L'Algérie est un pays considéré gros consommateur de pois chiche, soit 2,2 kg par personne et par an. Selon des sources INRA, les besoins annuels sont de l'ordre de 70 000 t, ce qui entraîne 50 000 t en importation. Par ailleurs, les surfaces emblavées ont diminué de moitié depuis 1980 pour atteindre 2000 ha. Cependant, grâce à de meilleurs rendements, le niveau de la production est revenu, entre temps, à celui de 1980. C'est sous l'angle de cette équation que l'Algérie est partenaire du projet Aquarhiz dont l'objectif est d'augmenter la production des pois chiches, haricots, fèves en zones arides et semi-arides. Ce programme euro-méditerranéen lie trois pays européens (Espagne, France, Allemagne) à quatre autres de la rive sud de la Méditerranée (Algérie, Tunisie, Egypte, Maroc). Lancé en mars 2004 avec 10 équipes de chercheurs, il touchera à sa fin en août 2007. Il y est question de biotechnologie par l'utilisation des relations plantes/bactéries en vue d'améliorer la tolérance au déficit hydrique des légumineuses à graines. Cette semaine, un point de situation réunissant Algériens, Tunisiens et Français a été fait à Aïn Témouchent, une wilaya qui a servi de terrain d'expérimentation pour l'Algérie. Interrogé sur les premiers résultats, Amrani Saïd, le responsable de l'équipe algérienne, une équipe composée de chercheurs de l'USTHB et de l'INRA, explique : « L'expérimentation consiste à utiliser certaines bactéries qui sont associées à des légumineuses pour essayer de maintenir des taux de productivité qui soient satisfaisants dans des conditions de déficit hydrique. A cet égard, en Algérie, à Témouchent en particulier, et dans tous les pays associés au projet, des souches permettant de conférer aux légumineuses une certaine tolérance au déficit hydrique ont été isolées. Mais si le projet comportait dans l'absolu trois légumineuses, en Algérie, nous avons opté pour les pois chiches (la légumineuse la plus importante en graines en Algérie) et le haricot qu'on ne produit sauf en vert. La fève est plutôt consommée en vert. Et si nous avons opté pour Témouchent, c'est parce que c'est la région où le pois chiche est le plus cultivé. » Concrètement, après un travail de caractérisation et de constitution d'une souchothèque de bactéries autochtones (pois chiche et haricot), l'on est passé à la caractérisation moléculaire, celle-là encore en cours. Cependant, après la sélection des souches les plus adaptées aux conditions locales, l'inoculation chez les agriculteurs de référence a été engagée. Cela a consisté, avant de semer les grains, à les saupoudrer de la bactérie choisie de façon que, lors de leur germination, elle soit dans leur voisinage. Il s'est avéré que pour ce qui est du pois chiche, les résultats sont prometteurs, ce qui n'est pas encore le cas pour le haricot. Il reste que l'expérience n'a pas été limitée au seul domaine agronomique pour se pencher sur l'aspect économique. En effet, les partenaires du projet ont pour souci d'orienter le programme vers deux aspects importants qui semblent constituer les maillons faibles de la filière. Il s'agit, d'une part, de la production de semences avec la question de savoir comment l'OAIC et les CCLS s'étant retirés du circuit, et quels types de semences. D'autre part, il y a la question de la commercialisation du produit avec pour corollaire celle de savoir comment s'organiser face aux défis et à la pression du marché. Comment, alors que la profession est désorganisée ?