Le marché du papier en Algérie est estimé à 520 000 t/an. C'est un marché qui pèse environ 400 millions de dollars US avec une croissance annuelle de 3 à 4%. Deux producteurs nationaux assurent près de la moitié des besoins des Algériens en papier. L'un relevant du secteur public, le groupe industriel de papier et de la cellulose (Gipec) créé en novembre 1998 par la fusion des ex-Enapac-Celpap, et dont la capacité « théorique » de production est de 300 000 t/an. Gipec dispose de 13 usines dont un réseau de distribution et un autre de récupération. En 2005, cette entreprise éligible à la privatisation a produit, selon son PGD Mustapha Merzouk, des sacs grandes contenance (industries ciments, aliments de bétail..) et sacs petite et moyenne contenance destinés à l'agroalimentaire. Elle a produit aussi des caisses cartons ondulés, des boites en cartons compact, du papier d'emballage et des produits chlorés et sodiques. Pour M.Merzouk, les unités de Gipec assurent quelque 40% du marché national alors que, dit-il, le taux d'utilisation des capacités du groupe sont d'environ 40 à 45%, soit environ 140.000 tonnes par an sur les 300.000 t « théoriques ». L'autre fabricant papetier est privé et il a fait couler beaucoup d'encre. Abdelghani Djerrar est le PDG actuel de la société Tonic Emballage, créée en 1985. L'usine est située à 40 km d'Alger, sur les hauteurs de Bou Ismaïl (wilaya de Tipaza). La commercialisation du papier et la récupération des déchets ont été les premières activités de Tonic à ses débuts. Le passage à l'industrie de l'emballage a connu son premier baptême vers 1988 à la faveur de l'acquisition d'une première station de tri de déchets. Après s'être équipé d'outils de production de la dernière génération, Tonic est aujourd'hui un véritable complexe d'emballage et des arts graphiques. Près de 60% du marché de l'emballage sont assuré par ce fabricant privé, selon son PDG A.Abdelghani, assurant toute une gamme d'emballages allant de la fabrication et transformation du carton ondulé, emballages en carton compact, boîtes à fromage, différents gobelets, papiers alimentaires etc. L'algérien consomme 15 kg en papier et cartons par an Si le niveau de consommation de papier par habitant est l'indice révélateur du développement économique et social d'un pays, l'Algérien est de ce fait loin d'être papivore. En effet, si au USA, la consommation annuelle en papiers et cartons est de 300kg par habitant, l'algérien n'en consomme que 15 kg, derrière le marocain (17 kg), le tunisien (20kg), alors que le français en consomme quelque 180 kg annuellement. Accompagnant le développement d'un pays, puisqu'il constitue un support indispensable à la culture et à la communication, et comme facteur de promotion commercial et produit favorisant le confort et le respect environnemental, l'industrie algérienne du papier n'arrive pas encore à satisfaire les besoins nationaux. En effet, l'Algérie importe près de la moitié de ses besoins en papier. 275.000 tonnes de papiers et cartons sont importés annuellement, selon les chiffres communiqués par Gipec. La même source ajoute que rien que dans le domaine de l'édition, dominé par le livre scolaire dont les besoins sont évalués entre 40 et 50 millions d'unités/an, le coût moyen annuel des quantités consommées par le marché national a atteint 600 millions de dollars US. La facture globale est évaluée à 684 millions de dollars US, alors qu'il est attendu à ce qu'elle dépasse le 1 milliard de dollars US d'ici 2009. Relativement récente en Algérie, l'industrie papetière se contente de produits récupérés comme matières premières à défaut d'exploitation forestières. Pourtant, la superficie de la forêt productive est 1.400.000 hectares pour une production de 240.000 m3. Cependant, seul le liège semble être bien valorisé. Pour pallier au manque de matières premières issues des forêts, les producteurs ont recours alors à la récupération des déchets en papiers, appelés les « forêts urbaines ». Gipec récupère environ 34.000 tonnes par an, soit près de 10% par rapport à la consommation nationale, selon son PDG, qui affirme que ce taux doit être « relevé à 30% au moins ». « L'activité de la récupération reste cependant très modeste en Algérie par comparaison à ce qui se fait à travers le monde, dit-il, en ajoutant qu'elle est actuellement limitée aux seules sources facilement accessibles, à savoir les industriels, les fabricants d'emballages, les imprimeries, les grandes surfaces, ...etc. ». Pour lui, la récupération auprès des ménages reste non exploitée pour des considérations de coûts, d'organisation et de culture. « Elle requiert l'implication des collectivités locales dans tout le processus » dit-il. De part le monde, le taux de récupération va de 35% au Portugal et en Grèce à près de 73% en Allemagne, ou encore des pays tels les pays bas, la Norvège, la Finlande, la Suisse et la Suède avec des taux de récupération de 70%. Pour des raisons écologiques, ce sont généralement les