente l'ensemble des actions des pouvoirs publics ; elle vise à atteindre une situation donnée des marchés et de leur organisation (par exemple la construction ou l'intégration d'une filière automobile) et à assurer la compétitivité des entreprises en réalisant des transferts de ressources et des aides directes et/ou indirectes. D'un autre côté, la politique de la concurrence vise à maintenir des marchés concurrentiels pour encourager l'efficacité industrielle (allocation optimale des ressources, progrès technique, flexibilité), et encourager la promotion de l'intégration des marchés (Motta M. 2000). De prime abord, la politique industrielle utilise des moyens contraires aux règles de la concurrence même si les deux politiques visent les mêmes objectifs. Plus que la politique de la concurrence, la politique industrielle implique pour sa mise en œuvre des capacités élevées pour sélectionner les projets et coordonner l'action des différents acteurs concernés. En l'état actuel des choses, on peut douter des compétences du ministère de l'industrie en matière d'ingénierie et même en matière de disponibilité d'informations pertinentes (les autorités le reconnaissent d'elles-mêmes) pour assumer directement ou indirectement ce rôle. La concurrence exerce un impact déterminant sur le fonctionnement des marchés et des échanges et sur l'allocation des ressources. Mais la concurrence a aussi un impact fort quoiqu'à long terme sur les changements macroéconomiques structurels ; le premier phénomène a fait l'objet de nombreux travaux et réflexions ; le second n'a que rarement été étudié même si les expériences de certains pays (Pologne, Chine) sont révélatrices d'un changement structurel de leur économie. 3 FORCES CONCURRENTIELLES ET ANTI-CONCURRENTIELLES SUR LE MARCHé 3.1. L'Etat par-dessus le marché La littérature évoque les forces concurrentielles qui déterminent l'intensité concurrentielle sur un (ou d'un) marché donné, celle-ci étant inversement liée à la rentabilité moyenne du secteur (plus forte est la concurrence, plus faible sera le niveau moyen de la rentabilité des entreprises du même secteur). Les travaux de Porter M. ont mis en évidence cinq forces concurrentielles majeures : les entreprises présentes dans le même secteur que l'entreprise, ses clients, ses fournisseurs, les entreprises susceptibles d'entrer sur le marché, les produits de substitution. Porter ajoutera une sixième force qu'est l'Etat. Ce dernier peut par différents moyens intervenir sur le champ concurrentiel et l'influencer dans un sens ou un autre, mais en général en faveur d'une plus grande concurrence. Cette intervention variera (par son ampleur et sa qualité) d'un marché à un autre en fonction de nombreux paramètres. Dans le champ des affaires en Algérie, les interventions et les recours aux centres de décisions de l'appareil d'Etat très fréquents ont pour but de limiter, voire de contourner les règles concurrentielles ; la proximité des responsables d'entreprises, directs ou occultes, avec les centres de décision publique, représente un atout concurrentiel décisif. Les situations de conflits d'intérêt sont légions, parfois connues de tous. L'exemple du marché publicitaire pour la presse écrite en Algérie montre les pratiques des pouvoirs publics résolument décidés à combattre les règles du marché pour privilégier des positions rentières et claniques. 3.2. De quelques situations diverses dans certains marchés locaux Le dernier bilan fourni par la Conseil de la Concurrence (El Watan 26 janvier 2017) ne signifie pas que les pratiques frauduleuses et illégales anticoncurrentielles et les abus soient limités par leur nombre et leur impact; bien au contraire, elles sont légion, occultes, ignorées volontairement ou non. Notons que paradoxalement, les rares cas évoqués dans le rapport le sont dans les marchés les plus ouverts pour ne pas dire les plus concurrentiels (téléphonie mobile, boissons, assurances…). Si l'on évoque par exemple la tarification en matière de transport aérien, nombreuses sont les doléances de la part de la population immigrée qui se plaint du niveau prohibitif du prix des billets d'avion, particulièrement en été. La présence sur le marché d'autres acteurs que le transporteur national n'a aucune incidence directe sur le prix qui apparaît réglementé par des considérations nationales. Il est inutile d'évoquer d'autres obstacles possibles en matière de concurrence (créneaux horaires, services au sol, services intérieurs). L'expérience Khalifa, en dépit de sa brièveté, a montré comment le caractère concurrentiel du marché peut mettre à mal les positions monopolistiques et rentières des entreprises et profiter de différentes manières au consommateur. Dans de nombreux secteurs, il est de notoriété publique que des pratiques plus que douteuses existent depuis de nombreuses années ; les marchés publics, notamment de gré à gré, sont entachées d'irrégularités criantes, de conflits d'intérêts et autres passe-droits. Du reste, même les procédures d'appels d'offres n'échappent pas à la règle. Finalement la frontière entre le marché formel et le marché informel n'est pas aussi rigide que ça ; l'opacité demeure de mise dans les deux situations et la différence n'est pas aussi nette. Du reste, une entreprise donnée n'opère pas à 100% dans le formel ou à 100% dans l'informel de façon durable. Pour se procurer certaines de leurs ressources (finances, main- d'œuvre, matériel), des entreprises du secteur formel recourent ponctuellement mais de manière fréquente au secteur informel. Le marché des boissons marqué par de nombreux investissements au cours des années 1990 ainsi que par la privatisation de certaines entités publiques, peut se prévaloir d'être relativement concurrentiel ; cela n'exclut pas le fait qu'il puisse exister des pratiques anticoncurrentielles occultes ponctuelles. 