pays qui disposent des plus importantes ressources forestières qui récupèrent le plus de déchets de papier. Pour ce, le PDG de Gipec Mustapha Merzouk a indiqué que cette activité a besoin de soutien des pouvoirs publics en Algérie, et ce à travers une défiscalisation totale ; un soutien financier du fait de l'impact sur l'environnement ; et une réglementation en faveur de la préservation de cette ressource. Aux origines des industries papetières en Algérie Selon une étude sur l'industrie papetière dans le pays, faite par Gipec, il en ressort que la fabrication du papier a été introduite en Algérie il y a près d'un siècle (1896) avec l'installation d'une petite unité de production de papier d'emballage à Aïn El Hadjar (Saïda, à 450 km au sud-ouest d'Alger). Mais l'industrie n'est véritablement apparue qu'en 1949 avec l'implantation d'un complexe de fabrication de pâte et papier d'alfa à Baba Ali (20 km à l'ouest d'Alger). Conçu pour exploiter les immenses nappes alfatières du Sud algérien dont la production était auparavant exportée vers l'Angleterre et l'Ecosse, ce complexe a été réalisé à la faveur des mesures financières et avantages fiscaux accordés aux entreprises pour les encourager à investir dans les colonies. Après l'indépendance, l'industrie du papier connaît quelques investissements notamment dans la transformation du papier (sacheries, cartonneries, etc.), principalement dans le secteur privé. Il faudra attendre le début des années pour assister au « décollage » de cette industrie à la faveur des premiers plans de développement du pays et la création d'une entreprise publique Sonic chargée de promouvoir les industries de la cellulose en Algérie. En moins d'une décennie, près d'une dizaine d'unités de production seront implantées à travers le territoire national dans le cadre de « l'équilibre régional » recherché par les autorités de l'époque. Les capacités de production sont de 400 000 t/an tous produits confondus au début des années 80 contre à peine 45 000 t en 1962. Une industrie qui contribuera à créer près de 6000 emplois directs, selon cette étude. Mais en dépit de cette croissance rapide, de nombreux problèmes ont pesé sur l'évolution de l'industrie papetière en Algérie, notamment celle héritées de la mauvaise évaluation initiale des projets et des conditions défavorables de leur réalisation qui entraîneront des surcoûts (57 à 145% du coût initial), des sureffectifs (35 à 91%) et des retards de démarrage (10 à 45 mois). Par ailleurs, les faiblesses ou l'absence de tissu industriel conduiront la SONIC à construire la plupart de ses unités de production « ex nihilo » en supportant des activités et des charges qui ne concernent pas directement la production, mais qui n'en sont pas moins indispensables au démarrage des unités (aménagement de site, routes, voies ferrées, formation professionnelle, équipements sociaux, approvisionnement, etc.) Depuis 1981, l'industrie papetière se voit contrainte de fermer ses ateliers de fabrication de pâte, suite aux difficultés d'approvisionnement en alfa et paille de ses deux plus grands complexes (Mostaganem et Saïda). Selon l'étude de Gipec, c'était l'exode rural (implique rareté de cueilleurs d'alfa) qui avait induit une dégradation des nappes alfatières poussant le complexe de Mostaganem à recourir à l'importation à l'importation de pâte de bois pour assurer le fonctionnement de la machine à papier et à lancer des programmes de conservation de l'atelier de pâte et des autres ateliers annexes (électrolyse, etc.). Le complexe de Saïda est conduit à substituer les vieux papiers de récupération à la pâte de paille suite à la décision des autorités de livrer la paille en priorité à l'agriculture pour répondre aux besoins croissants de ce secteur d'activité au détriment de l'industrie. L'étude a cité , par ailleurs, une tentative des autorités (abandonnée depuis) d'implanter une unité de production de pâte d'eucalyptus vers le milieu des années 70. Fortement tributaire de l'extérieur pour la plupart de ses approvisionnements en matières premières et pièces de rechange, l'industrie papetière connaît une régression marquée depuis 1982 avec la baisse de production en quantité et qualité et surtout la dégradation avancée de nombreux de nombreux équipements rapportés par les bilans d'activité des unités de production. Aussi la propension à investis a fortement décliné dans ce secteur, alors qu'il avait enregistré auparavant un des ratios d'investissement les plus élevés du monde. En dépit d'un net accroissement des besoins socio-culturels semble ne plus constituer une « priorité » par rapport aux industries. La pénurie des matières premières locales et également d'importation compte tenu de la tendance à l'intégration des pays traditionnellement exportateurs de pâtes marchandes, n'a sans doute pas incité les autorités à relancer le développement de l'industrie papetière déjà sérieusement compromise avec les difficultés et contraintes déjà soulignées.