3.3. Concurrence, mondialisation et importations La mondialisation a contribué à l'élargissement des marchés ; peut-on pour autant affirmer que cela s'est traduit par une intensification de la concurrence ? Sans être fausse, la proposition doit être nuancée. Certes, la mondialisation a permis d'accroître le nombre de concurrents ; elle a permis d'accroître également celui des clients. Cependant la mondialisation n'a pas aboli les distances, tout en réduisant le coût de transport et le délai et les conditions de livraison. Les marchés véritablement globalisés ne sont pas aussi nombreux ; les marchés locaux demeurent prédominants sauf dans les pays ou une véritable politique d'encouragement des importations au détriment de la production locale s'est instituée ; c'est le cas de l'Algérie. Du point de vue interne, les importations qui représentent environ 40 milliards de dollars, ont au cours des deux dernières décennies, exercé une pression nuisible à l'émergence de filières industrielles intérieures (tomates industrielles, lait). Le phénomène de surfacturation estimé de l'ordre de 25 à 30% de la valeur des importations ne peut être éradiqué par la seule solution d'injonctions ou d'interdits administratifs. Combattre les positions collusives, les positions dominantes, ouvrir le champ concurrentiel participerait sans l'ombre d'un doute à introduire plus de transparence dans les transactions et à limiter l'ampleur du phénomène de surfacturation. CONCLUSION Le marché est devenu un système incontournable de régulation ; les institutions non capitalistes (coopératives, marché solidaire) ne l'ignorent pas, bien au contraire elles s'en accommodent. J. Tirolle propose même d'en tenir compte dans la gouvernance des biens publics. En même temps se développent des critiques très acerbes (voir Kaushik B. 2017) concernant notamment l'hypothèse initiale de la main invisible menant à l'allocation optimale des ressources. La transition vers l'économie de marché risque de s'éterniser dans la mesure où l'interventionnisme étatique perdure avec des formes discriminatoires et d'exclusion. L'absence de concurrence pénalise lourdement l'économie nationale et ses perspectives de croissance en paralysant l'esprit et les initiatives d'entrepreunariat et d'innovation. En privilégiant les logiques claniques et rentières, les pouvoirs publics écartent les règles de marché qui permettraient de valoriser les meilleurs produits au meilleur coût ainsi que les compétences. Insister sur les règles concurrentielles signifie rechercher constamment un assainissement de l'environnement des entreprises avec des coûts de transaction faibles. L'économie de marché a besoin d'une régulation, de règles de jeu et d'un certain contrôle des comportements. Elle suppose un certain niveau de confiance entre tous les acteurs, y compris les pouvoirs publics. L'économie de marché est une économie de contrats pour s'assurer les différentes ressources nécessaires à l'activité de l'entreprise. La confiance garantie par un Etat de droit, permettrait aussi de réduire considérablement les coûts de transaction sur les différents marchés. La mise en place de ces règles constitue une condition sine qua non du développement du marché à la fois du point de vue extensif et du point de vue intensif. Le problème est que ces règles supposent une autorité et cette autorité ne saurait être effective sans légitimité. En l'état actuel, les marchés attendent des pouvoirs publics non seulement une parole forte et claire mais également des actes pertinents et cohérents; de tout temps, ils n'ont entendu jusqu'à présent que des propos allusifs, circonspects, voire suspicieux. La situation économique et sociale actuelle du pays ne saurait s'y accommoder; mieux qu'un projet de société, elle réclame une société de projets où l'initiative économique ou autre ne serait pas suspecte. L'initiative récente du Conseil de la concurrence signant des conventions avec des universités (Guelma et Tizi Ouzou) n'a qu'une portée administrative limitée ; la recherche universitaire s'est désintéressée des études sur les marchés (et non de marché) ; la rareté des données, voire leur quasi-absence n'explique qu'en partie cette frigidité des chercheurs. Les méthodes d'analyse des marchés (méso-analyse) exige un recours alternatif (et non intermédiaire) à l'approche micro et à l'approche macroéconomique, chose qui peut dérouter des étudiants chercheurs habitués à des sujets d'un anachronisme patent. Les rares recherches réalisées nous apprennent au moins une chose : en l'état actuel, on ne sait pas grand-chose des marchés et du marché.
Par Ahmed Koudri Professeur (université d'Alger) e-mail : [email protected]